Il
suffit parfois d'une minute pour qu'un film vous emporte et ne vous
lâche pas. La première séquence de Viva se déroule dans un
cabaret de La Havane. Un travesti, la bonne cinquantaine, un homme
costaud, chante avec ses tripes une chanson d'amour, habillé de
noir, sueur au front, gestes rythmés par la mélodie. Ce travesti
est Mama (Luis Alberto Garcia), il est le clou du spectacle dans ce
cabaret dont il est le patron. Les applaudissements des spectateurs
fusent.
Dans
les coulisses, un jeune homme observe le spectacle. Jesús (Héctor
Medina) est aussi fluet que Mama est imposant. Jesús est le coiffeur
et maquilleur de la petite troupe, tout jeune adulte, il fait ce
petit boulot pour vivre. Cindy, Pamela, Celeste, tous les artistes du
cabaret l'apprécient, il va même dans l'appartement de Mama pour
coiffer ses perruques. Il coiffe aussi sa grand-mère Nita (Paula
Andrea Ali Rivera) qui lui donne souvent à manger.
Quand
l'un des travestis doit être remplacé, Jesús décide de passer le
casting. Il s'entraîne chez lui sur des morceaux des 33tours des
années 1960 qui appartenaient à sa mère décédée. Le soir du
premier show de Viva, le pseudonyme que Jesús s'est choisi, un homme
est au bar, Viva s'approche de lui dans un jeu de séduction, et
l'homme lui fout un coup de poing sur le visage. Cet homme est le
père de Jesús, Angel (Jorge
Perugorria).
Angel
a passé des années en prison et il va s'incruster dans la vie de
son fils. Et en tout premier lieu, il s'installe dans l'appartement,
pas bien grand, d'un vieux quartier de La Havane. Le père a du mal
avec l'homosexualité de son fils, mais il va violemment lui
interdire de fréquenter le cabaret de Mama et encore plus de s'y
produire. Le père va passer son temps à picoler, à fumer clopes
sur clopes, à glander dans l'appartement.
Jesús
va trouver un peu de réconfort chez Nita. Il va demander des
conseils à Don (Luis Angel Batista Bruzón), jeune prostitué dans
un jardin public dont la technique, pour soutirer de l'argent à ses
clients, est de feindre d'être blessé. Quant à sa meilleure amie
Cecilia (Laura Alemán), elle s'entiche d'un jeune boxeur macho, elle
demande régulièrement à Jesús de lui prêter son lit pour passer
du temps avec son nouvel amoureux.
Le
film du réalisateur irlandais Paddy Brethnach se répartit entre
trois lieux. L'appartement représente le présent morne et
difficile. La salle de boxe où son père espère revenir sur le ring
est l'image du passé que Jesús tente d'effacer. Le cabaret
représente l'avenir que le jeune homme espère meilleur. Il passe,
avec son sempiternel petit short et ses t-shirts échancrés, d'un
lieu à l'autre, traversant les rues délabrées de La Havane.
Avec
un minimum de clichés (sur les travestis, les boxeurs, la
prostitution, le passage à l'âge adulte et la pauvreté à Cuba),
Viva
passe du film musical au thriller lorsque Angel se montre menaçant
face à son fils. Quelques passages sont plutôt drôles (les vannes
entre les artistes du cabaret, les fausses blessures de Don). Viva
commençait avec le show de Mama, il se finit, chargé de larmes
bienfaitrices, avec le numéro de Viva.
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