mardi 5 juillet 2016

Abbas Kiarostami (1940 - 2016)

« Ecrit et réalisé par Abbas Kiarostami », générique en farsi de Close up (1990)

Au travers des oliviers est le premier film d'Abbas Kiarostami que j'ai vu au cinéma. J'avais 23 ans, je trouvais le titre très beau, et je suivais rigoureusement les conseils proférés par les Cahiers du cinéma. La revue s'en était donné à cœur joie, pas moins de six pages, presque sans illustration. Je me rappelle encore mon impression hébétée à la sortie du film, pas certain d'avoir aimé ça, pas certain d'avoir tout compris. C'était mon tout premier film iranien, mon premier Kiarostami qui vient de mourir à 76 ans. Comme Jean-Pierre Melville, Jean-Luc Godard et Wong Kar-wai, le cinéaste iranien arborait une paire de lunettes noires, moins sombres que ses illustres pairs, ce qui ajoutait au mystère du bonhomme. Il avançait toujours avec un petit sourire énigmatique.

De ce film, Au travers des oliviers, que je n'ai pas revu depuis 21 ans, je me souviens de plans épars, cette maison garnie de pots de géranium et de ce long plan final, filmé de très loin, où l'homme suit la femme, elle en voile blanc blouse noire et lui en chemise blanche pantalon noir. Ils traversent tout le cadre, descendent une colline. Le genre de séquence qui imprime durablement. L'arrivée d'Abbas Kiarostami dans le paysage français s'est fait tardivement, au début des années 1990, Où est la maison de mon ami (1987, sorti début 1990), Close up (1990, sorti fin 1991), Et la vie continue (1991, sorti fin 1992) ont été diffusé dans les cinémas Art et essai. Et puis, en 1997, Isabelle Adjani décide d'offrir, ex-aequo avec L'Anguille de Shohei Imamura, la Palme d'or du Festival de Cannes 1997.

Cette reconnaissance tardive mais certaine, au moins auprès de la critique (l'un des cinéaste adulé à la fois par les Cahiers du cinéma et Positif), et pour un public restreint mais fidèle masque qu'Abbas Kiarostami avait alors plus de 25 ans de cinéma dans le viseur. Il avait commencé à la fin des années 1960, alors que l'Iran était encore une monarchie, à la KANUN (l’Institut pour le Développement Intellectuel des Enfants et des Jeunes Adultes) avec toute une série de courts-métrages ayant pour cadre l'école, la famille et pour sujets des enfants. Certains de ces films sont disponibles en DVD. Ni tout à fait des documentaires, pas vraiment des fictions, ces courts-métrages permettent au cinéaste d'expérimenter la narration à double sens et la direction d'acteurs non professionnels. L'art du simulacre porté au paroxysme.

L'œuvre kiarostamienne couvre de nombreux sujets. L'enfance tout d'abord (sommets Le Passager sur un enfant qui veut assister à un match de foot, Où est la maison de mon ami ? sur un gamin qui traverse la campagne semée d'obstacles). La femme également que le cinéaste filme à la recherche de son identité (sommet Ten, entièrement filmé dans une voiture, en 10 plans séquence). La voiture, présente dans beaucoup de ses films symbolisent le travelling (le voyage) qui, comme on le sait tous, est une affaire de morale. Abbas Kiarostami a aussi été le scénariste de certains films de Jafar Panahi. En 2009, il quitte l'Iran pour tourner en occident, Copie conforme sorte d'hommage à Voyage en Italie de Rossellini, Like someone in love tourné au Japon, films moins passionnants.

Le cinéma est le sujet majeur de son œuvre. Et la vie continue met en scène un cinéaste qui visite les ruines du nord de l'Iran suite à un tremblement de terre, Au travers des oliviers se concentrera sur Hossein rencontré dans le film précédent. Dans Le Vent nous emportera, le cinéaste voyageur ressemble comme deux gouttes d'eau à Kiarostami. Le sommet du genre est Close up, incroyable et fascinante mise en abyme sur un homme se fait passer pour Mohsen Makhmalbaf où tout est reconstitué avec les vrais protagonistes. Et Abbas Kiarostami a photographié de nombreux paysages, aussi beaux que ceux de ses films. Et la vie continue...
 Le Pain et la rue (1970)
 Le Pain et la rue (1970)
 Le Pain et la rue (1970)
 Le Passager (1974)
 Le Passager (1974)
 Le Passager (1974)
 Le Passager (1974)
 Où est la maison de mon ami (1987)
 Où est la maison de mon ami (1987)
 Où est la maison de mon ami (1987)
 Devoirs du soir (1990)
 Devoirs du soir (1990)
 Close up (1990)
 Close up (1990)
 Close up (1990)
 Close up (1990)
 Close up (1990)
 Et la vie continue (1991)
 Au travers des oliviers (1994)
  Au travers des oliviers (1994)
  Au travers des oliviers (1994)
  Au travers des oliviers (1994)
 Le Goût de la cerise (1997)
 Le Goût de la cerise (1997)
 Le Goût de la cerise (1997)
 Le Goût de la cerise (1997)
 Le Vent nous emportera (1999)
  Le Vent nous emportera (1999)
  Le Vent nous emportera (1999)
  Le Vent nous emportera (1999)
  Le Vent nous emportera (1999)
  Le Vent nous emportera (1999)
 ABC Africa (2001)
 Ten (2002)
 Ten (2002)
 Ten (2002)
Five (2004)
 

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