Parfois,
je n'ai pas envie d'écrire sur les films que je viens de voir, soit
parce que je les trouve trop navrants et franchement pas rigolos,
soit par paresse, soit parce que je n'ai pas grand chose à dire.
Voici les films que j'ai vu ce mois de novembre dans les sorties en
salles sur lesquels je vais me contenter d'écrire quelques lignes.
Macbeth
(Justin Kurzel, 2015)
Illustration
parfaite du Nouvel Académisme qui sévit actuellement. Soit un
mélange entre Mel Gibson et Christopher Nolan. Ce dernier pour le
sérieux à tout crin dans chaque plan comme s'il le réalisateur
australien voulait faire un chef d’œuvre et pour cette
photographie marron qui illustre que la tragédie est partout. Mel
Gibson (le cinéaste de Braveheart
et La Passion du Christ)
pour la sauvagerie comme mode de vie, le sadisme qui fait gicler le
sang sur la boue. On en reviendrait presque à regretter la
perfection des boutons de guêtres de l'Ancien Académisme. L'absence
de charisme de Michael Fassbender qui délivre chaque vers en
fronçant les sourcils et en serrant la mâchoire est désolante de
naïveté.
L'Hermine
(Christian Vincent, 2015)
Les
retrouvailles entre Christian Vincent et Fabrice Lucchini, 25 ans
après La Discrète
m'ont plu. Le film de procès n'existait pas, Christian Vincent doit
tout inventer. Pour ça, il faut oublier le cinéma américain riche
en rebondissements et plaidoyers, totalement absents ici. L'Hermine
sera donc un film sur le langage. On dit « Monsieur le
Président » et non pas « Monsieur le Juge », on
écoute tant bien que mal deux témoins qui ont du mal à trouver
leurs mots, on se demande pourquoi l'inspecteur fait parler l'accusé
avec de l'imparfait du subjonctif et l'accuse répète toujours la
même phrase. Les jurés doivent se taire, tout le temps. Lucchini
est à la fois sobre et puissant, ça ne lui était pas arrivé
depuis... (mettre ici un titre de film de votre choix)
Hunger
games, la révolte partie 2
(Francis Lawrence, 2015)
Largement
supérieure à la partie 1, cette révolte est sanglante (mais moins
que dans un film de Mel Gibson) et grisâtre (mais moins marron que
dans un film de Christopher Nolan). La franchise propose une
impressionnante dialectique sur le totalitarisme. La seule question
que je me pose est ce que va bien pouvoir faire maintenant Jennifer
Lawrence. Sa voix éraillée est son atout majeur et j'imagine que
les rôles de personnages brisées par la vie vont ponctuer sa
carrière dans les 25 prochaines années. Si elle parvient à sortir
du carcan dans lequel David O. Russell risque de l'enfermer, elle
pourrait être une merveilleuse actrice de comédie. Pourvu que sa
carrière soit plus fructueuse que celle d'Ellen Barkin à qui elle
me fait penser.
Au
royaume des singes (Mark
Linfield et Alastair Forgethill, 2015)
Pour
parler de la lutte des classes, Disney Nature, producteur de ce
pseudo documentaire, passe par le Sri Lanka et une colonie de
macaques qui loge dans les ruines d'un palais royal. Le pire est que
la gentille maman singe qui était brimée par le méchant dictateur
singe devient, par un coup d'état, celle qui devient l'épouse du
nouveau dictateur. Un jour, peut-être mais j'en doute, Disney
parlera de la vraie vie des pauvres sans passer par des images
aseptisées et un commentaire lénifiant.
Crazy
Amy (Judd Apatow, 2015)
On
me dit dans l'oreillette qu'Amy Schumer est génialement drôle.
C'est bien sûr totalement faux. Son humour ne prend aucun risque
puisque quand elle humilie chacun de ses partenaires à l'écran
(John Cena comme ses différents plans cul), elle s'en sort toujours
avec une petite pique cynique sans que jamais son personnage ne soit
mis en danger. L'idée aberrante de prendre des acteurs médiocres
(John Cena comme LeBron James) pour lui donner la réplique se
retourne contre elle. Aucun gag ne fonctionne car seules la chute de
ses blagues lui importe. Son personnage est un condensé de plusieurs
personnages de sitcom (disons Happy
endings ou Friends)
où chacun se tire la bourre. Le scénario est un condensé de
sketches qui pourraient être monté dans n'importe quel ordre.
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