mercredi 25 novembre 2015

La Messe est finie (Nanni Moretti, 1985)

 
C'est étonnant comme Nanni Moretti réussit à paraître inquiétant avec son sourire. Contrairement à Bianca (1984), son film précédent, l'acteur réalisateur ne porte pas de barbe et ni de cheveux mi-longs dans La Messe est finie, ce qui le rend encore plus jeune qu'il ne l'était alors (32 ans) et son sourire d'autant plus visible. Le film commence et se termine par un mariage que Giulio, le personnage de prètre qu'incarne Nanni Moretti célèbre. Une fois la cérémonie finie, Giulio s'embarque dans la même barque que les nouveaux mariés, salue longuement les villageois qu'il quitte définitivement avec un très large sourire pour démarrer une nouvelle vie dans une nouvelle cure : dans une église dans la ville de ses parents.

Sans intrigue réelle, le film suit le curé dans ses rencontres avec des gens qu'il connait très bien et d'autres qu'il découvre. Ses parents sont ravis de le revoir, mais le père va s'aventurer dans une liaison avec une femme bien plus jeune. Sa sœur est enceinte d'un homme qui passe sont temps à photographier des bouquetins mais veut avorter, « si tu fais ça, je te tue et je me tue ensuite », lui répond Giulio. Son voisin n'est autre que l'ancien curé, défroqué, papa gâteau, qui passe son temps à vouloir l'inviter à manger. Et les amis d'adolescence qui sont tous restés là, l'un s'est plongé dans le terrorisme, un autre convoque tous ses amis pour leur dire qu'il refuse de les revoir, un troisième voudrait devenir prètre comme Giulio.

On dirait que c'est Giulio, tel un personnage pasolinien à la Théorème, qui réveille les démons de chacun qu'il va écouter. Giulio vit paradoxalement un isolement total une fois qu'il se retrouve entouré de tous ceux qu'il connait, même son église est déserte. Giulio erre dans tous les lieux. Chez ses parents, il traverse les pièces en glissant tel un gamin cherchant à reproduire les gestes de son enfance. A la cure, il est désarçonné pour donner des conseils aux futurs mariés, tout autant qu'il est incapable de jouer au foot avec les enfants. Rien n'y fait, ce passé et ces gens qu'il chérissait n'existe plus. Pour que son sourire cesse d'être inquiétant, Giulio devra en passer par l'épreuve la plus difficile, la mort définitive de son enfance.












Aucun commentaire: