« Toi,
Yunbogi, petit garçon de dix ans. Toi, Yunbogi, petit garçon de dix
ans de Corée ». Cette phrase à l'adresse d'un petit garçon
est scandée plusieurs fois par un homme que l'on verra pas. Cette
voix off, dite par Hosei Kumatsu, c'est celle de Nagisa Oshima. Le
cinéaste était parti en 1964 en Corée, l'ancienne colonie du
Japon, pour se rendre compte des terribles conditions de vie de la
population. En 1964, la Corée était un pays pauvre qui ne s'était
pas encore remis ni de la colonisation ni de la guerre. Nagisa Oshima
prend de nombreuses photos. Ce sont ses photos qui composent Journal
de Yunbogi, 23 minutes de en noir et blanc, sinistres et
poignantes.
Yunbogi
est un gamin d'une dizaine d'années qui vit dans un taudis avec ses
trois frères et sœurs. Son père est alcoolique et chômeur. Leur
mère est partie, ne leur laissant rien. Plutôt que mendier, les
gamins vendent aux passants du chewing-gum. Yunbogi parvient à peine
à survivre quand il réussit à vendre quelques tablettes de
chewing-gum et que la police ne le menace pas. Sur les photos, les
enfants sont en haillons, les visages sont fermés, ils regardent
l'objectif. La bande son mêle la voix du narrateur, celle de
l'enfant qui écrit un journal à sa mère disparue et une musique
aux violons déchirants. Dans ce film politique, Nagisa Oshima
forçait le public japonais à regarder en face leur passé peu
reluisant.
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