jeudi 21 juillet 2016

Elvis & Nixon (Liza Johnson, 2016)

J'avais un peu peur que Elvis & Nixon ressemble à Frost/Nixon de Ron Howard, et finalement pas du tout. Le film de Liza Johnson (son premier à sortir en France) relate, de manière tout à fait inventée – quoique – la rencontre entre Elvis Presley et le président des Etats-Unis d'Amérique, Richard Nixon, pas encore empêtré dans le Watergate. Ils se sont vus une seule fois, à la Maison Blanche, le 21 décembre 1970, une photographie en témoigne (on la découvre dans le générique de fin). Et tout cela donne une petite comédie souvent drôle avec quelques moments de pure hilarité. Elvis & Nixon a la très bonne idée d'être court, 86 minutes, temps idéal pour une comédie.

Michael Shannon est Elvis et Kevin Spacey est Nixon. Aucun des deux acteurs ne cherche à imiter la voix de son personnage, ni à lui ressembler, ils sont à peine grimés. Tout passe par les costumes et les accessoires (lunettes de soleil dorées d'Elvis, ceinture en or, grosses bagouses et costume sombre pour Nixon), et par la gestuelle. Kevin Spacey s'effondre sur son bureau, les bras croisés, le dos arqué, abasourdi par la demande d'audience du King que lui formulent ses deux directeurs de cabinet, Bud Krogh (Colin Hanks, le fils de) et Dwight Chapin (Evan Peters). La rencontre n'arrive que dans le dernier acte.

Le film s'intéresse surtout à l'idée qu'a eu Elvis Presley de proposer ses services à Nixon. Il veut devenir un agent du bureau de lutte contre la drogue, il exige d'avoir un badge. Elvis est là, dans une pièce de Graceland, à regarder trois télés en même temps, zappant avec la télé-commande et constatant que le monde est peuplé de hippies, de Black Panthers, de communistes qui veulent la fin de la guerre au Vietnam. Tirant au pistolet à bout portant sur sa télé qui donne une image peu conforme à ses opinions politiques réactionnaires, Elvis pense être le seul capable d'aider le Président. Il court à Washington demander son badge.

La bonne idée de Michael Shannon est de jouer Elvis Presley comme un enfant qui attendrait un beau cadeau et qui le commanderait au Père Noël. Il déambule dans sa résidence le pas lent, jetant un coup d'œil dans les pièces, histoire de voir si Priscilla ou le Colonel sont là. Personne n'est là, il décide de partir à l'aventure et se rend à l'aéroport au beau milieu de la nuit. La comédie commence à ce moment quand les gens dans l'aéroport commencent à le reconnaître, sans trop y croire, s'approchent de lui doucement. Le King prend un billet d'avion tout seul, comme un grand. Il avouera à la demoiselle du guichet que c'est la première fois qu'il fait quelque chose tout seul.

Le gars a beau être Elvis Presley, la plus grande star américaine de l'époque, il a beau être reconnu par tous, y compris par la police, il se fait arrêter comme un simple mortel à cause de son revolver qu'il porte en bandoulière. Il a beau arborer un badge de shérif (une habitude décidément), il doit appeler de l'aide. Nixon a deux assistants, Elvis en aura deux aussi. Jerry (Alex Pettyfer), qu'Elvis a connu à l'âge de 12 ans, et Sonny West (Johnny Knoxville). Et c'est parti pour un périple de Memphis, Tennessee, à Washington DC en passant par Los Angeles.

Les scènes farfelues se succèdent sur un rythme soutenu. Elvis débarque dans un magasin du quartier noir pour s'acheter un donut. Elvis écrit une lettre à Richard comme un enfant. Elvis remet la lettre, en sortant de sa limousine, aux vigiles de la Maison Blanche. Elvis va au distributeur s'acheter une friandise. Toujours en jetant son petit regard étonné d'être enfin libre de se déplacer comme il le souhaite. Et toujours ces gens, encore plus étonnés, de le voir se promener tout seul. Et soudain, un sosie d'Elvis lui déclare qu'il est très mal déguisé pour un sosie d'Elvis.

Pendant ce temps, ça carbure à la Maison Blanche. Parce que Bud Krogh et Chapin doivent convaincre Nixon de rencontrer Presley. Mais le président n'en a rien à foutre d'Elvis et refuse tout net. Les scènes dans l'administration sont les plus réussies, notamment le passage au contrôle où Elvis et ses acolytes déposent tous leurs flingues et le cadeau pour Nixon, qui s'avère être un flingue. Arrive enfin l'audience où Krogh a briefé le King sur le protocole. Pour le plus grand bonheur du spectateur, Elvis ne respectera aucune des consignes et transforme le rendez-vous en show loufoque, avec des répliques très sérieuses donc totalement ridicules d'Elvis que Michael Shannon rend hilarantes.

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