Shaolin
soccer était le cinquième film réalisé par Stephen Chow et
son cinquantième en tant qu'acteur. Quand le film est sorti cet été
2002, presque en catimini, peu de monde savait qui il était. En
l'occurrence, un champion du box-office à Hong Kong, battant Jackie
Chan sur son propre terrain : la comédie burlesque et le cinéma
d'action. Dans ses réalisations précédentes, Stephen campait un
personnage centripète, tout tournait autour de lui pour en faire le
centre de la fiction. Cette fois, il cède la place à la troupe,
c'est-à-dire à l'équipe de football qui va s'engager dans un
tournoi. Et une idée géniale, souvent imitée dans le cinéma de
Hong Kong, jamais égalée : mélanger le kung-fu et le
football.
Dans
cette troupe d'acteurs avec lesquels Stephen Chow s'entoure depuis
une dizaine d'années, il y a son alter ego moustachu, pour une fois
pas cantonné dans le rôle du souffre-douleur. Ng Man-tat est Fung,
un ancien footballeur estropié. Il est devenu le larbin d'un de ses
anciens équipiers parvenu, entre-temps, au sommet du business du
football chinois. L'arrivée de Sing (Stephen Chow) dans son monde va
transformer sa vie. Sing souhaite transformer la vie des gens en les
initiant au kung-fu. Selon lui, les arts martiaux peuvent les gens
dans leur quotidien comme l'a enseigné le Maître Bruce Lee (preuves
à l'appui avec quelques essais dans la rue).
Comme
on le sait, le football ne se joue pas seul. Il faut une équipe.
Sing va retrouver ses cinq frères connus dans une école de kung-fu.
Allusion ironique à la bande de Jackie Chan, Sammo Hung, Yuen Biao
qui firent pendant vint ans les beaux jours de la comédie
cantonaise. Fung le constate vite, les frères de Sing sont des bras
cassés et des ratés, tout comme lui. L'inadéquation entre leur
surnom et leur physique constitue l'essence de l'humour du dilm.
Ainsi « Vent léger sur l'eau » incarné par Lam
Tze-chung est un obèse qui passe son temps à bouffer des chips. Il
en va de même pour les autres frères qui rejettent la proposition
de Sing de venir faire du football.
Les
acteurs dans Shaolin soccer sont ce que l'on appelle des
gueules. Stephen Chow n'hésite jamais pour pousser les situations
jusqu'au grotesque. Visages grimaçants, tenues ridicules, situations
humiliantes sont le lot des personnages du film. Ainsi Mui (Vicky
Zhao), unique personnage féminin, est couverte d'acné et de cheveux
gras, mais Sing la trouve très belle. Ses transformations physiques
s'accompagnent d'un changement radical de mode de vie. Les
personnages d'abord soumis et humiliés prennent dans un second temps
leur revanche sur la vie. Stephen Chow montre une tendresse infinie
pour tous ces ringards.
Le
film doit sa réussite comique et humoristique (et a fait démentir
ceux qui prétendaient que l'humour cantonais est incompréhensible
en France) à quelques scènes d'anthologie. Le concert en moine
Shaolin dans la boite de nuit entre Sing et « Tête de fer »
(Wong Kai-ye). Le premier match du tournoi face à Vincent Kok (40 à
0). Le petit coucou de Cecilia Cheung et Karen Mok, actrices dans les
films précédents de Stephen Chow. Et bien entendu le match ultra
brutal entre l'équipe Shaolin de Sing et celle des Diables, si bien
nommés. Pour mieux apprécier le film, il faut regarder la version
dite internationnale du DVD Metropolitan HK Vidéo. D'ailleurs, à
quand une édition vidéo remastérisée ?
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