Un
homme à la hauteur (Laurent Tirard, 2016)
Virginie
Efira semble abonnée au remake d'obscurs films étrangers au concept
vaguement folichon : ici une avocate en instance de divorce (de
Cédric Kahn, quelle étrange idée de le quitter) qui va tomber
amoureuse d'un homme de petite taille, Jean Dujardin, son personnage
est entièrement numérisé, on ne pense qu'à ça. Schéma ultra
classique : rencontre, montée amoureuse, rupture et
réconciliation. Laurent Tirard l'Auteur des Petit Nicolas
n'est pas les frères Farrelly. Il ne sait pas filmer le hors norme,
il ne sait pas filmer la folie de cette incongruité physique. On
s'ennuie ferme.
Eddie
the Eagle (Dexter Fletcher, 2016)
A
un moment, on entend qu'une équipe de bobsleigh de Jamaïque va
prendre le départ. Clin d’œil à Rasta Rocket, ce film
choupinet dont je ne me rappelle rien. Plus de 20 ans après, Matthew
Vaughn (producteur ici) nous refait le même coup du gars qui n'avait
rien à faire là, en l'occurrence un pauvre Anglais semi débile qui
se voit comme le champion de saut à ski. Enfin, il veut surtout
participer aux JO, comme on le sait, l'important est de participer.
Eddie est interprété par Taron Egerton, encore plus mauvais que
dans l'atroce Kingsman (du même Matthew Vaughn), encore plus
insipide que dans Legend
(où il jouait l'amant de Tom Hardy). Hugh Jackman écarquille les
yeux pendant tout le film de se rendre compte que c'est lui l'acteur
le plus juste dans cette panade super édifiante qui ressemble à du
porno émotionnel. Tout est appuyé, souligné au stabilo et illustré
par une musique assourdissante et pompière. Les sauts à ski sont
largement moins impressionnants que dans La
Grande extase du sculpteur sur bois Steiner de Werner Herzog.
Mr.
Holmes (Bill Condon, 2015)
Jadis,
Bill Condon avait tourné l'un des biopics des plus inspirés. God
and monsters sur la vie de retraité du grand James Whale, on le
voyait tomber amoureux (pour la dernière fois) de son jardinier qui
était joué par Brendan Fraser. Bill Condon remet le couvert avec
Ian McKellen, près de vingt ans après, pour ausculter la fin de vie
de Sherlock Holmes. Premier parti pris : le célèbre détective
a existé et il est très différent du personnage des romans écrits
par John Watson. Deuxième parti pris : Holmes vit dans la
campagne anglaise où sa cuisinière prend soin de lui. Troisième
parti pris : il est en train de perdre la mémoire. Avec l'aide
du fils de la cuisinière, le petit Roger (une douzaine d'années),
Sherlock Holmes cherche à résoudre une vieille affaire. En vérité,
il se rend compte de l'intelligence du gamin et va tout faire pour
qu'il ne se retrouve pas simple employé de maison. Film sur la
transmission, Mr. Holmes souffre quand même d'une certaine
platitude pour vraiment intéresser plus que les séries actuelles
autour du détective (Elementary et Sherlock).
Ma
Loute (Bruno Dumont, 2016)
Quand
Bruno Dumont a enfin quitté son habituelle rengaine d'acteurs à
trogne qui annonent leur texte pour Juliette Binoche et le film en
costumes (Camille Claudel 1915), j'étais plutôt content,
même si son cinéma me semblait encore très prétentieux. Un an
après, j'étais consterné par P'tit Quinquin et aujourd'hui
je le suis autant par Ma Loute. On a quoi ? A ma gauche,
une famille de pécheurs habillés en pull bleu qui tuent des
touristes pour les dévorer. A ma droite, une famille de bourgeois
qui viennent en villégiature (le trio de vedettes, Juliette Binoche,
Valeria Bruni-Tedeschi et Fabrice Luchini) avec leurs filles. Au
centre, deux policiers nommés Machin et Malfoy, pastiches de Dupont
Dupond et Laurel et Hardy. Devant la caméra, Bruno Dumont fait durer
chaque gag plus qu'il ne faut, les répète plus qu'il ne faut. Il
demande à chaque acteur de hurler ses répliques avec force grimaces
et aux non professionnels de les marmonner. Le burlesque de Ma
Loute est strictement sonore (grincement de Machin, hurlement des
acteurs, marmonnement des autres). Tout cela manque de précision. Je
pense à L'Etalon de Jean-Pierre Mocky, à ces trognes
étranges, le modèle du cinéaste. Dumont choisit d'en faire des
monstres, des cannibales face à une famille incestueuse. On trouve
aussi une histoire d'amour, entre le fils aîné des pécheurs
(justement nommé Ma Loute) et Billie l'enfant hermaphrodite des
bourgeois. En fait, rien de tout cela ne me semble vraiment neuf ni
réussi.
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