A
la question essentielle de savoir s'il existe un bon film de pom pom
girls, American girls donne une belle réponse positive. Avant
d'être une éminente membre du Jury du 69ème Festival de Cannes,
avant d'avoir reçu un Prix d'interprétation pour Melancholia,
Kirsten Dunst a été la vedette de cette chouette comédie
américaine, bien édifiante comme il le faut, avec de jolis moments
d'ironie et des chorégraphies rondement menées. Le titre français
est, encore une fois, couillon. Le titre original est Bring it on
qu'on peut traduire par envoie la sauce, met le paquet, défonce-toi,
avec ce délicieux double sens.
Torrance
Shipman (Kirsten Dunst) est une lycéenne qui s'apprête à devenir
la capitaine des cheerleaders. J'utiliserai ce terme plutôt que
celui de pom pom girls, tout simplement parce que dans cette équipe,
on y trouve des pom pom boys. La séquence d'ouverture, qui prend par
la main le spectateur, pour ne pas le lâcher, dans une chorégraphie
en hommage à Busby Berkeley, tout en lignes et cercles qui se
croisent et se rejoignent, présente tous les cheerleaders,
l'ancienne capitaine, une rouquine explosive, Courtney et Whitney les
deux pimbêches (Clare Kramer et Nicole Bilderback), Les et Jan
(Huntley Ritter et Nathan West) les deux gars, l'un gay, l'autre très
hétéro.
Le
premier jour de Torrance comme capitaine est catastrophique, comme si
elle était maudite (ah la superstition). L'une des cheerleaders se
casse une jambe en tentant une pyramide. Il faut trouver une nouvelle
athlète (oui, ce sont des vraies sportives, comme le dit la
capitaine, ça demande de l'entraînement et de la discipline), Missy
Pantone (Elisa Dushku) passe les épreuves et rejoint l'équipe. Mais
Missy se rend compte que la routine des Toro est pompée sur
celle d'une autre équipe de cheerleaders, les Clovers d'East
Compton, à 150 km de San Diego. Leur chorégraphie a été volée et
adaptée par l'ancienne capitaine.
Pour
bien comprendre le dilemme que narre le film de Peyton Reed, il faut
expliquer le milieu socio-culturel dans lequel évolue Torrance et
ses amis. San Diego, grosse bourgeoisie riche, immenses maisons avec
jardins, parents fortunés, tous blancs. Des WASP dans toute leur
splendeur et leur arrogance. A l'opposé, les Clovers viennent du
ghetto de Los Angeles, menés par Isis (Gabrielle Union). Ils n'ont
jamais pu participer au concours de cheerleading de Daytona en
Floride, faute d'argent pour s'inscrire. Evidemment, Isis n'est pas
ravie de ce vol de chorégraphie et vient déclarer la guerre lors
d'un match de l'équipe de football.
L'humour
d'American girls se glisse dans les clichés habituels sur les
films de sport. Ici, l'équipe de football est composée de losers,
sur le terrain, ce sont les cheerleaders qui sont les stars. La
confrontation entre Les et Jan face à deux footballeurs crétins
constitue un gag récurrent. L'humour se montre plus incisif avec
l'arrivée d'un danseur nommé Sparky Polastri (Ian Roberts), qui
demande aux cheerleaders de faire vivre leurs mains en dansant.
L'équipe aura lavé de bagnoles en maillot de bain pour se payer les
services de Sparky qui vend la même chorégraphie à plusieurs
équipes. Cela menace l'équipe de pouvoir participer au concours de
cheerleaders.
Et
l'amour dans tout ça. Certes, être capitaine prend beaucoup du
temps de Torrance. Elle sort avec Aaron (Richard Hillman), caricature
à l'extrême du blanc sûr de lui. Il la trompe à la fac où il
vient de rentrer. Elle lui préférera Cliff (Jesse Bradford), le
frère de Missy, jeune gars sarcastique fan de rock. Devant son
t-shirt des Clash, Torrance dira « c'est un nouveau groupe ? ».
Leur romance est sans surprise mais offre quelques beaux moments (la
scène de brossage de dents). Cliff est comme le spectateur devant
American girls, au début il trouve que les pom pom girls,
c'est ringard, inintéressant et pour les crétins, à la fin il en
redemande.
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