dimanche 15 mai 2016

J'ai aussi regardé ces films en mai

Un homme à la hauteur (Laurent Tirard, 2016)
Virginie Efira semble abonnée au remake d'obscurs films étrangers au concept vaguement folichon : ici une avocate en instance de divorce (de Cédric Kahn, quelle étrange idée de le quitter) qui va tomber amoureuse d'un homme de petite taille, Jean Dujardin, son personnage est entièrement numérisé, on ne pense qu'à ça. Schéma ultra classique : rencontre, montée amoureuse, rupture et réconciliation. Laurent Tirard l'Auteur des Petit Nicolas n'est pas les frères Farrelly. Il ne sait pas filmer le hors norme, il ne sait pas filmer la folie de cette incongruité physique. On s'ennuie ferme.

Eddie the Eagle (Dexter Fletcher, 2016)
A un moment, on entend qu'une équipe de bobsleigh de Jamaïque va prendre le départ. Clin d’œil à Rasta Rocket, ce film choupinet dont je ne me rappelle rien. Plus de 20 ans après, Matthew Vaughn (producteur ici) nous refait le même coup du gars qui n'avait rien à faire là, en l'occurrence un pauvre Anglais semi débile qui se voit comme le champion de saut à ski. Enfin, il veut surtout participer aux JO, comme on le sait, l'important est de participer. Eddie est interprété par Taron Egerton, encore plus mauvais que dans l'atroce Kingsman (du même Matthew Vaughn), encore plus insipide que dans Legend (où il jouait l'amant de Tom Hardy). Hugh Jackman écarquille les yeux pendant tout le film de se rendre compte que c'est lui l'acteur le plus juste dans cette panade super édifiante qui ressemble à du porno émotionnel. Tout est appuyé, souligné au stabilo et illustré par une musique assourdissante et pompière. Les sauts à ski sont largement moins impressionnants que dans La Grande extase du sculpteur sur bois Steiner de Werner Herzog.

Mr. Holmes (Bill Condon, 2015)
Jadis, Bill Condon avait tourné l'un des biopics des plus inspirés. God and monsters sur la vie de retraité du grand James Whale, on le voyait tomber amoureux (pour la dernière fois) de son jardinier qui était joué par Brendan Fraser. Bill Condon remet le couvert avec Ian McKellen, près de vingt ans après, pour ausculter la fin de vie de Sherlock Holmes. Premier parti pris : le célèbre détective a existé et il est très différent du personnage des romans écrits par John Watson. Deuxième parti pris : Holmes vit dans la campagne anglaise où sa cuisinière prend soin de lui. Troisième parti pris : il est en train de perdre la mémoire. Avec l'aide du fils de la cuisinière, le petit Roger (une douzaine d'années), Sherlock Holmes cherche à résoudre une vieille affaire. En vérité, il se rend compte de l'intelligence du gamin et va tout faire pour qu'il ne se retrouve pas simple employé de maison. Film sur la transmission, Mr. Holmes souffre quand même d'une certaine platitude pour vraiment intéresser plus que les séries actuelles autour du détective (Elementary et Sherlock).

Ma Loute (Bruno Dumont, 2016)
Quand Bruno Dumont a enfin quitté son habituelle rengaine d'acteurs à trogne qui annonent leur texte pour Juliette Binoche et le film en costumes (Camille Claudel 1915), j'étais plutôt content, même si son cinéma me semblait encore très prétentieux. Un an après, j'étais consterné par P'tit Quinquin et aujourd'hui je le suis autant par Ma Loute. On a quoi ? A ma gauche, une famille de pécheurs habillés en pull bleu qui tuent des touristes pour les dévorer. A ma droite, une famille de bourgeois qui viennent en villégiature (le trio de vedettes, Juliette Binoche, Valeria Bruni-Tedeschi et Fabrice Luchini) avec leurs filles. Au centre, deux policiers nommés Machin et Malfoy, pastiches de Dupont Dupond et Laurel et Hardy. Devant la caméra, Bruno Dumont fait durer chaque gag plus qu'il ne faut, les répète plus qu'il ne faut. Il demande à chaque acteur de hurler ses répliques avec force grimaces et aux non professionnels de les marmonner. Le burlesque de Ma Loute est strictement sonore (grincement de Machin, hurlement des acteurs, marmonnement des autres). Tout cela manque de précision. Je pense à L'Etalon de Jean-Pierre Mocky, à ces trognes étranges, le modèle du cinéaste. Dumont choisit d'en faire des monstres, des cannibales face à une famille incestueuse. On trouve aussi une histoire d'amour, entre le fils aîné des pécheurs (justement nommé Ma Loute) et Billie l'enfant hermaphrodite des bourgeois. En fait, rien de tout cela ne me semble vraiment neuf ni réussi.

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