samedi 14 novembre 2015

Out 1 Noli me tangere, Deuxième épisode: De Thomas à Frédérique (Jacques Rivette, 1971)


 
Le deuxième épisode de Out 1 titré De Thomas à Frédérique commence sur la troupe de Thomas (Michael Londasle) assise sur le sol entourant tout un tas de documents sur Prométhée. On lit des textes en allemand, en anglais, on les traduit, on conclue que c'est mieux dans la langue d'origine. Surtout, tout le monde fume clope sur clope. En fin de film, Thomas et ses acteurs vont élaborer une scène sur la violence, tout le monde est autour d'une des actrices allongées. Pendant vingt minutes de l'épisode, les autres acteurs trépignent, hurlent, tapent des mains et des pieds sur le sol. On trouvera la troupe de Lili (Michèle Moretti) qu'à partir de la deuxième moitié, toujours appliquée à étudier le rythme et à scander la texte d'Eschyle. Elaine la musicienne n'a aucune peine a chanter les dialogues, alors que Lili est à l'effort à sa grande honte. Les deux troupes s'opposent encore plus dans leur méthode, Thomas cherchent à déstructurer et Lili à unifier.

On sort plus souvent des répétitions des troupes. Frédérique (Juliet Berto) va de café en café, toujours à la recherche de la même choses : de l'argent. Elle rencontre trois loubards, un homo et son petit chien puis deux érotomanes. Chaque fois elle parvient à leur voler quelques billets. Ensuite, elle se réfugie dans sa petite chambre, s'allonge en silence sur son lit. Jean-Pierre Léaud poursuit son personnage de sourd-muet à l'harmonica. Une femme (Marie de la troupe de Lili) lui donne, en passant, un papier. Le texte est énigmatique, comprenant deux fois le mot « treize ». Le jeune homme rentre chez lui étudier ce texte, il y trouve des traces de Lewis Carroll. Toujours en extérieur, Béatrice rencontre sur le toit d'un immeuble un professeur (Michel Delahaye), Lili donne des coups de fil puis rencontre une amie (Françoise Fabian), qui travaille au Palais de Justice. Elles discutent de Pierre et d'Igor, ce dernier ayant disparu, sans que l'on sache pour l'instant qui ils sont.

A ce stade du film, c'est-à-dire un peu plus de trois heures, il faut constater que les scènes de théâtre occupent les deux tiers du récit. Il faut être honnête, ces improvisations sont répétitives et souvent ennuyeuses. On peut s'y intéresser, et donc ne pas les trouver d'un ennui profond, si on les analyses comme un ethnologue sur ce qui devait se faire dans le théâtre amateur et d'avant-garde (comme dans Les Idoles de Marc'O). Et dans cet épisode, le cinéaste met le spectateur à rude épreuve. On constatera aussi que les plans séquences sont de moins en moins nombreux et régulièrement coupés par des inserts de gros plans des acteurs, souvent d'une durée extrêmement limitées (moins de 24 photogrammes). Jacques Rivette était censé être le cinéaste qui filmait le moins de gros plans du cinéma, c'est une vérité désormais caduc. A suivre...

Les captures d'écran sont issues du DVD édité par Carlotta.












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