Ce
qui s'est passé dans la petite ville de Silver Springs, tout le
monde en parle mais Budd Boetticher ne le montrera jamais. Sept
hommes à abattre commence sous la pluie, ce qui n'est pas commun
pour un western, avec son personnage principal qui arrive de dos dans
le cadre. Il se dirige avec fermeté vers une grotte où se trouvent
deux hommes. Il demande une tasse de café. Ils commencent à évoquer
Silver Springs, les visages des deux hommes s'assombrissent, celui
qui leur fait face (Randolph Scott) les jauge. Les revolvers sont
dégainés. En son off, des coups de feu se font entendre, seul le
personnage de Randolph Scott sort tenant les deux chevaux des deux
hommes.
Le
lendemain, sur son chemin, il aperçoit une carriole embourbée et un
couple qui tente de la sortir de là. Notre héros taiseux va se
présenter à eux. Il est Ben Stride. Ils sont les époux Greer, elle
Anna (Gail Russell), belle jeune femme aux yeux bleus, lui John
(Walter Breed). Ce qui étonne Stride chez ces deux pionniers qui
traversent l'Amérique, c'est le choix de leur trajet. Pas
franchement une ligne droite, au contraire, ils doivent passer par la
ville de Flora Vista. Quand Greer dit qu'il est passé par Silver
Springs, Stride décide de les accompagner, d'autant que des Indiens
rôdent dans les parages, des Indiens pas commodes.
A
ce stade du récit, on ignore le passé de Stride. Il va ressurgir
avec l'arrivée de Masters (Lee Marvin) et de son acolyte Clete (Don
Barry). Masters dévoile le passé de Stride. Il a été shérif de
Silver Springs pendant 12 ans. Il a été battu aux élections. Sa
fierté l'a poussé à refuser le poste de shérif adjoint et sa
femme s'est mise à travailler pour la Wells & Fargo. Sept
bandits ont commis un braquage et dérobé 20000 $ en or à la Fargo.
Ils ont aggravé leur forfait en assassinant l'épouse de Stride.
Même sans son étoile, il poursuit les bandits. Il en a déjà tué
deux, ceux de l'ouverture du film. En chemin, il en tuera un
troisième. Il en reste quatre qui ont rendez-vous à Flora Vista.
Masters,
avec son grand sourire narquois et son foulard vert, est un grand
bavard, toujours à dire ce qu'il pense. Clete, clope au bec, ne dira
pas un mot de tout le film, mais il sort son flingue à la moindre
occasion. Masters, un ancien bandit que Stride a arrêté deux fois,
reconnaît bien le regard que lance ce dernier à Anna. Regard
réciproque qui en dit long. Dans une scène d'une grande force, Budd
Boetticher filme la vieille rancune entre Masters et Stride, avec des
gros plans sur chaque personnage, où Masters démontre qu'Anna est
éprise de Stride et que Greer n'est qu'un lâche de ne pas réagir.
La tension est à son maximum.
Lee
Marvin, tout en suavité, vole la vedette à Randolph Scott, un peu
pataud dans son rôle de justicier inflexible. La roublardise du
personnage de Lee Marvin lui confère paradoxalement une sympathie
qui fait défaut aux autres protagonistes. Le duo qu'il forme avec
Clete est d'une irrésistible drôlerie. Le verbe haut, l'ironie au
coin des lèvres, il prend en charge le récit du film dans sa
deuxième moitié, une fois qu'il a quitté la caravane des Greer. Il
a toujours un ou deux coups d'avance sur Stride. Enfin, le croit-il.
Le rythme du film passe alors à la vitesse supérieure et les
événements s'enchaînent dans une flopée de rebondissements.
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