vendredi 19 juillet 2019

Notes pour un film sur l'Inde (Pier Paolo Pasolini, 1968)

Dans un coffret Pier Paolo Pasolini récemment sorti à la vente (édité par SNC M6), on peut voir un court-métrage resté inédit jusque là et diffusé uniquement à la télévision italienne. Avec Notes pour un film sur l'Inde, Pasolini poursuit cette idée déjà à l’œuvre à l'époque où il voulait filmer en Palestine L'Evangile selon Saint-Mathieu, qu'un film doit être tourné à l'endroit où il est censé se situer et non pas seulement à Cinecitta. C'est pour lui la mdernité.

L'Inde en 1968 quand il entreprend ce voyage de repérages est un pays neuf, 20 ans d'existence depuis l'indépendance. Le pays vit sur ses souvenirs grandioses et ce sont les palais majestueux et luxueux que Pasolini filme abondement, des gloires du tourisme qui se développe (le Jaipur par exemple qu'il compare à un immeuble moderne) et qu'il confronte avec la misère. Un plan pour le luxe, un plan pour les pauvres. Il filme aussi ce que d'habitude tout le monde refuse de voir.

Parce qu'il est là pour un hypothétique projet de film sur trois tigres affamés et un Maharadjah qui s'offre en repas à eux, un scénario à peine à l'état d'ébauche – mais ça fait déjà plusieurs films que le scénario n'a pas d'importance dans ses films – et qu'il évoque à chaque rencontre en demandant à ses interlocuteurs, des quidams qu'il croisent dans la rue, s'ils accepteraient de se sacrifier pour que les trois tigres affamés ne meurent pas de faim.


Il imagine quel passant pourrait tel rôle. Il prend un plaisir immense à filmer les visages, tel cet élégant moustachu qui ouvre le film. Il a du mal à dissimuler la charge érotique qu'il voit dans ces corps et la fascination de découvrir des beautés qu'il n'avait jamais vu auparavant. Pour calmer ses ardeurs, Pasolini s'en va discuter avec des intellectuels indiens mais ne résiste pas, il retourne filmer ces hommes. Son film sur l'Inde n'a jamais été tourné. Celui-ci était largement suffisant.























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