Demain
Tom Hardy jouera les deux jumeaux Kray dans Legend
de Brian Helgeland. 25 ans plus tôt, Peter Medak et son scénariste
Philip Ridley (la crème du cinéma indépendant britannique des
années Thatcher) mettaient en scène l'histoire de Reggie et Ronnie
Kray, nés en 1934 (dans le film). Ils étaient joués par deux
frangins, Martin et Gary Kemp (qui ne sont pas jumeaux), membres
fondateurs du groupe de pop Spandau Ballet (ah ! True et son
solo de saxophone, toute une époque).
Avant
que les frères Kemp n'apparaissent dans le film, Les
Frères Krays s'attache à
montrer leur enfance en commençant avec l'accouchement de leur mère
Violet (Billie Whitelaw), dans une scène en noir et blanc. Entourée
de ses sœurs et de sa mère, elle va élever ces deux jumeaux, des
enfants qu'elle couve et qu'elle préfère à leur aîné Charlie.
Violet est aveugle d'amour devant ses fils, disant en voix off en fin
de film, qu'ils sont parfaits.
L'enfance
se passe dans un quartier pauvre de Londres. Reggie et Ronnie vont à
l'école où leur caractère impétueux les rend différents des
autres élèves. Au collège, ils étonnent leur professeur de
littérature en affirmant que crocodile
est leur mot préféré. Leur tante Rose, qu'ils adorent, leur avait
offert des jouets, des crocodiles articulés. A l'armée, ils
refusent d'obéir aux ordres stupides de leur sergent. C'est dans la
prison militaire qu'un homme leur dit qu'il aura besoin d'eux pour
faire quelques coups fumants.
Et
ces coups fumants de petite frappe, va les mener à diriger une boite
de nuit dans le Londres des années 1960. Ils sont beaux dans leur
costume cravate et font la fierté de leur maman qui ne quittera
jamais son appartement, mais verra son train de vie augmenter. Ses
fistons lui offrent des manteaux de fourrure et lui organisent de
belles fêtes dans leur club select. Dans les coulisses de la boite,
Ronnie fait régner la terreur à qui ose le contredire.
En
revanche, dans la maison familiale, ce sont les femmes qui dirigent
tout. Violet, la mère, n'a pas la langue dans sa poche. Son mari,
qu'elle juge paresseux, n'a qu'à bien se tenir. Violet a deux sœurs,
Rose et May, avec qui elle aime prendre le thé. Leur mère, qui
affirme que les hommes sont des enfants, se joint à elles. Violet
adore apporter du thé et des biscuits à ses fils lorsqu'ils
tiennent des réunions à l'étage. Une salle pleine d'hommes à qui
les jumeaux, surtout Ronnie, donnent des ordres pour faire tourner
les affaires et supprimer les concurrents.
Les
jumeaux sont des animaux au sang froid. Peter Medak use de la
métaphore du crocodile pour appuyer la psychologie des deux frères.
Reggie offrira même en cadeau de fiançailles une broche en
crocodile et Ronnie aura comme animal de compagnie un serpent. Le
cinéaste place des miroirs partout dans le cadre, pour bien
illustrer son thème du double. Les jumeaux se regardent sans cesse
dans les reflets, comme pour s'assurer qu'ils sont toujours deux même
quand ils sont seuls.
Cette
fiancée de Reggie s'appelle Frances (Kate Hardie), une fille de
bonne famille. Son père voit d'un mauvais œil cette union. Ronnie a
un petit ami, Steve (Gary Love), leur liaison est moquée par un des
concurrents du gang. Reggie traite Frances comme une poupée, lui
offrant robes et bijoux. Elle étouffe. Ronnie ne traite guère mieux
Steve à qui il reproche son choix de chaussures ou de costumes quand
bien même c'est son amant qui lui les a achetés, comme lui fait
remarquer Steve.
L'épopée
des frères Kray dure quelques années. Peter Medak observe avec
acuité ces indigents devenir fous quand ils sont devenus riches.
Ronnie et Reggie aiment se battre, parfois entre eux (ils
s'affrontent sur un ring), souvent sans raison (Ronnie tranche la
bouche d'un pauvre homme). Les scènes de baston ne sont pas les
meilleures du film et les deux acteurs ont parfois un peu de mal à
ne pas surjouer la colère. Si l'on est pas allergique aux symboles
au cinéma, on y trouve son compte.
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