Pour
créer son duo de héros, Shane Black scénariste et Richard Donner
réalisateur de L'Arme fatale les montrent dans leur plus
simple appareil, comme le faisait James Cameron dans Terminator.
Ils sont nus comme au premier jour (d'ailleurs le film se déroule
pendant les vacances de Noël). Roger Murtaugh (Danny Glover) prend
son bain. Il a 50 ans ce jour-là, sa femme Trish (Darlene Love) et
ses trois enfants lui souhaitent un bon anniversaire. Roger et sa
famille habitent dans une coquette maison de banlieue cossue.
En
montage alterné, Riggs (Mel Gibson) est lui aussi à poil. Clope au
bec, les cheveux hirsutes, la télé allumée à fond, il tente de se
réveiller. Pas de famille pour lui préparer son petit déjeuner,
contrairement à Roger. Une photo de mariage sur la télé fait
comprendre que Riggs est veuf et qu'il en souffre. Riggs vit dans une
caravane à la bordure du désert, il n'a comme seul compagnon son
fidèle chien. Riggs parle tout seul, cause à son chien, s'énerve
contre la télé qu'il détruit dans un geste de fureur.
Une
fois le cadre de vie planté, L'Arme fatale différencie les
méthodes de ses deux protagonistes. Roger Murtaugh s’entraîne au
tir avec calme, tirant ses balles sur un carton silhouette. Riggs,
suicidaire, n'hésite pas à traverser une cours d'école sous les
tirs d'un sniper. Ce sniper sera sa cible et il l'abat, comme dans
une scène de jeu vidéo. Puis, les deux hommes sont montrés sur le
terrain, Roger enquête à l'ancienne, posant des questions, Riggs
fonce dans le tas au risque de prendre une balle, mais il s'en fout.
Le
film mettra 25 minutes à réunir Riggs et Roger dans la même plan,
dans cette scène fameuse où Roger discute avec un collègue d'une
investigation en cours et lui annonce qu'il a un nouveau partenaire.
Le regard de Roger et son attention sont portées ailleurs, sur Riggs
qu'il ne connaît pas encore, qu'il scrute et observe. Riggs,
cigarette aux lèvres, casquette vissée sur la tête, arrive dans le
commissariat. Il sort son arme, mais Roger pense qu'il est un
criminel et fonce sur lui. Riggs le retourne et le plaque à terre,
les yeux écarquillés. « Voici ton nouveau collègue. »
Les
25 minutes suivantes, les plus drôles du film, sont consacrées à
l'acclimatation entre les deux hommes, le pépère Roger qui invite
le nerveux Riggs chez lui à partager un repas. La fille aînée,
Rianne (Traci Wolfe) apprécie le charme de Riggs sous le regard
désapprobateur du père. Ce même regard juge sévèrement les
méthodes de Riggs quand ce dernier entreprend d'aider un suicidaire
et que Riggs se menotte à cet homme avant de sauter. Oui, Roger
Murtaugh a la confirmation que son partenaire est cinglé sortant la
célèbre réplique « I'm too old for this shit ».
Le
but du jeu dans L'Arme fatale est de redonner le sourire à
Riggs, non pas le sourire crispé et angoissant arboré quand il
braque son flingue sur un suspect. Le premier sourire sera celui de
la cible en carton quand Riggs tire et que les trous des balles
forment un smiley. Le jeu des deux acteurs, totalement opposé donc
complémentaire, compose un comique décliné sur le cartoon, sur sa
rapidité, sa brièveté, un comique fondé sur des répliques qui
euphémisent l'action vue juste avant, sur le mode, « tout cela
n'est que du cinéma ».
L'Arme
fatale commençait, lors de son générique, par le saut dans le
vide d'une jeune femme à moitié nue. La résolution de cette mort
va conduire le duo à croiser une vieille connaissance de Roger (le
père de la jeune femme morte) et des anciens des Forces Spéciales
auxquelles a appartenu Riggs. Un Général qui fait du trafic de
drogues et son fidèle et dévoué bras droit (Gary Busey) qui ne
craint pas la douleur (la scène du briquet est aujourd'hui bien
ridicule). L'objectif est de démanteler cet odieux trafic.
La
deuxième heure du film suit un schéma typique des comédies
d'action sous la présidence Reagan. Un criminel abattu par la police
coûte moins cher au contribuable qu'un suspect envoyé au tribunal.
La violence du film tourne au sadisme pur et simple (Riggs, torse nu,
torturé à l'électricité, le long combat contre Gary Busey), une
violence typique des productions de Joel Silver et qui sera amplifiée
avec sa production suivante, Piège de cristal magnifiée par
la mise en scène de John McTiernan.
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