Il
ne sort en France pratiquement plus de films issus de l'Asie du sud
est, ce que l'on appelle communément le cinéma asiatique (Corée,
Japon, les trois Chine) mais personne n'en a rien à foutre. Il y a
encore cinq ans, il sortait près de 35 films par an venus de ce coin
de cinéma et cette année presque plus rien. Moi qui aime tant le
cinéma de Hong Kong, je suis désemparé de l'absence de sortie de
films, y compris en DVD (sauf chez l'éditeur Spectrum, le dernier à
faire son travail), et encore le film de Tsui Hark a été sorti
comme un blockbuster de Michael Bay, c'est-à-dire en VF.
Plein
de raisons peuvent être données pour une si faible présence, ne
serait-ce que la qualité même des films, probablement. Par la
paresse des sélectionneurs de festival et notamment de Cannes qui se
contente depuis 20 ans de ne pas fouiller ces cinématographies mais
continue de sélectionner des films de cinéastes reconnus quelle que
soit la qualité du film. Pour revenir sur une de mes vieilles
rengaines, ne jamais avoir présenté à Cannes un film de Stephen
Chow est un scandale et la preuve que personne ne regarde les films.
Il
faut pourtant se réjouir du succès des deux dernières Palmes d'or,
Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda (800.000
spectateurs) et du génial Parasite de Bong Joon-ho (plus d'un
million de spectateurs). Mais ce sont deux beaux et massifs arbres
qui cachent une forêt de pins desséchés et faméliques. Il y a peu
de chance que le dernier film de Wang Xiaoshuai avec sa durée (3h05,
c'est déjà une heure de moins que An elephant sitting still,
faut en profiter) parvienne à un tel résultat pourtant le cinéaste
à tout fait pour rendre son film plaisant.
C'est
d'abord un sujet dont les enjeux sont connus de tous : la
politique de l'enfant unique en Chine populaire. Un couple et un seul
enfant. Dans So long, my son le nœud narratif et dramatique
s'élabore autour de la mort de cet enfant unique, de ce fils, lors
d'une noyade. Cela est montré en début de film dans des plans
dignes, sans atermoiements, sans gros plans destinés à créer une
émotion facile (en gros, faire pleurer dès le départ le
spectateur). Cet enfant mort décide de la vie fantomatique de ses
parents.
C'est
un récit au long sur plus de trois décennies que le cinéaste
projette avec des allers et retours entre différentes époques. En
plus de ce couple d'ouvriers modestes qui travaille à l'usine et
habite dans le lotissement des ouvriers de cette usine, le film met
en orbite deux autres couples. Le premier qui a toute notre sympathie
est l'archétype du couple rebelle, la preuve par l'image quand en
pleine période disco, l'homme du couple troque l'habite traditionnel
pour une tenue américaine et écoute de la musique occidentale. Il
devra être puni pour une exhiber une liberté si voyante.
Le
troisième couple est très vite désignée comme le couple à
détester, le couple du pouvoir avec cette femme qui est contremaître
de l'usine. Elle abuse de son pouvoir, pratique le chantage affectif
et émotionnel quand la mère de l'enfant mort est enceinte de son
deuxième enfant (la scène se déroule avant la mort du fils) et
provoque l'avortement fatal. On a envie de la détester surtout parce
qu'elle semble hypocrite, parce qu'elle applique des règles iniques
du gouvernement invisible là-bas dans une province éloignée.
Le
film suit ces trois couples plus les enfants qui se greffent
maladroitement au récit (un fils adopté rebelle, le fils qui
culpabilise et va faire son autocritique en bout de parcours) dans
leur parcours respectif. Le film passe du collectivisme forcené (que
le cinéaste regrette amèrement) au capitalisme sans visage (voilà
pourquoi il regrette le collectivisme) tout en oubliant juin 1989 et
la révolution réprimée dans le sang. Pas étonnant que le
gouvernement ait soutenu le film d'autant que la réconciliation
finale est tout simplement insoutenable de démagogie.
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