lundi 11 janvier 2016

Sept hommes à abattre (Budd Boetticher, 1956)

Ce qui s'est passé dans la petite ville de Silver Springs, tout le monde en parle mais Budd Boetticher ne le montrera jamais. Sept hommes à abattre commence sous la pluie, ce qui n'est pas commun pour un western, avec son personnage principal qui arrive de dos dans le cadre. Il se dirige avec fermeté vers une grotte où se trouvent deux hommes. Il demande une tasse de café. Ils commencent à évoquer Silver Springs, les visages des deux hommes s'assombrissent, celui qui leur fait face (Randolph Scott) les jauge. Les revolvers sont dégainés. En son off, des coups de feu se font entendre, seul le personnage de Randolph Scott sort tenant les deux chevaux des deux hommes.

Le lendemain, sur son chemin, il aperçoit une carriole embourbée et un couple qui tente de la sortir de là. Notre héros taiseux va se présenter à eux. Il est Ben Stride. Ils sont les époux Greer, elle Anna (Gail Russell), belle jeune femme aux yeux bleus, lui John (Walter Breed). Ce qui étonne Stride chez ces deux pionniers qui traversent l'Amérique, c'est le choix de leur trajet. Pas franchement une ligne droite, au contraire, ils doivent passer par la ville de Flora Vista. Quand Greer dit qu'il est passé par Silver Springs, Stride décide de les accompagner, d'autant que des Indiens rôdent dans les parages, des Indiens pas commodes.

A ce stade du récit, on ignore le passé de Stride. Il va ressurgir avec l'arrivée de Masters (Lee Marvin) et de son acolyte Clete (Don Barry). Masters dévoile le passé de Stride. Il a été shérif de Silver Springs pendant 12 ans. Il a été battu aux élections. Sa fierté l'a poussé à refuser le poste de shérif adjoint et sa femme s'est mise à travailler pour la Wells & Fargo. Sept bandits ont commis un braquage et dérobé 20000 $ en or à la Fargo. Ils ont aggravé leur forfait en assassinant l'épouse de Stride. Même sans son étoile, il poursuit les bandits. Il en a déjà tué deux, ceux de l'ouverture du film. En chemin, il en tuera un troisième. Il en reste quatre qui ont rendez-vous à Flora Vista.

Masters, avec son grand sourire narquois et son foulard vert, est un grand bavard, toujours à dire ce qu'il pense. Clete, clope au bec, ne dira pas un mot de tout le film, mais il sort son flingue à la moindre occasion. Masters, un ancien bandit que Stride a arrêté deux fois, reconnaît bien le regard que lance ce dernier à Anna. Regard réciproque qui en dit long. Dans une scène d'une grande force, Budd Boetticher filme la vieille rancune entre Masters et Stride, avec des gros plans sur chaque personnage, où Masters démontre qu'Anna est éprise de Stride et que Greer n'est qu'un lâche de ne pas réagir. La tension est à son maximum.

Lee Marvin, tout en suavité, vole la vedette à Randolph Scott, un peu pataud dans son rôle de justicier inflexible. La roublardise du personnage de Lee Marvin lui confère paradoxalement une sympathie qui fait défaut aux autres protagonistes. Le duo qu'il forme avec Clete est d'une irrésistible drôlerie. Le verbe haut, l'ironie au coin des lèvres, il prend en charge le récit du film dans sa deuxième moitié, une fois qu'il a quitté la caravane des Greer. Il a toujours un ou deux coups d'avance sur Stride. Enfin, le croit-il. Le rythme du film passe alors à la vitesse supérieure et les événements s'enchaînent dans une flopée de rebondissements.
















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