Les
joies matrimoniales ont un revers selon Harold Lloyd dans Hot
water : les affres de la
belle-famille. Il s'était pourtant promis de ne jamais se marier et
encourageait son meilleur ami, qui court à la chapelle, à renoncer
aux épousailles. Harold fort de ses bons conseils de témoin
célibataire pensait ne jamais tomber amoureux d'une femme, c'était
sans compter sur le destin où il croise le regard de « merlan
frit », comme le dit l'intertitre, de Jobyna Ralston. Un
intertitre suivant, toujours sur le même mode ironique et comique
des films d'Harold Lloyd explique qu'ils se sont mariés.
D'une
durée d'un peu moins d'une heure, Hot water est composé de
trois séquences burlesques d'environ un quart d'heure, chacune
entourées de petites scènes de transition. Désormais marié,
Harold doit faire les courses pour le ménage. Les deux ou trois
trucs sur la liste de Jobyna se transforment en un très grand nombre
de paquets. Qui plus est, Harold gagne un dindon à la tombola. C'est
donc avec tout ce bardas qu'il doit se rendre du magasin jusque chez
lui. Les paquets tombent. Puis, dans la tramway, il perturbe les
autres passagers avec son dindon qui, forcément, se glisse sous la
robe d'une dame.
Pendant
ce temps, Jobyna reçoit la visite de sa chère maman, de son grand
frère et de son petit frère. Assez vite, les caractéristiques de
la belle-famille sont campés. La belle-mère est un femme acariâtre
qui va reprocher à Harold de fumer la pipe, le beau-frère adulte
est un paresseux sans-gêne qui accapare le fauteuil d'Harold et le
gamin est une peste qui ne fait que des bêtises. Chaque fois que
l'un d'eux commet un impair, la belle-mère, outrée, attribue la
faute à Harold. Le vase que le môme a fait tomber : il était
mal rangé et il aurait pu le blesser.
Après
la longue séquence du dindon, voici celle de l'automobile. Harold a
pu acheter une voiture « Butterfly Six » pour seulement
99 mois de crédit. Il voulait emmener sa petite femme faire un tour,
mais toute la belle-famille s'incruste dans le véhicule. Non
seulement la belle-mère fait des remontrances sur la conduite
d'Harold, mais en plus son foulard vole dans ses yeux. Puis, dans la
ville, les incidents se multiplient, les policiers y mettent du leur,
la voiture neuve devient une carcasse en mille morceaux.
Nouvel
intermède de retour à la maison. Désarmé devant la destruction de
sa voiture, Harold trouve réconfort grâce à son voisin. Ce dernier
lui propose une gorgée d'alcool de contrebande (nous sommes en
pleine prohibition) et Harold boit toute la bouteille. Il arrive
complètement soûl pour le dîner. Son comportement devient
incontrôlable. Il est incapable de servir le repas. Les moqueries de
la belle-mère n'en seront que plus grandes, d'autant qu'elle fait
partie de la ligue contre l'alcool. En substance, le film dit que les
gens sobres sont pénibles.
La
dernière séquence de Hot
water est
celle du chloroforme. La
terrible belle-mère est anesthésiée par erreur. Mais Harold croit
qu'elle est en train de mourir. Jobyna et ses frères sont dans la
chambre avec leur mère, Harold dans le couloir. Il interprète de
travers chaque phrase, retranscrits par les intertitres, et chaque
signe, qu'il prend pour des accusations. Les quiproquos s'enchaînent
à un rythme soutenu et la raison d'Harold est traversée d'un vent
de panique dans cette première production indépendante de l'acteur
après avoir quitté Hal Roach.
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