dimanche 14 juillet 2019

La Passion (Alice Guy, 1905)

Ça faisait un petit bout de temps que je n'avais pas chroniqué une bondieuserie et là Alice Guy sort un film de 32 minutes sur la vie de Jésus, de sa naissance à sa mort, tourné juste avant le loi de la séparation de l'église et l'état. Ce qui frappe d'emblée, plus que sa durée importante pour 1906 où les films dépassaient rarement les 10 minutes, c'est la profusion dans le cadre de figurants. C'est dire combien cette œuvre a bénéficié d'un budget conséquent, car qui dit grand nombre de personnes à l'image dit longues et fastidieuses répétitions, pellicule en abondance et long tournage.

Plus le nombre de figurants, c'est aussi le soin apporté aux décors. Il ne s'agit plus seulement de toiles peintes (comme cela était souvent le cas, par exemple dans cette version de La Passion produite par les films Lumière). Alice Guy tient la gageure de faire défiler tous les figurants et silhouettes engagés pour le film pendant toute la durée du plan (environ 2 minutes), ainsi lors du tableau de Sainte Véronique qui tient le Saint-Suaire (unique « gros plan »), tout le monde arrive du fond du plan, traverse les arcades pour arriver au premier plan et faire se dérouler la scène.

Chaque séquence, comme autant de passages connus de la vie Jésus, fonctionne ainsi. Un carton annonce le passage de l'évangile, on découvre le cadre peu rempli puis Jésus arrive et le cadre se remplit tandis que l'allégorie se met en scène. Cela a dû demandé un travail de mise en place important pour la cinéaste afin que tout soit visible dans le cadre, que le passage de l'évangile soit non seulement reconnaissable mais en plus marquant. D'autant qu'aucun décor ne sert plus d'une fois, ce qui là encore dénote un budget conséquent où l'argent est visible à l'écran.


Mieux que cela, Alice Guy fait pivoter sa caméra dans deux scènes, celle sur le Mont Golgotha est la plus impressionnante tant le décor sinueux comme l'abondance de figurants sillonnant le chemin sont remarquables. L'usage d'effets spéciaux est aussi à noter. Le premier vient lors de la petite enfance de Jésus, Marie et Joseph ont laissé le nourrisson dehors, ils entrent dans leur maison quand une flopée d'anges apparaît. Ces anges reviendront en fin de film dans le tombeau avant que Jésus ne s'élève dans les cieux là aussi grâce à un effet spécial.

















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