Que
s'est-il passé dans le monde cinéma entre 1992 et 1998 ?
Beaucoup de choses. C'est d'abord l'effondrement du modèle Joel
Silver, le producteur a cumulé les bides commerciaux (on est à
Hollywood, je ne parle pas de la qualité des films). Richard Donner
n'a réussi à faire des films qu'avec Mel Gibson. Et ce dernier a
passé haut la main le cap de la mise en scène avec Braveheart,
en 1995, il a raflé toute une moisson d'Oscar. Son film était
violent, lançant la mode des films en costumes réalistes (il suffit
de comparer Braveheart à Rob Roy pour comprendre). Joe
Pesci a triomphé dans le génial Casino.
Ce
qui a vraiment changé dans ces six ans, c'est Hong Kong. Moins la
rétrocession à la Chine en 1997 que l'arrivée des cinéastes et
acteurs à Hollywood. Certes, on sait pertinemment que les carrières
de John Woo, Tsui Hark ou Ringo Lam ne se sont pas épanouies. Mais
leur apport sur le cinéma d'action de papa a été primordial. Les
scènes d'action ne seront plus les mêmes, mettant à la retraite
des dizaines d'acteurs qui ont fait les années 1980 (Stallone, Eddie
Murphy, Schwarzenegger, Nick Nolte). Et voici qu'arrive Jet Li, dix
ans de films d'action à Hong Kong, son premier film à Hollywood.
L'Arme
fatale 4 constitue pour l'acteur le début d'une longue série de
rendez-vous manqués. Il devra se contenter, contrairement à Jackie
Chan, des personnages de méchants. Sans doute parce qu'il n'a jamais
pu apprendre l'anglais assez tôt. Ici, il est un super méchant,
hyper vicieux et extrêmement violent. Il est un membre des triades
venus de Chine pour un trafic de faux billets, et pour libérer ses
« frères ». Bref, il est question de boat people dans la
cale d'un navire, et c'est bien évidemment Roger Murtaugh (Danny
Glover) et Riggs (Mel Gibson, tiens, sa coiffure aussi a changé, il
abandonne sa crinière pour une coupe courte) qui les découvrent.
Je
ne m'étendrai pas sur cette thématique des immigrés clandestins
traitée avec une lourdeur incroyable. Roger accueille dans sa maison
une douzaine de Chinois, se sentant frères « d'esclavage »
avec eux. Sinon, en 11 ans, les 4 Arme fatale n'ont pas été
foutu de présenter un seul personnage latino, ce qui pour une série
de films se passant à Los Angeles est un exploit. Les Chinois dans
L'Arme fatale 4 ne sont là que pour créer un semblant
d'émotion bon marché. Riggs et Lorna (René Russo) adopte même un
gamin, aussi mignon et débrouillard que Demi-Lune dans Indiana
Jones et le temple maudit.
Ils
sont tous mignons ces Chinois, sauf Jet Li. Habillé avec son habit
traditionnel noir ou blanc (Riggs dira que c'est un gars en pyjama),
Jet Li n'a pas grand chose à défendre, ses dialogues en mandarin
sont réduites à la plus simple expression. Il fronce des sourcils,
esquisse un sourire cruel et donne des coups de pieds à tout le
monde. Ah, il égorge ses ennemis aussi. Depuis 18 ans que le film
est sorti, je n'ai jamais compris comment le personnage de Mel
Gibson, qui lui aussi se déclare trop vieux pour ces conneries, a pu
battre Jet Li. Le plus grand mystère du cinéma des années 1990.
Il
faut maintenant un peu parler de l'humour du film. Riggs n'est pas
avare de vieilles blagues racistes sur les Chinois, c'est un
festival. Je préfère les vannes de Chris Rock et les quiproquos qui
se jouent autour de son personnage de petit ami de la fille aînée
de Murtaugh. Les 45 premières minutes du film sont les plus drôles
et quand Chris Rock apparaît à l'écran, il emporte toute la scène
(superbe duo avec Joe Pesci). Je pense que son personnage sera le
modèle pour la série Lethal weapon qui est train d'être
produite et tournée pour la télé, avec Damon Wayans.
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