mardi 10 novembre 2015

A Swedish love story (Roy Andersson, 1970)

 
Les deux amoureux de cette histoire d'amour suédoise sont deux adolescents. Pär (Rolf Sohlman) a quinze ans. Cheveux ondulés blonds, large sourire sur une solide dentition, Pär porte souvent un blouson de cuir quand il chevauche sa mobylette. Autour du cou, il porte un collier avec comme pendentif une croix. Annika (Ann-Sofie Kylin) a quatorze ans. Elle aussi est une jeune fille blonde aux cheveux longs. Elle aime porter des jupes courtes. Les deux jeunes gens se rencontrent par hasard lors d'un pique-nique que font leur famille respective dans le jardin d'un hôpitaL Pär et sa famille sont venus rendre visite à leur grand-père, Annika et les siens viennent déjeuner avec la tante Eva. Ce qui rapproche d'abord les deux familles, séparés par quelques mètres, chacune à une table différente dans le parc public, c'est l'aboiement du doberman d'Eva. Le chien ne cesse de japper et le grand-père exige de ses voisins de faire taire le molosse. Le film se terminera aussi par une scène de repas, nocturne cette fois.

Le premier contact est filmé par Roy Andersson en gros plans courts sur les visages. Sa mise en scène n'est pas encore celle de sa trilogie de la Suède en boite de conserve, filmée en très longs plans séquence d'ensemble. Les deux ados sont allés acheter au stand des sandwichs. Ils sont dans la file d'attente. Pär porte ce jour-là une cravate sur une chemise (et toujours son perfecto), il observe Annika. Les adultes entre eux les cachent, il faut légèrement se reculer pour s'apercevoir, puis reprendre sa place aussi furtivement pour faire croire qu'on ne s'intéresse pas à l'autre. Pär a toujours cet immense sourire charmeur, Annika cette moue légèrement boudeuse. L'approche est maladroite. Une sortie en boite de nuit avortée. Des confidences faites par des intermédiaires, en l'occurrence les meilleurs mais qui commencent à se lasser qu'ils n'osent pas s'approcher. Annika fait semblant de ne pas être intéressée par Pär, qui se fait tabasser par le chef de la bande dont elle fait partie. On pense qu'Annika et Pär vont se fâcher, ils deviennent au contraire dès lors inséparables. Le récit est minimaliste, quasi ineffable.

Les deux ados veulent se comporter comme des adultes, ils fument déjà des clopes, vont coucher dans le lit des parents jusqu'à ce que les parents rentrent justement. Les parents servent-ils de modèle aux ados pour devenir adultes ? Roy Andersson les filme comme des personnages un peu pathétiques. Le père de Pär est un garagiste incapable de raconter une blague, le père d'Annika est un vendeur de frigo petit bourgeois qui rêve d'accéder à une plus grande situation sociale. Les deux familles vont se réunir pour une fête de l'écrevisse dans la maison de campagne de Pär. Bavoir et chapeau pointu obligatoires. Roy Andersson filme, dans une Suède très ensoleillée, le changement de mentalités entre deux générations, celle née avant la guerre et celle née après. C'est l'accession à la consommation de biens (le frigo, la voiture), c'est la découverte de la liberté sexuelle, la tante Eva humiliée par son mari et les deux ados simplement contents d'être amoureux, ce sont les chansons en anglais (écrites par le cinéaste) plutôt que l'hymne national suédois chanté dans l'entreprise du père d'Annika.












Aucun commentaire: