Le
comédien Harvey Fierstein n'est pas très connu. Au cinéma, il a
joué, entre autres, dans Madame
Doubtfire, Coups
de feu sur Broadway et dans
Independance Day où il était
le premier personnage à être tué par ces saloperies d'aliens. En
revanche, il est très célèbre, au moins aux Etats-Unis, pour ses
spectacles sur Broadway. Il a créé au début des années 1980 Torch
song trilogy qu'il a adapté
pour le cinéma. L'artisan Paul Bogart s'est chargé de réaliser le
film où Arnold, le double cinématographique d'Harvey Fierstein,
s'adresse au public dans sa loge. Droit dans les yeux du spectateur,
il va évoquer une dizaine d'années de sa vie amoureuse et
professionnelle.
Arnold,
la trentaine, est un drag queen. Il joue dans un cabaret le
personnage de Virginia Hamn, sorte de vamp à la longue robe noire et
au regard de feu. Puis vient la voix, éraillée par toutes les
cigarettes fumées, une vois d'hommes qui a beaucoup vécu. Après la
scène, Arnold va dans les bars gays de New York. L'action commence
en 1971, deux après les émeutes de Stonewall. Contrairement à son
collègue, le jovial Murray (Ken Page), il n'ose pas aller draguer.
Arnold est un gars un peu mélancolique, à l'opposé de son
personnage de Virginia, flamboyant et qui ose aller vers les hommes.
Arnold attend qu'un homme lui tombe tout cru sur les genoux.
Torch
song trilogy, comme son titre
l'indique bien, est composé de trois parties où trois hommes vont
entrer dans sa vie. Le premier est Ed (Brian Kerwin), un grand blond
qu'il rencontre dans ce bar. Tout démarre sur les chapeaux de roue,
les deux amants aux caractères bien opposés, roucoulent dans la
chambre, mais Arnold met du temps à présenter Ed à ses amis du
cabaret, comme s'il pensait que cette histoire n'était pas pour lui.
Et puis, Arnold surprend Ed avec un femme, Laurel (Karen Young). Ed
va l'épouser et se considérer comme bisexuel. Arnold, exigeant et
éreintant, restera de longs mois célibataires, toujours à attendre
qu'il l'appelle.
Le
deuxième homme est Alan (Matthew Broderick), un étudiant qui vient
en 1973 au cabaret avec deux amis qui se comportent mal. Il
s'évanouit, Arnold le fait dormir chez lui et Alan file le lendemain
matin. Mais c'est pour mieux revenir deux jours plus tard, le sourire
aux lèvres pour conquérir Arnold qui se demande bien ce qu'il
pourrait faire avec un jeune comme lui. La partie avec Alan est à la
fois la plus romantique, tout se passe bien entre eux, ils envisagent
d'adopter un enfant, et la plus tragique. Matthew Broderick, avec sa
bonne bouille, sortait tout juste du succès de La
Folle journée de Ferris Bueller,
il est parfait en jeune amoureux transi.
Le
troisième homme est David (Eddie Castrodad) un adolescent qu'Arnold
a adopté en 1980. Entre temps, Ed s'est séparé de sa femme et
vient loger chez son ancien amant en attendant. La dernière partie
voit l'arrivée de la mère d'Arnold (Anne Bancroft), une mère juive
comme on voit si souvent au cinéma. Entière, possessive et
destructrice. C'est sans doute la partie la plus théâtrale, celle
où Arnold peut enfin dire tout ce qu'il pense d'elle à sa mère qui
ne la jamais compris. Pour ensuite passer à autre chose, après ce
geste d'adieu que cette mère fait à son fils sur le perron de
l'immeuble. Harvey Fiersten met un tel enthousiasme et une telle
sincérité dans son récit très personnel que tout passe.
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