mercredi 13 juillet 2016

Hibou (Ramzy Bedia, 2016)

Comme j’apprécie ce que font Eric et Ramzy, ensemble ou en solo, je vais voir les films qu'ils font. Six mois après La Tour 2 contrôle infernale par Eric Judor, que j'avais qualifié de film au futur antérieur, voici Hibou de Ramzy Bedia, un film, pour sa part, au conditionnel. Sur le mode de ces jeux pour enfants « alors, on dirait que je suis un hibou et toi on dirait que tu es un panda ». Mais avant que le costume de hibou n'enveloppe Ramzy Bedia et que celui de panda ne couvre Elodie Bouchez, on fait connaissance avec les personnages sans déguisement.

Ramzy est Rocky. Même lettre de début et de fin, idéal pour un prénom qui roule. Rocky a un boulot dans une entreprise de pharmacie. Il contrôle les notices des médicaments. Son bureau est un foutoir improbable où les modes d'emploi tous froissés s'amoncellent sur son espace de travail. Il est intéressant de voir que son ordinateur est un iMac, ces vieux Apple en forme d'escargot qui faisaient fureur au début du millénaire. Il est bordélique, il oublie toujours son pass pour le portique, sous le regard méprisant de Christel, l'hôtesse « d'accueil ».

J'aime beaucoup les regards que lance Rocky à ses collègues qui ne daignent pas jeter un œil sur lui. La « charmante » Christel prend une photo à chaque gaffe de Rocky, les quatre collègues de son bureau ouvert prennent le café ensemble, le déjeuner ensemble, passent le week-end ensemble, sans que jamais ils ne pensent à l'inviter ou lui proposer de participer. Rocky s'incruste dans les conversations, balance une blagounette, répond à une question. Personne ne fait attention à lui. Rocky est « seul one ».

Plus qu'un scénario vraiment développé, Hibou prend la voie buissonnière avec des petits détails insignifiants mais qui constituent les personnages. Rocky ne mange que des boîtes de conserve de thon, de toutes les recettes, de toutes les variétés. Son placard en est rempli. Rocky porte des pantalons trop courts, ce qui sur un grand échalas comme Ramzy Bedia confère un aspect enfantin qui rappelle Pee-Wee Herman. Rocky dort sur son canapé et son réveil a une drôle de sonnerie. Et un matin, un hibou est là à le regarder.

Pourquoi un hibou ? La seule réponse valable est : pourquoi pas ? Un hibou, surtout ce grand duc, c'est très beau. Il lance son petit cri, il tourne la tête, il ouvre ses grand yeux jaunes et noirs. Et ça mange quoi un hibou ? Direction l'animalerie tenue par Etienne Chicot (et la voix d'Elodie Bouchez). Ça mange des souris. Va pour les souris. Rocky va décider de porter ce costume de hibou pour attirer l'attention sur lui, mais personne ne va même remarquer la différence, sauf cette fille qui porte un costume de panda.

Les acteurs québécois (le film a été tourné au Canada) jouent tous des personnages falots. Le film développe, à côté de son récit gentiment surréaliste, une galerie de personnages farfelus. Le patron irascible (François Rollin), le père musicien retraité (Guy Marchand), le voisin du dessous (Philippe Katerine) chanteur de la Banane, un bénévole associatif (Franck Gastambide) et bien-sûr Eric Judor en vendeur de café. Le film a la bonne idée d'être court, il trébuche parfois, il est inégal, on sourit un peu, c'est tout en douceur. J'attends son deuxième film.

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