mardi 3 novembre 2015

Swoon (Tom Kalin, 1992)



L’histoire de Swoon, premier film de Tom Kalin produit par Christine Vachon (papesse du cinéma indépendant dont le fer de lance est Todd Haynes), est en substance la même que celle du Génie du mal de Richard Flesicher. A Chicago en 1924, deux jeunes hommes décident de tuer un garçon par pure plaisir nietzschéen. Ils s’appellent Nathan Leopold (Craig Chester) et Richard Loeb (Daniel Schlachet), ils se donnent respectivement comme petit nom Babe et Dickie. Babe porte un nœud papillon et Dickie une cravate. Babe collectionne les oiseaux empaillés.

La différence majeure d’aborder les deux personnages arrive immédiatement quand on les découvre dans un terrain vague au milieu de drag queens (l’un des nombreux anachronismes volontaires), c’est qu’ils s’embrassent à pleine bouche. Babe et Dickie sont amants, ce que le film de Richard Fleischer ne faisait que suggérer. Ce qui était également gommé en 1959, est la judéité des deux hommes. Swoon va jusqu’à évoquer Le Génie du mal par la voix de Nathan qui crie au scandale et à la trahison de se voir ainsi représenté dans le film.

Au-delà des différences, Swoon montre le caractère fusionnel des deux hommes, que l’on confond parfois tant ils se ressemblent. Ils commettent quelques crimes, expliquent-ils en voix off, pour voir les gens paniquer, les pompiers s’affairer contre un incendie, pour montrer qu’ils n’on ni Dieu ni Maître. Ils planifient le meurtre du garçon en le dissimulant sous une demande de rançon tapée à la machine avant même le kidnapping. Peu importe qui sera tué, l’un d’eux est même prêt à tuer son petit frère. Le garçon mort, Dickie s’auto-congratule pour son acte.

Le cinéaste charge les deux amants pour ensuite se lancer dans le procès de leurs juges. Babe et Dickie, devant les charges du procureur, s’accusent mutuellement d’avoir fracassé le crâne du garçon. Seul le spectateur a tout vu puisque, contrairement à Richard Fleischer, Tom Kalin montre tout le crime. Puis, ils s’accusent mutuellement d’avoir entrainé l’autre dans l’homosexualité, chose condamnée par la société chrétienne de 1924. Or ils sont jugés au nom de Dieu. Les deux amants s’étaient affirmés sans Dieu une fois le crime commis.

Le film, tourné en noir et blanc, mélange dans quelques scènes les images d’archive pour ancrer l’époque au récit. Il montre l’obsession des juges à désigner l’homosexualité comme le ferment du crime des deux hommes. Lors du procès, un plan métaphorique montre Babe et Dickie dans un lit tandis que le procureur les condamne pour ce qu’ils sont. Ils ne seront donc pas jugés pour le meurtre commis mais pour leur amour. Le dernier quart d’heure, en prison, montre une encore plus grande injustice quand Dickie se fait assassiner.











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