La
couleur, d'accord, comme je le disais, tout le monde en avait fait,
très tôt dans un but strictement commercial. Plus fort que les
autres, Gaumont grâce à Alice Guy propose à ses spectateurs –
que j'imagine ébahis – du son. Elle a appelé ce procédé des
phonoscènes. Un procédé double, un phonographe diffuse le son,
celui d'une chanson, et Alice Guy filme un chanteur en train
d'interpréter cette chanson.
Félic
Mayol a tourné pour Alice Guy plusieurs de ces chansons. Il apparaît
debout devant un rideau, notre vedette ne bouge dans son beau
costume. Le comique troupier Polin est moins raide dans son costume
de bidasse, son décor est un rideau représentant un jardin (on
repère à gauche le logo de la Gaumont). Et c'est parti pour deux
minutes et des poussières de chanson française (celle de Rimbault
et Spencer).
Ce
qu'on entend dans ces deux voix, celle de Mayol comme celle de Polin,
c'est le son aigu de 1905, si typique des vieilles bandes, des 78
tours, ça crachote un peu, ça a du charme, mais aussi les
accentuations particulières, ces R qu'on n'entend plus. Les chansons
en revanche sont terriblement tartes et les deux gars (il doit
exister d'autres phonoscènes), ne sont pas particulièrement à
l'aise dans ces ancètres du clip vidéo.
Cela
dit, ça devait être un sacré spectacle d'aller écouter pendant
deux minutes les chanteurs de l'époque, de se dire qu'on allait en
avoir pour notre argent. J'imagine Alice Guy donnant ses indications
à ces deux acteurs d'une chanson, comment arriver (de la gauche),
quels gestes faire, de penser à sourire tandis que Mayol chante « La
polka des trottins » et Polin « L'anatomie du conscrit »,
tout un programme ! Les deux films sont visibles sur youtube.
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