dimanche 1 novembre 2015

Le Caravage (Alain Cavalier, 2015)

Le cheval hennit. « Tu dis bonjour ? », pause d'Alain Cavalier qui reprend « Bonjour, bonjour ». Le cinéaste se taira jusqu'à la fin, jusqu'à ce coup de langue sur l'objectif. Pour l'instant, il filme en très gros plan la robe du cheval, ce sera lui ce Caravage du titre avec cette couleur proche des tableaux du peintre. Il filme les yeux de très près, puis s'éloigne petit à petit. Le cheval est la vedette du spectacle de Bartabas. Il a droit à tout. Des tresses sur sa crinière, des soins attentifs, une douche bienfaisante, des caresses et des câlins. On soigne son sabot, on fait attention à ses pattes, sinon un accident et adieu le cheval vedette. Contrairement aux autres chevaux, figurants du film, qui partagent une étable, Caravage a sa propre loge, son box personnel. Les autres chevaux ne seront que des ombres chinoises derrière les toiles pendant le spectacle, Caravage sera au centre de la scène avec Bartabas sur son dos. Bartabas est un partenaire du cheval, un collègue de travail. Ils travaillent ensemble, une série de touk touk touk sort de la bouche de Bartabas, le cheval enchaîne tel pas, une série de tchip tchip tchip, il exécute une autre figure. Bartabas envisage parfois de lui dire « Non, non, NON ». Caravage tente un caprice de star, de n'en faire qu'à sa tête de partir en avant quand il faut reculer, mais le producteur Bartabas le remet en scène. Et puis les petits rituels de l'acteur, se rouler trois fois au milieu de la piste, et faire le tour de piste en courant comme un dératé. Caravage sait qu'il est une vedette, et le fait savoir. Ses regards caméra laissent Alain Cavalier bouché bée. Cela n'est pas la première fois. Déjà quand il filmait un autre acteur qui cabotinait dans René, le cinéaste lui laissait la vedette. Dans Pater, il tentait de rivaliser avec la star du cinéma français, Vincent Lindon. Cette fois, dans cette nouvelle tentative de filmer la société du spectacle, il trouve plus bavard que lui, sans que le cheval n'ait besoin de prononcer un seul mot. Sinon, il reste une vraie question : pourquoi l'image est-elle si moche ? Pourquoi Pathé, le producteur, ne peut-il pas fournir à Alain Cavalier une meilleure caméra où tout ne serait pas pixélisé à ce point sur l'écran de cinéma ?

Aucun commentaire: