mardi 5 janvier 2016

Soigne ta droite (Jean-Luc Godard, 1986)

Puisque à peu près personne (je parle des textes des quotidiens et des journaux en ligne et en kiosque) ne l'a écrit, il faut le rappeler, Michel Galabru n'a pas seulement tourné dans Le Gendarme de Saint-Tropez, dans Le Juge et l'assassin ou dans Subway, il était aussi dans Soigne ta droite l'un des films les plus étranges de Jean-Luc Godard. Assez peu vu, rarement cité par les exégètes, ce film de 1986 réunit à son casting toute une kyrielle de vedettes comiques de l'époque, soit Michel Galabru dans le rôle de l'Amiral un pilote d'avion qui emmène Jean-Luc Godard, Eva Darlan, Philippe Khorsand à Hollywood pour y emmener des bobines de films à la Banque incarnée par Dominique Lavanant. On trouve aussi éparpillés dans les méandres du film, Jacques Villeret, Jane Birkin, Rufus, Pauline Lafont et François Périer.

Soigne ta droite fait partie de ces films de Godard avec une chouette distribution de stars, comme il en faisait dans les années 1980 : Sauve qui peut (la vie), Jacques Dutronc / Isabelle Huppert / Baye, Passion, Isabelle Huppert / Michel Piccoli / Hanna Schygulla, Détective, Nathalie Baye / Johnny Hallyday / Claude Brasseur. Cette fois, Jean-Luc Godard se presse encore moins d'élaborer un scénario et compose un film à sketches à tendance burlesque avec comme thème commun, le cinéma, sa fabrication et son commerce. On y croise un scénariste (Villeret) qui cherche à vendre son histoire à un producteur (Périer) qui ne veut jamais des thèmes proposés. Un cinéaste (Godard) qui porte ses bobines 35mm (« ce qui est le plus lourd quand on fait un film, c'est de porter les bobines »), la Banque (Lavanant) qui veut acheter ce film intitulé « Une place sur la terre ».

Godard fagoté comme Jacques Tati dans Playtime (le titre du film rappelle Soigne ton gauche un court-métrage de Tati et Godard mime une scène de boxe en ouverture de film) se jette dans une voiture, tombe par terre avec ses bobines, se fait rabrouer à l'aéroport. Mais son personnage surnommé Le Prince garde toujours un sourire benêt, reste constamment poli et il est d'accord avec tout le monde. François Périer, dans une voix off quasi constante, et Michel Galabru déclament des textes d'auteurs. La musique est celle des Rita Mitsouko qui sont en train d'écrire et d'enregistrer leur album The No Comprendo. Godard abandonne sa passion pour le classique et pose des extraits des chansons du groupe, extraits en construction, inaboutis sur lesquels Chichin et Ringer se chamaillent gentiment. La fragmentation, visuelle, sonore et scénaristique n'est pas encore celle que Godard explorera à partir de Nouvelle vague et jusqu'à maintenant, mais elle est très amusante.

Captures d'écran effectuées à partir du DVD édité par Gaumont en 2010.

















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