mardi 16 juillet 2019

Street trash (Jim Muro, 1986)

Détritus, poubelle, ordure, rebut, immondice, saleté, déchet, encombrant. Beaucoup de mots en français et un seul en américain : trash. Street trash, ça claque comme titre de film, comme un coup de trique. Effectivement, ça bastonne sévère entre clodos qui ont trouvé domicile dans un immense cimetière de bagnoles, des grosses bagnoles américaines qu'un type obèse nommé Schnizer (Pat Ryan) désosse, dépèce ou concasse.

Ça grouille dans ces carcasses, c'est une ville reconstituée avec des bouts de caisse, des bâches, des planches dans un quartier du Queens entre deux bretelles d'autoroutes, de loin on aperçoit les buildings de Manhattan. Le cauchemar de la propriété privée de l'administration Reagan dans toute son horreur. La misère n'est pas sans rappeler Affreux sales et méchants avec des clans qui défendent bec et ongles leur bout de tôle.

La visite des lieux, la configuration de la topographie de ce monde tout droit sorti de Mad Max est faite par Fred (Mike Lackey) qui vit avec son jeune frangin Kevin (Mark Sferrazza), plutôt beau garçon qui fricote avec Wendy (Jane Arakawa), la « secrétaire » de Schnizer, ce dernier espérant bien se la taper dans un coin de son bureau. Fred croise tous les personnages du film dans tous les recoins, un moyen idéal pour présenter ce beau monde.

Fred aime picoler et va souvent dans le deli du quartier tenu par un épicier qui traite toute cette faune comme de la merde. Mais le commerçant a trouvé dans sa cave des bouteilles de gnôle, des Viper. Il ne sait pas ce que c'est mais il se dit qu'il va en vendre. Pas cher, 1$ la bouteille. Là le film commence enfin sa grande entreprise de destruction. Le Viper une fois avalé transforme ceux qui en ont bu une gorgée.

Ils se liquéfient, ils semblent bouillir, ils se décomposent dans une variation de couleurs qui rappellent la métamorphose initiale de Jerry Lewis dans Dr. Jerry et Mr. Love. Dans ces mélanges de couleur, une certaine beauté se dégage qui doit aussi aux peintures de Jackson Pollock. Ces scènes a priori dégoûtantes sont parmi les plus réussies du film. Le suspense joue sur le fait de savoir si Fred va boire de ce liquide et donc disparaître du film, lui qui a si soif.

Je découvrais Street trash et il y a de quoi être fasciné par les déluges esthétiques qui parsèment le film sans une once de baisse de rythme. Le méchant du film, ce Bronson (Vic Noto) est un danger tout autant que le Viper. Il menace chaque membre de la communauté des clochards sauf sa « fiancée » la dégénérée Winette (Nicole Potter). Tous deux passent leur temps à baiser sous une bâche avant de régler les comptes à chacun.

La sexualité la moins noble prend une part importante dans le film. La femme d'un mafieux est emmené par Fred dans sa maison voiture, ils sont matés par tout le monde tandis que les souvenirs traumatisant du Viet Nam viennent se confondre avec les coups de coït. Puis c'est au tout de tous les clodos de la violer avant que Schnizer ne s'occupe de son cadavre abandonné dans une clairière derrière son cimetière de voitures. Pas très romantique.


Le récit part dans tous les sens et chacun en prend pour son grade (sauf Kevin et Wendy plutôt épargnés). Le duo de flics qui se prend pour Ricardo Tubbs et Sonny Crockett (il faut regarder leur tenue digne de la série, l'un porte un t-shirt Mickey). Le petit mafieux est ridiculisé par son portier. Tout le monde grimace, ricane dans des superbes contre-plongées. Le finale est une baston homérique dans un entrepôt où les corps explosent. C'était le seul film de son réalisateur.

























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