Would
you like to know more? Les informations qui ouvrent Starship
troopers (comme elles lançaient Robocop) annoncent
immédiatement ce qu'est ce futur où se déroule le film de Paul
Verhoeven (son meilleur film américain ex aequo avec Robocop).
L'armée recrute fièrement ses troupes pour combattre dans une
galaxie bien lointaine les insectes de Klendathu. Et soudain, un
reportage en live, le journaliste commente devant la caméra, en
tenue militaire, le combat en cours, les soldats passent devant et
derrière lui, ils tirent sur un insecte géant, une sorte de punaise
qui éventre le pauvre reporter. La caméra tombe devant le visage du
héros. Lancement du flash-back, un an auparavant.
Le
monde aura changé dans ce futur. Sans que cela soit jamais expliqué
dans Starship troopers, la capitale du monde libre est
désormais Buenos Aires. Ce déplacement géographique montre que
l'impérialisme américain a pu conquérir l'Amérique du sud,
l'hypothèse serait que le continent nord n'est plus vivable. Le
soldat à terre vu plus tôt est Johnny Rico (Casper Van Dien), jeune
étudiant qui a du mal à écouter son professeur (Michael Ironside).
Il préfère, sur sa tablette, dessiner son visage et celui de sa
bien-aimée Carmen Ibanez (Denise Richards), sous l’œil de sa
rivale Dizzy Flores (Dian Meyer) qui s'amuse à draguer Johnny. Le
cours suivant consiste à disséquer un insecte gluant et verdâtre.
Carmen
est dégoûté par les viscères de l'insecte que Johnny manipule
avec amusement, soulevant fièrement les intestins ennemis que les
élèves doivent étudier. Ce que ces deux séquences au lycée
montrent est tout simplement que Johnny Rico n'a pas la fibre
étudiante. D'ailleurs ses notes ne sont pas bonnes. Quand le cerveau
de la classe, le brillant étudiant admirateur de psychiatrie Carl
Jenkins (Neil Patrick Harris) affiche les notes publiquement, celles
de Rico sont faibles. Celles de Carmen sont très élevées. Ce sont
deux destins qui vont évoluer en parallèle, Rico sera un simple
bidasse, tout comme Dizzy, et Carmen sera amenée à diriger les
vaisseaux spatiaux qui exige une solide formation.
La
rivalité entre personnes intelligentes et celles plus aptes à la
force physique est accentuée avec le personnage de Zander (Patrick
Muldoon). Ce dernier a des vues sur Carmen et Johnny Rico est, bien
entendu, très jaloux. Tout va se jouer par un match d'un sport ultra
violent, une sorte de football américain en salle. Mais ce que Rico
ignore encore est que Zander est l'instructeur de Carmen qui va
apprendre à conduire les vaisseaux spatiaux. Ils auront beau
s'échanger des lettres vidéos sous le regard goguenard des
camarades, Carmen est à l'autre bout de la galaxie, Rico aura peu de
chance de la revoir. Leur différence de classe sonne la fin de leur
romance.
Denise
Roberts a un très large sourire qu'elle offre à chaque scène,
Casper Van Dien a de très beaux abdos et une gueule carrée. On les
croirait sortis d'un clip d'un boys' band. Ces corps extrêmement
sains et forts, Paul Verhoeven va s'amuser à les mutiler pendant
tout son film. Il montre ce que la guerre coloniale et impérialiste
fait de la jeunesse. Un aperçu a déjà été donné des blessures.
Le bras amputé de Michael Ironside, le visage brûlé de Rue
McClanahan, la prof de biologie aveugle, l'officier recruteur sur son
fauteuil roulant auquel il manque ses jambes et ses mains remplacées
par de l'acier. Voilà ce qui attend Rico, Dizzy et les autres
simples bidasses.
Dans
cette nation du futur que décrit Paul Verhoeven dont le nom est la
Fédération, personne n'est égal. Loin de là. Il faut gagner son
statut de citoyen. Cela passe par l'armée pour certains. Johnny Rico
décide de s'engager, contre l'avis de ses parents, des gens fortunés
qui espéraient une carrière plus brillante et moins risquée pour
leur fils. Mais à l'armée, toutes les recrues sont traitées avec
égalité, ce qui implique des douches communes, des dortoirs mixtes
et des possibilités rapides de monter en grade. Les filles comme les
garçons sont logés à la même enseigne et chacun, explique, nu
comme un ver, sa raison d'avoir intégré les fantassins pour aller
se battre à Klendathu.
Le
corps est la matière première de Starship troopers. Il n'a
de valeur que s'il peut se battre et porter une arme. Rico est
responsable de la mort d'une de ses camarades. Il n'écopera pas
d'une peine de prison, sa sentence consiste à recevoir des coups de
fouets, torse nu, en place publique, devant les autres soldats. Le
corps mort n'est d'aucune utilité pour l'armée, le corps blessé
peut se réparer et ensuite servir. Ace (Jake Busey) reçoit un
poignard en pleine main, il recevra des soins. Rico sera éventré,
il passera quelques heures dans un liquide qui ressoudera ses chairs.
Et tous pourront partir affronter les insectes géants cracheurs de
flamme.
La
guerre que filme Paul Verhoeven est sale et très violente. Elle est
montrée dans toute sa crasse horreur. La polémique (éteinte
depuis) à la sortie du film reposait à la fois sur l'extrême soin
porté aux combats, tous subtilement graphiques, et sur les tenues
des officiers largement inspirées des généraux de la Wehrmacht.
L'archétype en était Carl Jenkins qui pratique la télépathie pour
contrôler les esprits. Pour Paul Verhoeven, ce contrôle des esprits
est comparable à la manipulation de la propagande télévisuelle des
infos qui scandent le film. C'était celle de la télévision
américaine de l'époque, celle de la guerre froide et celle
d'aujourd'hui.
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