Plus
que son travail de professeur de mathématiques, ce qu'aime Michele
le personnage de Nanni Moretti dans Bianca, c'est espionner
les gens, prendre des notes sur eux et se mêler de leur vie privée.
Quand il arrive dans son nouveau poste au lycée Marilyn Monroe
(tourné dans le lycée de son enfance), Michele est ravi de pouvoir
commencer une nouvelle vie au milieu de gens bizarres. Le lycée est
expérimental, le proviseur explique qu'il n'a pas pour but de former
les élèves mais de les informer. Ainsi, lors de la visite de cette
école d'un nouveau genre, Michele rencontre ses collègues, l'un
vêtu comme un mafieux fait écouter une chanson sur juke-box, un
autre se fait chahuter en donnant un cours classique – ce que lui
reproche le proviseur, dans la salle des profs, les enseignants
jouent au flipper pour se détendre.
Face
à cette étrangeté, celle de Michele va s'accentuer comme si la
boîte de Pandore était ouverte est qu'il pouvait tout se permettre.
On avait déjà repérer dans la première scène sa manière de
désinfecter sa salle de bains, en brûlant tout (plan en plongée à
la Hitchcock), ou sa manière de lire au milieu d'un étang sous une
ombrelle, ou encore sur la plage où il décide de se coucher sur une
femme parce que tous les couples autour de lui le font. Tout va sa
cristalliser quand il découvre la belle Bianca (Laura Morante), sa
nouvelle collègue, qui apparaît devant ses yeux telle un ange tombé
du ciel. Le monde va s'arrêter et elle va devenir sa nouvelle
obsession, la suivre jusque chez elle, lui poser des questions
étranges et précises mais très embarrassantes et indiscrètes.
Bianca et Michele vont petit à petit devenir amants.
L'étrangeté
de Michele se déploie sous des aspects divers et le film devient le
miroir de son cerveau malade. Michele a de nombreuses obsessions,
celle de se mêler de la vie des gens, de venir chez eux leur donner
des leçons de vie (la voisine adultère, un de ses élèves
amoureux). Il s'incruste chez les gens comme si c'était normal. Il
adore plus que tout manger du nutella et, surtout, a inventé toute
une théorie sur les chaussures que portent les gens. Tout cela ne
serait rien si une série de morts ne venait mettre la puce à
l'oreille du commissaire qui est persuadé que Michele est l'auteur
de ces crimes. Il faut dire que sa voisine volage et un couple de ses
amis sont morts étranglés. Toutes les valeurs de Michele sont
inversées, comme si son personnage s'était échappé de la galerie
de monstres du Fantôme de la liberté de Luis Buñuel. Un
fascinant portrait de pervers narcissique.
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