lundi 9 novembre 2015

Avril et le monde truqué (Christian Desmares et Franck Ekinci, 2015)

Quelque chose d'assez cocasse et paradoxal est à la base d'Avril et le monde truqué : faire un film de science fiction dans un monde où la science n'aurait plus progressé depuis 1871. Ainsi, parce que Napoléon III serait mort dans une explosion, il n'aurait pas déclaré la guerre à la Prusse ce qui aurait déclenché une suite d'événements qui conduisent à ce que l'on ne découvre pas de nombreuses inventions, notamment l'électricité et on n'utiliserait pas de pétrole. Conséquence de tout cela : le charbon est la matière première de ce monde dystopique. Et une fois les mines de charbon épuisées, ce sont les arbres qui sont utilisés provoquant l'extinction des forêts en Europe. Conséquence de tout cela : les états européens font la guerre aux états américains. Les deux réalisateurs (Christian Desmares et Franck Ekinci) de ce film d'animation parviennent avec facilité à créer cet univers qui semble s'être arrêté à la fin du 19ème siècle. Les décors de la ville sont essentiellement aériens. Entre deux tours Eiffel (et oui) à peine cachées par les fumées et les nuages gris, on découvre les moyens de transport à vapeur qui permettent de relier Paris à Berlin en seulement 82 heures en cette belle année 1941 où se déroule le film.

Je me permettrai pour une fois de ne pas raconter bien plus du récit du film, fable écologiste plus fine que prévue. Je suppose qu'il fait une belle part à l'imaginaire de Tardi que je connais mal si ce n'est superficiellement. S'il fallait convaincre d'aller voir Avril et le monde truqué, je dirais qu'il ne ressemble absolument à la précédente adaptation de l'univers de Tardi, en l'occurrence le film de Luc Besson avec Louise Bourguoin dans la rôle d'Adèle Blansec. Le film est une production entre la France, le Canada et la Belgique. On entend, côté France, les voix de Marion Cotillard dans le rôle d'Avril et Jean Rochefort dans le rôle de son grand-père. Côté Belgique : Olivier Gourmet dans celui de son père, Boulli Laners dans le rôle du flic acharné. Côté Canada : Macha Grenon (elle jouait Megan dans Le Cœur a ses raisons) dans celui de sa mère et Marc-André Grondin dans le personnage de Julius, le titi parisien qui colle aux basques d'Avril. Il ne faut pas oublier Philippe Katerine. Le chanteur est l'attraction majeure du film, il donne sa voix au chat Darwin, car oui, les animaux parlent dans Avril et le monde truqué, et pas seulement ce chat bavard et spirituel mais aussi des varans. Et pourquoi pas ? On est dans la science fiction après tout.

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