« Ecrit
et réalisé par Abbas Kiarostami », générique en farsi de
Close up (1990)
Au
travers des oliviers est le premier film d'Abbas Kiarostami que
j'ai vu au cinéma. J'avais 23 ans, je trouvais le titre très beau,
et je suivais rigoureusement les conseils proférés par les Cahiers
du cinéma. La revue s'en était donné à cœur joie, pas moins de
six pages, presque sans illustration. Je me rappelle encore mon
impression hébétée à la sortie du film, pas certain d'avoir aimé
ça, pas certain d'avoir tout compris. C'était mon tout premier film
iranien, mon premier Kiarostami qui vient de mourir à 76 ans. Comme
Jean-Pierre Melville, Jean-Luc Godard et Wong Kar-wai, le cinéaste
iranien arborait une paire de lunettes noires, moins sombres que ses
illustres pairs, ce qui ajoutait au mystère du bonhomme. Il avançait
toujours avec un petit sourire énigmatique.
De
ce film, Au travers des oliviers, que je n'ai pas revu depuis
21 ans, je me souviens de plans épars, cette maison garnie de pots
de géranium et de ce long plan final, filmé de très loin, où
l'homme suit la femme, elle en voile blanc blouse noire et lui en
chemise blanche pantalon noir. Ils traversent tout le cadre,
descendent une colline. Le genre de séquence qui imprime
durablement. L'arrivée d'Abbas Kiarostami dans le paysage français
s'est fait tardivement, au début des années 1990, Où est la
maison de mon ami (1987, sorti début 1990), Close up (1990,
sorti fin 1991), Et la vie continue (1991, sorti fin 1992) ont
été diffusé dans les cinémas Art et essai. Et puis, en 1997,
Isabelle Adjani décide d'offrir, ex-aequo avec L'Anguille de
Shohei Imamura, la Palme d'or du Festival de Cannes 1997.
Cette
reconnaissance tardive mais certaine, au moins auprès de la critique
(l'un des cinéaste adulé à la fois par les Cahiers du cinéma et
Positif), et pour un public restreint mais fidèle masque qu'Abbas
Kiarostami avait alors plus de 25 ans de cinéma dans le viseur. Il
avait commencé à la fin des années 1960, alors que l'Iran était
encore une monarchie, à la KANUN (l’Institut
pour le Développement Intellectuel des Enfants et des Jeunes
Adultes) avec toute une série de courts-métrages ayant pour cadre
l'école, la famille et pour sujets des enfants. Certains de ces
films sont disponibles en DVD. Ni tout à fait des documentaires, pas
vraiment des fictions, ces courts-métrages permettent au cinéaste
d'expérimenter la narration à double sens et la direction d'acteurs
non professionnels. L'art du simulacre porté au paroxysme.
L'œuvre
kiarostamienne couvre de nombreux sujets. L'enfance tout d'abord
(sommets Le Passager
sur un enfant qui veut assister à un match de foot, Où
est la maison de mon ami ?
sur un gamin qui traverse la campagne semée d'obstacles). La femme
également que le cinéaste filme à la recherche de son identité
(sommet Ten,
entièrement filmé dans une voiture, en 10 plans séquence). La
voiture, présente dans beaucoup de ses films symbolisent le
travelling (le voyage) qui, comme on le sait tous, est une affaire de
morale. Abbas Kiarostami a aussi été le scénariste de certains
films de Jafar Panahi. En 2009, il quitte l'Iran pour tourner en
occident, Copie conforme sorte
d'hommage à Voyage en Italie de
Rossellini, Like someone in love tourné au Japon,
films moins passionnants.
Le
cinéma est le sujet majeur de son œuvre. Et la vie
continue met en scène un
cinéaste qui visite les ruines du nord de l'Iran suite à un
tremblement de terre, Au travers des oliviers
se concentrera sur Hossein rencontré dans le film précédent. Dans
Le Vent nous emportera,
le cinéaste voyageur ressemble comme deux gouttes d'eau à
Kiarostami. Le sommet du genre est Close up,
incroyable et fascinante mise en abyme sur un homme se fait passer
pour Mohsen Makhmalbaf où tout est reconstitué avec les vrais
protagonistes. Et Abbas Kiarostami a photographié de nombreux
paysages, aussi beaux que ceux de ses films. Et la vie continue...
Le Pain et la rue (1970)
Le Pain et la rue (1970)
Le Pain et la rue (1970)
Le Passager (1974)
Le Passager (1974)
Le Passager (1974)
Le Passager (1974)
Où est la maison de mon ami (1987)
Où est la maison de mon ami (1987)
Où est la maison de mon ami (1987)
Devoirs du soir (1990)
Devoirs du soir (1990)
Close up (1990)
Close up (1990)
Close up (1990)
Close up (1990)
Close up (1990)
Et la vie continue (1991)
Au travers des oliviers (1994)
Au travers des oliviers (1994)
Au travers des oliviers (1994)
Au travers des oliviers (1994)
Le Goût de la cerise (1997)
Le Goût de la cerise (1997)
Le Goût de la cerise (1997)
Le Goût de la cerise (1997)
Le Vent nous emportera (1999)
Le Vent nous emportera (1999)
Le Vent nous emportera (1999)
Le Vent nous emportera (1999)
Le Vent nous emportera (1999)
Le Vent nous emportera (1999)
ABC Africa (2001)
Ten (2002)
Ten (2002)
Ten (2002)
Five (2004)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire