vendredi 20 novembre 2015

Charlot au music hall (Charles Chaplin, 1915)

 
Charlot au music hall (A night in the show) est sorti sur les écrans américains le 20 novembre 1915. C'est toujours un peu émouvant de pouvoir voir un film centenaire. Contrairement à ses autres films Essanay, Charles Chaplin ne met pas en scène Charlot, son personnage qui tentait à chaque film de pratiquer une activité (marin, boxeur, accessoiriste de cinéma, pompier etc) avec des catastrophes dues à son incompétence. Dans Charlot au music hall, Chaplin joue deux rôles. Le « fâcheux » habillé en smoking et portant un haut de forme et le « chahuteur » portant une salopette de travailleur et un chapeau rond. Le premier est dans le parterre, avec les riches, le second au balcon avec les pauvres. Tous deux sont ivres et l'alcool va les faire perturber les numéros du spectacle. Au programme du show : une danseuse obèse, une charmeuse de serpents qui perd ses reptiles dans le public, deux chanteurs qui chantent faux et un cracheur de feu.

Le film (qui dure 24 minutes) est un concentré de burlesque. Le scénario est absent. Le fâcheux dérange les spectateurs autour de lui en changeant sans cesse de place (plan séquence où il les oblige à se lever plusieurs fois, où il s'assoit sur eux), puis il s'en prend aux musiciens et au chef d'orchestre. L'ouvreur décide de lui proposer un autre siège. D'abord une femme qu'il entreprend de séduire, mais il pose sa main sur celle de l'époux. Puis il s'assoit sur les hauts de forme d'un couple d'hommes qui protestent avec de grands gestes. Ensuite, une grosse bonne femme et finalement un gamin obèse et moqueur. Enfin, il se place juste devant la scène où il se met à intervenir dans les numéros du spectacle provoquant diverses catastrophes. La chahuteur est tellement enthousiaste par le spectacle qu'il manque de tomber de la rambarde en applaudissant. Chaque fois, il veut aller féliciter les artistes sans se rendre compte qu'il est en hauteur.

Le chahuteur, qui apparaît bien moins que le fâcheux, se contentera de verser de la bière sur le parterre, donc sur la tête du fâcheux qui est en dessous. En fin de film, le chahuteur actionnera la lampe à incendie sur le cracheur de feu. Le comique de Charlot au music hall se contente de déployer tout le panel du burlesque. Soit les chutes de personnages (le fâcheux surtout, mais aussi une grosse dame dans une fontaine et aussi les musiciens débordés par la situation), les tartes à la crème lancées aux visages, des tomates envoyées à la figure des deux chanteurs et enfin la lance de pompier. Les gags ne sont pas neufs, certes, mais ils sont en grande abondance et enchaînés sur un rythme effréné. Contrairement au gentil et candide personnage de Charlot le vagabond, pour y revenir, le fâcheux est un incarnation de la bêtise et de la mesquinerie, accentuées par l'alcool qui désinhibe son mauvais caractère. Conclusion : les gens riches ne sont pas fréquentables.











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