Un
film avec Catherine Deneuve en sélection officielle au Festival de
Cannes 2016 (mais pas en compétition), des sorties en salles après
15 ans de diffusion très confidentielles de ses films (il n'a jamais
arrêté de tourner), des éditions DVD de ses films des années 1970
et 1980, Paul Vecchiali fait l'actualité cinéphile ces derniers
mois. J'ai donc regardé Change pas de main, (change pas
demain) dont les premier plan illustre la citation apocryphe de
Jean-Luc Godard « all you need for a movie is a girl and a
gun ». Là, Melinda (Myriam Mezières) tient dans sa main
droite gantée de blanc un revolver qui entre dans le champ tandis
que le générique se déroule sur l'écran.
Je
ne crois pas que je sois capable de résumer l'histoire concoctée
par le cinéaste et Noël Simsolo. Pour lancer une formule, je dirais
que Change pas de main, c'est un histoire de détective privé
joué par une femme fatale revue et corrigée par Jean-Pierre Mocky
et Rainer Werner Fassbinder dans le milieu du porno. Là, cette
moquette blanche sur laquelle les deux femmes s'embrassent rappelle
celle des Larmes amères de Petra von Kant et l'enquête
policière évoque les complots politico-sexuels d'Un linceul n'a
pas de poche. Mocky et Fassbinder sont des cousins de Vecchiali,
si vous aimez les premiers, vous aimerez Change pas de main.
Ce
qui frappe dans Change pas de main, ce sont les décors et les
costumes, flamboyants et chatoyants. Paul Vecchiali cherche à
transformer la France de 1975 en un studio des années de l'âge d'or
de Hollywood. Manteaux de fourrures, chapeau, costumes croisés.
Cabaret décadent, vaste appartement avec escalier et miroir ancien,
petit chambre de bonnes. Chaque tenue, chaque couleur, chaque lieu
donne un écho aux archétypes des personnages. Là aussi, le film
joue sur ce que le spectateur connaît pour transfigurer les lieux
communs du film policier, avec comme objet névralgique, le revolver,
symbole phallique ô combien primordial dans le film.
Je
n'ai fait aucune capture d'écran de ces scènes, mais Change pas
de main est un film sur l'industrie du porno. L'un des axes
scénaristiques se noue autour d'un chantage. On menace de révéler
l'existence de films pornographiques que le fils d'une femme
politique destinée à devenir ministre a tournés. Melinda tombe sur
des photos, regarde des films projetés sur des bobines. Le film
montre ces films porno, avec des fellations, des coïts en gros
plans, une partouze (la seule image que je poste) ce qui valut au
film un classement X. Le film mêle allégrement le politique et le
porno, Paul Vecchiali glisse au spectateur que, pour lui, c'est la
même chose, le même milieu.
On
retrouve dans le film Hélène Surgères et Sonia Saviange, ses deux
actrices de Femmes femmes, Michel Delahaye des Cahiers du
cinéma (il jouait aussi dans Out 1 de Jacques Rivette), Noël
Simsolo (l'homme en costume rouge sang), Howard Vernon (qui était
dans le dernier Mabuse de Fritz Lang, autre référence scénaristique
de Vecchiali, surtout ses deux derniers films américains sur le
chantage La Cinquième victime et L'Invraisemblable vérité)
et Jean-Christophe Bouvet corps étrange du cinéma français qui ne
dit pas un mot de tout le film mais dont la présence nue et
travestie transporte le film vers un au-delà cinématographique.
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