samedi 14 mai 2016

Spetters (Paul Verhoeven, 1980)

Les motos, les filles et Dieu, voilà les trois éléments de la vie des trois amis de Spetters. Le premier est Eef (Toon Agterberg), fils d'agriculteur, il fonce au boulot, il est garagiste. Le deuxième est Rien (Hans van Tongeren), son père tient le café du coin, Rien l'aide à le tenir. Le troisième est Hans (Maarten Spanjer), qui joue de la trompette dans l'orchestre de son père. Le brun, le roux et le blond. Chacun a une moto et une passion, la motocross et ils suivent la carrière du champion local, le fameux Gerrit Witkamp (Rutger Hauer).

Gerrit fait rêver les trois amis, des rêves de gloire, d'argent, de célébrité. Dans son beau costume blanc, avec son épouse (Jonna Koster) qui ne dira pas un mot pendant tout le film, tout en arborant son plus sourire, il est interviewé par un journaliste (Jeroen Krabbé) venu faire un reportage pour la télé. Ils veulent la même carrière. Mais seul Rien semble pouvoir y parvenir, faut dire que la moto de Hans a toujours des soucis pour démarrer, quant à Eef, il se contente d'être spectateur de la course de motocross.

Ce jour-là, Rien gagne la course de 125c³. Une belle couronne, une coupe, et hop, direction la baraque à frites pour manger une bonne croquette. La vendeuse s'appelle Fientje (Renée Soutendijk), elle est là avec un gars bien bâti. On apprendra plus tard que c'est son frère. Elle offre volontiers à Rien des frites, mais Maya (Marianne Boyer), sa petite amie brune, refuse catégoriquement. Maya a bien compris le pouvoir d'attraction de la blonde pulpeuse sur les hommes.

Il n'en faut pas plus pour que les trois garçons tombent amoureux d'elle. Dans le garage de Eef, ils vont mesurer la taille de leur bite pour savoir lequel a la plus longue. Il pourra coucher avec Fientje. 13 cm, 17 cm, 22 cm pour Hans. Fientje et le frangin se sont installés en ville au bord du canal. Un flic voit ça d'un mauvais œil, elle lui offrira une galipette. C'est la méthode Fientje. Le frère s'en fout. La vraie question du film est de savoir sur lequel des trois elle va mettre le grappin, lequel la sortira de l'odeur de frites.

Elle commence par Rien, le rouquin se dispute avec Maya quand Fientje, toute en minauderie lui fait signer un contrat avec Honda. Elle poursuivra avec Eef qui a bien du mal à bander lui qui va frapper des homos dans les toilettes des parkings pour leur piquer leur pognon. Il veut payer un voyage au Canada à Fjentje. Enfin, elle essayera Hans, le gentil blond un peu naïf, pas foutu de rester sur une moto. Spetters en néerlandais a deux sens : éclaboussures et femme qui séduit plusieurs hommes.

Et Dieu dans tout ça ? Quand Rien a besoin d'aide, il se tourne vers Maya qui s'est tournée vers Dieu. Alors qu'il avait insulté le prêcheur, il se rend à un office où ce même pasteur tente une imposition des mains. Hans quant à lui n'a d'autre Dieu que Geritt qui va l'humilier en public. Eef a un père protestant très strict, un bigot intransigeant, qui le cogne à chaque occasion, la dernière confession de Eef à son père l'envoie au tapis. Chacun est plongé dans l'hypocrisie des croyances, des idoles, des superstitions.

Paul Verhoeven commence son film comme une comédie adolescente avec trois grands garçons qui peinent à devenir adultes. L'arrivée de Fientje et de son frère Jaap (Peter Tuinman) va faire exploser leur univers. Tout se poursuit dans une forme de mélodrame où les épreuves sont plus grandes que la vie. Un accident qui met l'un dans un fauteuil roulant, un viol en tournante pour l'autre, une humiliation publique pour un autre. Si Paul Verhoeven fait détruire le décor en fin de film, c'est pour bien montrer à quel point leur monde a explosé.






















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