dimanche 10 juillet 2016

Charlot musicien (Charles Chaplin, 1916)

On voit bien ce que Chaplin a voulu faire dans Charlot musicien (3ème production chez Mutual, sortie le 10 juillet 1916) : injecter du sentimentalisme dans son burlesque. Le titre original The Vagabond place son personnage, chapeau melon, veste étriquée, petite canne dans la lignée de ce qu'il a fait précédemment. Il ajoute à sa panoplie un violon et fait la manche dans un café. Mais une fanfare, semble-t-il bien meilleure, retient plus l'attention des piliers de bar que son morceau de violon. Il tente de récolter la recette de la fanfare ce qui provoque une course poursuite dans l'établissement. Et le vagabond s'enfuit.

Cette entrée en matière permet d'emmener le public venu assister à des numéros comiques vers un autre terrain, celui qui va intéresser Chaplin, une douceur et une part d'humanité plus importante. Première étape, la mère au visage triste qui contemple le portrait d'une enfant. Scène suivante, une femme (Edna Purviance) devant une roulotte de gitans obligée de faire la lessive. Telle une Cendrillon moderne, elle est martyrisée par une vieille femme dont on dirait une sorcière et un terrible bonhomme (Eric Campbell) qui la frappe, la fouette pour qu'elle accomplisse cette corvée. On imagine aisément que les gitans ont enlevé la fille du portrait et l'exploitent.

C'est ce moment-là, puisque la ville ne veut pas de lui, que le vagabond arrive et propose, contre quelques sous, de jouer du violon à la jeune femme. Elle n'a rien à lui offrir. Passés quelques gags comiques (le cul dans le baquet d'eau), Charlot comprend qu'elle est la souffre-douleur de la mégère et de l'affreux jojo. Il troque son inoffensive canne pour un gourdin et assomme toute la troupe. Je ne m'étendrai pas sur l'imagerie des gitans que suggère, sans aucune nuance, Charlot musicien. Il s'agit d'un burlesque qui tend à l'exagération extrême. Charlot libère la jeune femme de son joug et vole la roulotte.

Cela amène ensuite à une esquisse de romance entre Edna et son libérateur. Ce dernier veut bien faire et la gâte en lui préparant en copieux déjeuner. Edna croise alors un peintre qui décide immédiatement de faire son portrait. Sur le bras d'Edna, il remarque un marque de naissance en forme de trèfle. Lors de l'exposition, la mère voit le portrait et retrouve sa fille. Il faut bien le dire, le système de Charles Chaplin n'est pas encore tout à fait au point, son sentimentalisme reste un peu mièvre. Le film est trop court (25 minutes) pour vraiment développer la partie des retrouvailles. On sait qu'il s'améliorera.














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