Personne
ne veut être son co-équipier, aucune enquête ne lui ai jamais
confiée, lui c'est l'inspecteur Triquet (Bourvil) pourtant très
volontaire, très avenant avec ses collègues, très respectueux et
connaisseur de la loi et des règlements, rien n'y fait, tout le
monde le fuit. Triquet est tricard. Ainsi, en début, une belle
affaire met en branle tous les policiers, Triquet espère en être,
pas de chance, il se voit coller un banal interrogatoire.
Pas
si banal que ça, se rend-il vite compte. Le type qui était là pour
état d'ébriété et simple contrôle d'identité s'évanouit,
Triquet ouvre sa chemise, découvre un tatouage (un billet de banque)
et comprend que l'individu est « Mickey le bénédictin »
(Joë Davray), un faux monnayeur recherché par le police. Ni une ni
deux, Triquet et son chef Virgus (Marcel Pérès, habituelle gueule
de flic buté et stupide du cinéma de Jean-Pierre Mocky) partent en
train sur une piste fiable, chacun une ville.
Triquet
part pour Barges, bon bourg au milieu de l'Auvergne. A peine sorti du
train, il doit faire face à la peur de tous les habitants. Il
débarque de nuit et Jean-Pierre Mocky distille cette peur qui sourd
avec le son du vent, c'est suffisamment rare dans ses films pour que
cela se remarque, comme il est rare qu'il se jette dans le cinéma de
genre entre le fantastique et l'horreur. Sans peur, contrairement aux
habitants, Triquet traverse Barges.
Cette
astuce topographique permet de découvrir les habitants car
calfeutrés chez eux, la population de Barges ne cessera jamais
d'observer, d'espionner, de commenter les gestes et faits du policier
qui va tenter, maladroitement, de cacher sa profession. Bourvil passe
d'une maison à un autre, d'un habitant à un autre, en sautillant,
sa démarche détonne immédiatement au milieu de la place du
village, d'autant que Bourvil est affublé d'une perruque ridicule.
Jean-Pierre
Mocky a choisi pour entourer Bourvil certains de ses comédiens
habituels, le pharmacien émacié (Roger Legris), la cafetier (Rudy
Lenoir) et le sempiternel Jean-Claude Remoleux sous un plastic avec
un enfant. Mais aussi des comédiens de théâtre, l'employé de
mairie (Jean-Louis Barrault), le docteur alcoolo (Victor Francen) et
le maire au sourire permanent (Raymond Rouleau).
Et
on retrouve les géniaux Francis Blanche, le premier à mourir à
cause de « la Bête », Jean Poiret le brigadier
récalcitrant, toujours aussi magnifiquement lâche dans son rôle et
Jacques Dufilho, le logeur de Triquet, celui qui va lancer la rumeur
qu'il héberge un policier. Triquet commence vite à interroger tout
le monde, il se fait passer pour un pêcheur et demande si quelqu'un
n'aurait pas vu un « ivrogne frileux », bref le
faux-monnayeur.
Bien
entendu, le récit, l'histoire n'ont que peu d'importance, certes
Triquet poursuit son enquête, cherche à éviter « la Bête »
mais savoir qui est l'être malfaisant qui terrifie la ville n'a
guère d'importance. En tout cas moins que la peinture de cette
commune de province où les égoïsmes sont mis en avant et critiqué,
un peu à la manière du Corbeau de Clouzot ou de Goupi mains rouges
de Jacques Becker, les deux modèles du film.
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