lundi 1 juillet 2019

La Cité de l'indicible peur (Jean-Pierre Mocky, 1964)

Personne ne veut être son co-équipier, aucune enquête ne lui ai jamais confiée, lui c'est l'inspecteur Triquet (Bourvil) pourtant très volontaire, très avenant avec ses collègues, très respectueux et connaisseur de la loi et des règlements, rien n'y fait, tout le monde le fuit. Triquet est tricard. Ainsi, en début, une belle affaire met en branle tous les policiers, Triquet espère en être, pas de chance, il se voit coller un banal interrogatoire.

Pas si banal que ça, se rend-il vite compte. Le type qui était là pour état d'ébriété et simple contrôle d'identité s'évanouit, Triquet ouvre sa chemise, découvre un tatouage (un billet de banque) et comprend que l'individu est « Mickey le bénédictin » (Joë Davray), un faux monnayeur recherché par le police. Ni une ni deux, Triquet et son chef Virgus (Marcel Pérès, habituelle gueule de flic buté et stupide du cinéma de Jean-Pierre Mocky) partent en train sur une piste fiable, chacun une ville.

Triquet part pour Barges, bon bourg au milieu de l'Auvergne. A peine sorti du train, il doit faire face à la peur de tous les habitants. Il débarque de nuit et Jean-Pierre Mocky distille cette peur qui sourd avec le son du vent, c'est suffisamment rare dans ses films pour que cela se remarque, comme il est rare qu'il se jette dans le cinéma de genre entre le fantastique et l'horreur. Sans peur, contrairement aux habitants, Triquet traverse Barges.

Cette astuce topographique permet de découvrir les habitants car calfeutrés chez eux, la population de Barges ne cessera jamais d'observer, d'espionner, de commenter les gestes et faits du policier qui va tenter, maladroitement, de cacher sa profession. Bourvil passe d'une maison à un autre, d'un habitant à un autre, en sautillant, sa démarche détonne immédiatement au milieu de la place du village, d'autant que Bourvil est affublé d'une perruque ridicule.

Jean-Pierre Mocky a choisi pour entourer Bourvil certains de ses comédiens habituels, le pharmacien émacié (Roger Legris), la cafetier (Rudy Lenoir) et le sempiternel Jean-Claude Remoleux sous un plastic avec un enfant. Mais aussi des comédiens de théâtre, l'employé de mairie (Jean-Louis Barrault), le docteur alcoolo (Victor Francen) et le maire au sourire permanent (Raymond Rouleau).

Et on retrouve les géniaux Francis Blanche, le premier à mourir à cause de « la Bête », Jean Poiret le brigadier récalcitrant, toujours aussi magnifiquement lâche dans son rôle et Jacques Dufilho, le logeur de Triquet, celui qui va lancer la rumeur qu'il héberge un policier. Triquet commence vite à interroger tout le monde, il se fait passer pour un pêcheur et demande si quelqu'un n'aurait pas vu un « ivrogne frileux », bref le faux-monnayeur.


Bien entendu, le récit, l'histoire n'ont que peu d'importance, certes Triquet poursuit son enquête, cherche à éviter « la Bête » mais savoir qui est l'être malfaisant qui terrifie la ville n'a guère d'importance. En tout cas moins que la peinture de cette commune de province où les égoïsmes sont mis en avant et critiqué, un peu à la manière du Corbeau de Clouzot ou de Goupi mains rouges de Jacques Becker, les deux modèles du film.

























Aucun commentaire: