Les
liens entre David Bowie et le cinéma durent depuis 45 ans. Le
chanteur britannique, après quelques petits rôles secondaires, a
été le premier rôle de L'Homme qui venait d'ailleurs de
Nicolas Roeg en 1976. Cheveux roux, regard halluciné, il incarnait un
extra-terrestre qui débarquait sur notre planète pour sauver la
sienne. Science fiction minimaliste et surréaliste. En 1978, il fait
sortir de sa retraite, le temps d'une scène, Marlene Dietrich dans
le totalement inconnu Gigolo de David Hemmings (ce sera le
dernier rôle de l'actrice). Son grand corps lascif fera merveille
dans Les Prédateurs le premier film de Tony Scott en 1981.
Puis, ce sont des courtes apparitions dans divers films, pour
Jonathan Demme (Série noire pour nuit blanche, 1985), pour
Jim Henson (Labyrinthe, 1986), pour Martin Scorsese (La
Dernière tentation du Christ, 1988), pour David Lynch (Twin
Peaks, Fire walk with me, 1992).
Son
véritable coup de maître en tant qu'acteur sera son personnage dans
Furyo de Nagisa Oshima en 1983. Le film du cinéaste japonais,
également interprété et scénarisé par Takeshi Kitano, se déroule
dans un camp de soldats prisonniers des Japonais. Les cheveux teints
en blond, il doit affronter un officier japonais incarné par Ryuichi
Sakamoto. Leurs rapports prennent un tournant violemment amoureux. On
se souviendra du baiser furieux qu'ils échangent comme de ce plan
énigmatique où David Bowie est enterré jusqu'à la tête. Dans un
tout autre registre, il a fait une très courte apparition dans
Zoolander de Ben Stiller (2001), le temps d'une scène devenue
culte (le terme n'est pas galvaudé), celle du « défi-défilé »
des deux mannequins stupides. Entre ces deux films, il s'est grimé
(une habitude chez lui) en Andy Warhol dans Basquiat de Julian
Schnabel.
En
1998, Todd Haynes sortait Velvet Goldmine, passionnante
relecture de l'aventure glam rock. David Bowie avait été
l'inspirateur du scénario, mais il a fait un procès aux producteurs
pour toutes les allusions personnelles soient retirées. Les chansons
de David Bowie sont présentes dans de nombreux films, souvent pour
illustrer des scènes d'envolée lyrique (Bird people de
Pascale Ferran), des scènes de grande joie amoureuse (Le Monde de
Charlie de Stephen Chbosky), des scènes de winner (Foxcatcher
de Bennett Miller, Rush de Ron Howard avec la chanson Fame).
Dans le Top 5, on trouve Heroes, A Space Oddity, Life on Mars, Modern
Love et Rebel Rebel. Pour un cinéaste, parfois en manque
d'inspiration, c'est le moyen rêvé de faire passer son message.
David
Bowie a aussi composé la musique de sa comédie musicale Absolute
beginners pour le film de Julien Temple en 1986 dans lequel il
avait un court rôle. Le film a fait un énorme flop mais la BO s'est
vendu comme des petits pains. David Bowie et le cinéma, c'est aussi
la chanson d'Isabelle Adjani écrite par Serge Gainsbourg « Beau
oui, comme Bowie ». Et il ne faut pas oublier qu'il est le père
du cinéaste Duncan Jones, auteur à ce jour de Moon (2009),
de Source code (2011) et de Warcraft (2016). David Bowie s'est éteint lundi 11 janvier 2016, il avait 69 ans.
De haut en bas, L'Homme qui venait d'ailleurs, Furyo, La Dernière tentation du Christ, Basquiat et Zoolander.
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