mardi 24 novembre 2015

Bianca (Nanni Moretti, 1984)

 
Plus que son travail de professeur de mathématiques, ce qu'aime Michele le personnage de Nanni Moretti dans Bianca, c'est espionner les gens, prendre des notes sur eux et se mêler de leur vie privée. Quand il arrive dans son nouveau poste au lycée Marilyn Monroe (tourné dans le lycée de son enfance), Michele est ravi de pouvoir commencer une nouvelle vie au milieu de gens bizarres. Le lycée est expérimental, le proviseur explique qu'il n'a pas pour but de former les élèves mais de les informer. Ainsi, lors de la visite de cette école d'un nouveau genre, Michele rencontre ses collègues, l'un vêtu comme un mafieux fait écouter une chanson sur juke-box, un autre se fait chahuter en donnant un cours classique – ce que lui reproche le proviseur, dans la salle des profs, les enseignants jouent au flipper pour se détendre.

Face à cette étrangeté, celle de Michele va s'accentuer comme si la boîte de Pandore était ouverte est qu'il pouvait tout se permettre. On avait déjà repérer dans la première scène sa manière de désinfecter sa salle de bains, en brûlant tout (plan en plongée à la Hitchcock), ou sa manière de lire au milieu d'un étang sous une ombrelle, ou encore sur la plage où il décide de se coucher sur une femme parce que tous les couples autour de lui le font. Tout va sa cristalliser quand il découvre la belle Bianca (Laura Morante), sa nouvelle collègue, qui apparaît devant ses yeux telle un ange tombé du ciel. Le monde va s'arrêter et elle va devenir sa nouvelle obsession, la suivre jusque chez elle, lui poser des questions étranges et précises mais très embarrassantes et indiscrètes. Bianca et Michele vont petit à petit devenir amants.

L'étrangeté de Michele se déploie sous des aspects divers et le film devient le miroir de son cerveau malade. Michele a de nombreuses obsessions, celle de se mêler de la vie des gens, de venir chez eux leur donner des leçons de vie (la voisine adultère, un de ses élèves amoureux). Il s'incruste chez les gens comme si c'était normal. Il adore plus que tout manger du nutella et, surtout, a inventé toute une théorie sur les chaussures que portent les gens. Tout cela ne serait rien si une série de morts ne venait mettre la puce à l'oreille du commissaire qui est persuadé que Michele est l'auteur de ces crimes. Il faut dire que sa voisine volage et un couple de ses amis sont morts étranglés. Toutes les valeurs de Michele sont inversées, comme si son personnage s'était échappé de la galerie de monstres du Fantôme de la liberté de Luis Buñuel. Un fascinant portrait de pervers narcissique.












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