samedi 13 juillet 2019

Madame a des envies (Alice Guy, 1907)

Sa jouissance vient des interdits. Tout ce qu'une femme enceinte ne doit pas faire, la dame du film d'Alice Guy décide de le faire en bravant chaque fois le bon sens. Elle arrive du fond du cadre cette dame enceinte suivie de son mari qui pousse un landau où se trouve leur premier enfant. Il est à la peine, visiblement peu ravi d'être là, de devoir la suivre en assumant ce rôle de garde chiourme. Au contraire, elle respire la joie de vivre, arborant un grand sourire.

Chaque scène est l'occasion pour Madame de prendre encore plus de plaisir. Quatre plaisirs, sucer une sucette, boire de l'absinthe, manger un hareng et fumer la pire. Chaque fois, il se produit la même chose, elle s'approche de cet objet qu'elle convoite et s'en saisit. Alice Guy filme en plan d'ensemble le vol, la subtilisation du bien puis cadre en gros plan son actrice en train de savourer ce qui devrait lui être interdit en tant que femme enceinte.

Une liberté se dégage de ces gestes qu'elle commet, de ces petits larcins. Evidemment, versant comique du film, les personnes dérobées ne sont pas ravies, sauf l'homme à l'absinthe qui ne se rend compte de rien, versant dramatique, le mari doit présenter ses excuses, réparer les envies de sa femme et finalement s'écraser comme un moins que rien de peur de faire éclater un scandale. Elle, elle s'en moque, elle continue de faire comme elle en envie.

Le film pourrait se terminer de manière tragique car devant l'inconséquence des envies de son épouse, le mari la bouscule et elle tombe cul par terre. Mais Alice Guy trouve une parade à cette dispute. Le tout se termine dans un champ de choux où la femme récupère son bébé, rappelant La Fée aux choux le premier film d'Alice Guy, puisqu'elle le disait 10 ans plus tôt dans son premier film, les garçons naissent dans les choux.










Aucun commentaire: