Avec
The
Crimson kimono, Samuel
Fuller s'intéresse à la communauté asiatique qui vit aux
Etats-Unis et filme son polar dans un beau noir et blanc au format
cinémascope. Il a aussi changé de studio, quitté la Fox et
travaille désormais pour la Columbia. Charlie (Glenn Corbett) et Joe
(James Shigeta) sont deux policiers de Los Angeles. Ils se sont
rencontrés lors de la guerre de Corée. Ils vivent désormais
ensemble dans un coquet appartement, dont ils disent eux-mêmes, pour
lequel ils dépensent tout leur salaire en décoration et meubles
pour en faire un nid douillet. Joe et Charlie sont un couple
tranquille qui va être perturbé par l’arrivée de Chris (Victoria
Shaw) dans leur vie. Charlie croyait que c’était un homme et est
très étonné de comprendre que ce peintre est une femme. Chris
pourrait aider à retrouver l’assassin. Charlie reçoit aussi les
conseils de Mac (Anna Lee), qui boit du whisky à la bouteille et se
comporte comme un homme.
Dans
The
Crimson kimono, Samuel
Fuller prend un malin plaisir à filmer un triangle amoureux en le
cryptant à la fois de notions sur la race (Joe le Japonais est
persuadé qu’une Américaine blanche ne peut pas l’aimer) et de
notions sur l’homosexualité des deux flics, bien plus précises et
amusantes que dans La Maison de
bambou. Chris est le
personnage qui va séparer les deux flics qui vivent une vie de
couple bien rangée. La manière dont ils sont filmés au saut du
lit, se battant au kendo – le bâton symbole phallique – puis,
tout en sueur, tenter de s’expliquer en se regardant les yeux dans
les yeux avec des dialogues à double sens, procurent des moments
très savoureux. En filmant cette ambiguïté sexuelle pourtant
évidente, le film met aussi le doigt sur les discriminations
raciales aux Etats-Unis à la fin des années 1950. Le film de Samuel
Fuller est tout à la fois un flm criminel où les deux limiers
résolvent une enquête qu'un pamphlet politique en brisant les
recommandations du code Hays de la censure hollywoodienne.
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