Dans
un coffret Pier Paolo Pasolini récemment sorti à la vente (édité
par SNC M6), on peut voir un court-métrage resté inédit jusque là
et diffusé uniquement à la télévision italienne. Avec Notes pour
un film sur l'Inde, Pasolini poursuit cette idée déjà à l’œuvre
à l'époque où il voulait filmer en Palestine L'Evangile selon
Saint-Mathieu, qu'un film doit être tourné à l'endroit où il
est censé se situer et non pas seulement à Cinecitta. C'est pour
lui la mdernité.
L'Inde
en 1968 quand il entreprend ce voyage de repérages est un pays neuf,
20 ans d'existence depuis l'indépendance. Le pays vit sur ses
souvenirs grandioses et ce sont les palais majestueux et luxueux que
Pasolini filme abondement, des gloires du tourisme qui se développe
(le Jaipur par exemple qu'il compare à un immeuble moderne) et qu'il
confronte avec la misère. Un plan pour le luxe, un plan pour les
pauvres. Il filme aussi ce que d'habitude tout le monde refuse
de voir.
Parce
qu'il est là pour un hypothétique projet de film sur trois tigres
affamés et un Maharadjah qui s'offre en repas à eux, un scénario à
peine à l'état d'ébauche – mais ça fait déjà plusieurs films
que le scénario n'a pas d'importance dans ses films – et qu'il
évoque à chaque rencontre en demandant à ses interlocuteurs, des
quidams qu'il croisent dans la rue, s'ils accepteraient de se
sacrifier pour que les trois tigres affamés ne meurent pas de faim.
Il
imagine quel passant pourrait tel rôle. Il prend un plaisir immense
à filmer les visages, tel cet élégant moustachu qui ouvre le film.
Il a du mal à dissimuler la charge érotique qu'il voit dans ces
corps et la fascination de découvrir des beautés qu'il n'avait
jamais vu auparavant. Pour calmer ses ardeurs, Pasolini s'en va
discuter avec des intellectuels indiens mais ne résiste pas, il
retourne filmer ces hommes. Son film sur l'Inde n'a jamais été
tourné. Celui-ci était largement suffisant.
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