L'une
des blagues récurrentes adressées à l'encontre de Jacques Rivette,
depuis 20 ans, était de se dire que son dernier film en date ne
faisant que deux heures et qu'il était en conséquence un court
métrage, à l'échelle rivettienne. Tout ça parce que Out
1 Noli me tangere dure 12h40
et que Out 1 Spectre
dure 4h15. Aujourd'hui, en cette période où certaines revues de
cinéma et certains magazines affirment que les séries télévisuelles
sont plus créatives que beaucoup de film, on comparera volontiers la
durée du film parce qu'il est en 8 épisodes d'une durée de 73 à
109 minutes. On comparera ça à True Detective par exemple, parce
que on parle tout le temps et qu'on se cache bien des choses mais le
cinéma de Rivette préfère filmer les moments de creux alors que la
télé doit constamment être dans les temps forts, proposer des
retournements de situations. De la même manière Céline
et Julie vont en bateau a une
durée équivalente à Titanic
mais les deux films ne se ressemblent pas.
Les
critiques des huit épisodes :
Le
coffret Carlotta qui sort permettra donc de découvrir pour la
première Out 1.
En Blu Ray ou DVD, les deux versions sont disponibles. Le format est
en 1:37, le film est en couleurs avec à partir de l'épisode 2 un
résumé de deux minutes de l'épisode précédent composé à partir
des photos de plateau de Pierre Zucca. Le film en version longue
(plus conforme à la réalité que version intégrale) n'a été
projetée que deux fois en 1971 et en 1990, mais il existait un
coffret VHS (je l'ai vu chez un de mes amis, jadis). En plus des deux
versions, le coffret présente un livre (en français et en anglais)
et un documentaire de 108 minutes sur l'histoire du film : Les
Mystères de Paris Out 1 de Jacques Rivette revisité
réalisé par Robert Fischer et Wilfried Reichardt. On y voit des
images d'archives de Rivette en 1972 et en 1990 (moins d'un mois
après la mort de Juliet Berto) parlant du film. Bulle Ogier, Hermine
Karagheuz, Michael Lonsdale (interprètes des films), Pierre William
Glenn (chef opérateur), Jean-François Stévenin (assistant) et
Stéphane Tchalgadjieff (producteur) interviewé en 2015 évoquent le
film, son tournage, ses improvisations qui ont tant fait souffrir
Bulle Ogier, le destin étrange des films.
Longtemps
invisible, ce cinéma des années 1970 est l'un des plus méconnus et
les moins analysés. Il vient d'un pays cinéma assez étrange pour
lequel j'ai toujours eu une grande fascination. J'ai d'abord
découvert tous ces films en lisant les Cahiers du cinéma qui m'a
amené vers le cinéma d'auteur et la Nouvelle Vague il y a environ
25 ans. Maintenant, les films politiques de Godard et du Groupe Dziga
Vertov sont disponibles mais pas encore ses émissions télé, ceux
des Straub aussi. Comment
Yukong déplaça les montagnes
de Joris Ivens et Marceline Loridan sont édités en DVD (environ 12
heures), tout comme Hitler un
film d'Allemagne de Hans
Jürgen Syberberg (seulement 6h50, petit joueur). Voir ces films ont
longtemps constitué un Graal pour moi et découvrir Out
1 Noli me tangere avec son
titre si étrange, c'est faire partie d'un club restreint (mais de
moins en moins). Out 1
n'est pas un film expérimental, comme l'est Sleep
d'Andy Warhol. Au cas où la durée ferait peur, il faut constater
que le film se regarde facilement (sauf quelques improvisations
théâtrales de Michael Lonsdale, il faut le reconnaître).
Désormais, le film est à tout le monde.
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