Le
procédé est élémentaire : inverser la situation et imaginer
ce qu'il se passe en effeuillant toutes les possibilités. Alice Guy
imagine que les femmes prennent la place des hommes et les hommes
prennent la position des femmes. A elles les loisirs, le bon temps,
l'oisiveté : passer du temps au café à discuter, à jouer aux
cartes, à boire. A eux les tâches ménagères, les enfants et la
popotte. Ce sont d'abord les hommes qui sont filmés. Ils portent des
perruques qui appellent immédiatement leur féminisation, leurs
gestes sont également accentués, ils sont devenus efféminés.
Puis
les femmes sont devenues masculines, elles ont des postures viriles,
s'assoient lourdement et fument comme des mecs. Elles ne se privent
pas de houspiller leurs maris quand ils passent à côté d'elles, de
leur mettre les mains aux fesses. Les hommes du film sont
entièrement au service des femmes qui se disputent leur faveur
sexuelle. Plusieurs scènes reviennent sur les assauts sexuels, sur
les gestes de harcèlement qu'ils subissent y compris dans l'espace
public, ce qui choque justement un couple qui passe par là.
Avec
ce sens de l'ironie, Alice Guy montre à quel point le boulot des
femmes est harassant en 1906. Elle va plus loin en imaginant la
révolte des bonhommes à cause de l'ingratitude de leur position
dans cette société inique. C'est un appel aux femmes à la révolte
à ne pas rester sans rien faire, dans un film de six minutes donc où
Alice Guy a largement le temps d'exposer ses idées révolutionnaires.
Les spectateurs de l'époque devaient d'abord rire des gags puis en
tirer une leçon édifiante. Surtout les spectatrices.
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