Michael
Cimino est mort samedi 2 juillet. Sept films, du Canardeur en
1974 à The Sunchaser en 1996, auquel il faut ajouter un
sketch du film Chacun son cinéma produit par Gilles Jacob en
2007. Voyage au bout de l'enfer (1978) est son plus grand
film, le plus connu, immense succès public, réussite artistique,
engouement critique, Oscar à la clé et la scène de la roulette
russe passée à la postérité, résumé parfait du traumatisme de
la guerre du Viet Nam. Scène reprise, parodiée, emblématique. La
Porte du paradis est une autre histoire. Mutilé par United
Artists, détruit par la critique, d'une durée inhabituelle pour
l'époque, son film marque en 1980 la fin du Nouvel Hollywood et la
violente reprise en main par les studios de la liberté artistique de
nombreux cinéastes.
Les
années suivantes sont difficiles pour Michael Cimino. L'Année du
dragon (1985) met en scène Mickey Rourke dans son meilleur rôle,
l'air constamment hébété. Les trois derniers films, Le Sicilien
(1987) avec Christophe Lambert, La Maison des otages (1990) à
nouveau avec Mickey Rourke, remake d'un polar avec Humphrey Bogart,
puis The Sunchaser (1996) sortent au mieux dans une défense
polie de la critique au pire sous les moqueries de ses contempteurs.
Ces trois derniers films, rarement vus par le public (des gros bides
au box office), ont plombé ses projets ultérieurs. Michael Cimino
venait chaque année au Festival Lumière de Lyon, après sa
métamorphose physique.
Le
Canardeur est produit par Clint Eastwood via sa société
Malpaso. Michael Cimino avait été le co-scénariste de Magnum
Force, suite de Dirty Harry. On a un peu de mal à
l'imaginer aujourd'hui, mais Clint Eastwood était considéré alors
par la critique française comme un facho, à cause précisément de
son personnage de Harry Callahan. Mais Le Canardeur perturbe
la presse, au lieu d'être un vigilante, le film est une
comédie, souvent très drôle. Clint Eastwood est Thunderbolt et
Jeff Bridges est Lightfoot. Le premier fuit devant Red Leary (George
Kennedy) et grimpe dans la voiture que vient de voler Lightfoot. Ils
ne se connaissent pas encore.
Le
hasard les a fait se rencontrer sur une route de l'Amérique profonde
et rurale. Thunderbolt se faisait passer pour un pasteur. Pendant une
bonne demi-heure, Michael Cimino ne dira rien de cet homme, il ne
racontera pas son histoire. Pour l'instant, il préfère filmer le
duo dans les villes de rednecks, dans les restaurants routiers, les
motels miteux illuminés de néon, les longues routes désertes au
milieu des immenses paysages de l'ouest américain. Ils sont seuls
au monde, ils conduisent à tout de rôle dans la grande plaine
ensoleillée, magnifié par le cadre cinémascope.
D'abord
quelques moments de comédie. Jeff Bridges arbore son plus grand
sourire aux dents blanches, Clint Eastwood serre les mâchoires mais
esquisse souvent un sourire. Lightfoot s'exprime par dictons, qu'il
sort naïvement en se prenant pour un sage. Ils piquent une voiture à
une station service, le couple spolié se retrouvera cul par terre.
Dans la caisse, plein de fringues qu'ils vont porter. Lightfoot
invite deux filles dans le bungalow, dont Catherine Bach, connue pour
avoir été de longues années Daisy Duke dans la série Shérif
fais-moi peur. Ils vont à Warsaw, Montana, et s'achètent des
glaces à la pistache.
Warsaw
est le but du voyage de Thunderbolt. Là, est caché depuis des
années le magot d'un braquage, derrière le tableau de l'école.
Thunderbolt explique tout à Lightfoot dans un flashback sans image,
uniquement des dialogues, à la John Ford. Pendant ce temps, Red
Leary et son comparse Goody (Geoffrey Lewis) surveillent les deux
hommes. Red est un sanguin, soupe au lait et cherche vengeance, Goody
est un grand maladroit, pas bien malin. Red engueule souvent son
comparse. Ils finissent par retrouver le duo de fuyards et les
menacent au revolver. Pas de chance, l'école a été démolie, adieu
le trésor du braquage que Thunderbolt et Red avaient commis
ensemble.
La
deuxième partie du Canardeur se centre sur le casse qu'ils
décident de faire tous les quatre. Lightfoot en a eu l'idée, excité
par l'aventure. Michael Cimino en filme les préparatifs puis son
accomplissement. D'abord, ils doivent faire quelques boulots pour se
payer un loyer, Thunderbolt ouvrier, Lightfoot terrassier et Goody
vendeur de glaces, Red est trop snob pour travailler. Puis, la
tension augmente avec une belle efficacité, avec une minutie qui
confine parfois à l'obsession. Le film est aussi une réflexion
émouvante sur les rapports d'amitié entre Thunderbolt et Lightfoot,
malgré leur différence d'âge. Une relation père fils troublante.
3 commentaires:
On dirait Gary Busey à droite sur la 19ème photo.
C'est lui ?
C'est bien Busey, d'où la capture d'écran. Un collègue de Lightfoot quand il terrasse le jardin.
Une des plus belles collections de ratiches du cinéma américain,
avec son fils bien sûr (Starship Trooper).
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