J'avais
un peu peur que Elvis & Nixon ressemble à Frost/Nixon
de Ron Howard, et finalement pas du tout. Le film de Liza Johnson
(son premier à sortir en France) relate, de manière tout à fait
inventée – quoique – la rencontre entre Elvis Presley et le
président des Etats-Unis d'Amérique, Richard Nixon, pas encore
empêtré dans le Watergate. Ils se sont vus une seule fois, à la
Maison Blanche, le 21 décembre 1970, une photographie en témoigne
(on la découvre dans le générique de fin). Et tout cela donne une
petite comédie souvent drôle avec quelques moments de pure hilarité.
Elvis & Nixon a la très bonne idée d'être court, 86
minutes, temps idéal pour une comédie.
Michael
Shannon est Elvis et Kevin Spacey est Nixon. Aucun des deux acteurs
ne cherche à imiter la voix de son personnage, ni à lui ressembler,
ils sont à peine grimés. Tout passe par les costumes et les
accessoires (lunettes de soleil dorées d'Elvis, ceinture en or,
grosses bagouses et costume sombre pour Nixon), et par la gestuelle.
Kevin Spacey s'effondre sur son bureau, les bras croisés, le dos
arqué, abasourdi par la demande d'audience du King que lui formulent
ses deux directeurs de cabinet, Bud Krogh (Colin Hanks, le fils de)
et Dwight Chapin (Evan Peters). La rencontre n'arrive que dans le
dernier acte.
Le
film s'intéresse surtout à l'idée qu'a eu Elvis Presley de
proposer ses services à Nixon. Il veut devenir un agent du bureau
de lutte contre la drogue, il exige d'avoir un badge. Elvis est là,
dans une pièce de Graceland, à regarder trois télés en même
temps, zappant avec la télé-commande et constatant que le monde est
peuplé de hippies, de Black Panthers, de communistes qui veulent la
fin de la guerre au Vietnam. Tirant au pistolet à bout portant sur
sa télé qui donne une image peu conforme à ses opinions politiques
réactionnaires, Elvis pense être le seul capable d'aider le
Président. Il court à Washington demander son badge.
La
bonne idée de Michael Shannon est de jouer Elvis Presley comme un
enfant qui attendrait un beau cadeau et qui le commanderait au Père
Noël. Il déambule dans sa résidence le pas lent, jetant un coup
d'œil dans les pièces, histoire de voir si Priscilla ou le Colonel
sont là. Personne n'est là, il décide de partir à l'aventure et
se rend à l'aéroport au beau milieu de la nuit. La comédie
commence à ce moment quand les gens dans l'aéroport commencent à
le reconnaître, sans trop y croire, s'approchent de lui doucement.
Le King prend un billet d'avion tout seul, comme un grand. Il avouera
à la demoiselle du guichet que c'est la première fois qu'il fait
quelque chose tout seul.
Le
gars a beau être Elvis Presley, la plus grande star américaine de
l'époque, il a beau être reconnu par tous, y compris par la police,
il se fait arrêter comme un simple mortel à cause de son revolver
qu'il porte en bandoulière. Il a beau arborer un badge de shérif
(une habitude décidément), il doit appeler de l'aide. Nixon a deux
assistants, Elvis en aura deux aussi. Jerry (Alex Pettyfer), qu'Elvis
a connu à l'âge de 12 ans, et Sonny West (Johnny Knoxville). Et
c'est parti pour un périple de Memphis, Tennessee, à Washington DC
en passant par Los Angeles.
Les
scènes farfelues se succèdent sur un rythme soutenu. Elvis débarque
dans un magasin du quartier noir pour s'acheter un donut. Elvis écrit
une lettre à Richard comme un enfant. Elvis remet la lettre, en sortant de sa
limousine, aux vigiles de la Maison Blanche. Elvis va au distributeur
s'acheter une friandise. Toujours en jetant son petit regard étonné
d'être enfin libre de se déplacer comme il le souhaite. Et toujours
ces gens, encore plus étonnés, de le voir se promener tout seul. Et
soudain, un sosie d'Elvis lui déclare qu'il est très mal déguisé
pour un sosie d'Elvis.
Pendant
ce temps, ça carbure à la Maison Blanche. Parce que Bud Krogh et
Chapin doivent convaincre Nixon de rencontrer Presley. Mais le
président n'en a rien à foutre d'Elvis et refuse tout net. Les
scènes dans l'administration sont les plus réussies, notamment le
passage au contrôle où Elvis et ses acolytes déposent tous leurs
flingues et le cadeau pour Nixon, qui s'avère être un flingue.
Arrive enfin l'audience où Krogh a briefé le King sur le protocole.
Pour le plus grand bonheur du spectateur, Elvis ne respectera aucune
des consignes et transforme le rendez-vous en show loufoque, avec des
répliques très sérieuses donc totalement ridicules d'Elvis que
Michael Shannon rend hilarantes.
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