jeudi 12 novembre 2015

Shaolin soccer (Stephen Chow, 2001)

 
Shaolin soccer était le cinquième film réalisé par Stephen Chow et son cinquantième en tant qu'acteur. Quand le film est sorti cet été 2002, presque en catimini, peu de monde savait qui il était. En l'occurrence, un champion du box-office à Hong Kong, battant Jackie Chan sur son propre terrain : la comédie burlesque et le cinéma d'action. Dans ses réalisations précédentes, Stephen campait un personnage centripète, tout tournait autour de lui pour en faire le centre de la fiction. Cette fois, il cède la place à la troupe, c'est-à-dire à l'équipe de football qui va s'engager dans un tournoi. Et une idée géniale, souvent imitée dans le cinéma de Hong Kong, jamais égalée : mélanger le kung-fu et le football.

Dans cette troupe d'acteurs avec lesquels Stephen Chow s'entoure depuis une dizaine d'années, il y a son alter ego moustachu, pour une fois pas cantonné dans le rôle du souffre-douleur. Ng Man-tat est Fung, un ancien footballeur estropié. Il est devenu le larbin d'un de ses anciens équipiers parvenu, entre-temps, au sommet du business du football chinois. L'arrivée de Sing (Stephen Chow) dans son monde va transformer sa vie. Sing souhaite transformer la vie des gens en les initiant au kung-fu. Selon lui, les arts martiaux peuvent les gens dans leur quotidien comme l'a enseigné le Maître Bruce Lee (preuves à l'appui avec quelques essais dans la rue).

Comme on le sait, le football ne se joue pas seul. Il faut une équipe. Sing va retrouver ses cinq frères connus dans une école de kung-fu. Allusion ironique à la bande de Jackie Chan, Sammo Hung, Yuen Biao qui firent pendant vint ans les beaux jours de la comédie cantonaise. Fung le constate vite, les frères de Sing sont des bras cassés et des ratés, tout comme lui. L'inadéquation entre leur surnom et leur physique constitue l'essence de l'humour du dilm. Ainsi « Vent léger sur l'eau » incarné par Lam Tze-chung est un obèse qui passe son temps à bouffer des chips. Il en va de même pour les autres frères qui rejettent la proposition de Sing de venir faire du football.

Les acteurs dans Shaolin soccer sont ce que l'on appelle des gueules. Stephen Chow n'hésite jamais pour pousser les situations jusqu'au grotesque. Visages grimaçants, tenues ridicules, situations humiliantes sont le lot des personnages du film. Ainsi Mui (Vicky Zhao), unique personnage féminin, est couverte d'acné et de cheveux gras, mais Sing la trouve très belle. Ses transformations physiques s'accompagnent d'un changement radical de mode de vie. Les personnages d'abord soumis et humiliés prennent dans un second temps leur revanche sur la vie. Stephen Chow montre une tendresse infinie pour tous ces ringards.

Le film doit sa réussite comique et humoristique (et a fait démentir ceux qui prétendaient que l'humour cantonais est incompréhensible en France) à quelques scènes d'anthologie. Le concert en moine Shaolin dans la boite de nuit entre Sing et « Tête de fer » (Wong Kai-ye). Le premier match du tournoi face à Vincent Kok (40 à 0). Le petit coucou de Cecilia Cheung et Karen Mok, actrices dans les films précédents de Stephen Chow. Et bien entendu le match ultra brutal entre l'équipe Shaolin de Sing et celle des Diables, si bien nommés. Pour mieux apprécier le film, il faut regarder la version dite internationnale du DVD Metropolitan HK Vidéo. D'ailleurs, à quand une édition vidéo remastérisée ?
















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