Je
ne sais pas pourquoi j'ai tant attendu pour aller voir Le
Garçon et la bête, pourtant,
j'aime bien les autres films de Mamoru Hosoda. C'est en tout cas le
meilleur film d'animation japonaise que j'ai vu depuis un bon bout de
temps (largement meilleur que les derniers Ghibli). Et en plus, il
prend comme schéma de base celui de Le Fils du désert de John
Ford ou Tokyo godfathers
de Satoshi Kon, un enfant pris en charge par trois marginaux.
Ce
garçon s'appelle Ren. Il a neuf ans, sa mère vient de mourir et son
père avait quitté le foyer familial depuis des années. Plutôt que
d'aller dans une famille d'accueil (dont on verra jamais les visages
de ses membres quand ils lui parlent de sa future vie chez eux), Ren
préfère s'enfuir dans les rues bondées de Tokyo. En short et en
t-shirt, le gamin erre, hurlant son désespoir au milieu des passants
« je vous déteste tous ».
Alors
qu'il se réfugie dans une impasse pour grignoter, il rencontre une
créature minuscule, une petite boule blanche qu'il adopte et appelle
Chico. C'est sa première étape vers le Merveilleux. Pourchassé par
des policiers, Ren se cache mais il remarqué par la bête, une sorte
de loup au pelage rouge qui a décidé de trouver un disciple parmi
les humains. Ce loup s'appelle Kumatetsu, il est accompagné d'une
autre bête, un singe nommé Tatara.
Il
leur suffit désormais de passer de notre monde, ce Tokyo
contemporain à celui des bêtes, tout aussi grouillant mais peuple
uniquement d'animaux qui ont le don de la parole. Et à propos de
langage, celui de Kumatetsu est des plus fleuris. Un caractère de
feu, comme son pelage. La bête n'est pas commode, c'est au contraire
un gueulard à la mauvaise réputation. Son ambition est de devenir
le seigneur de sa contrée, Jutengai.
Son
adversaire principal est un sanglier nommé Iozen, aussi calme que
Kumatetsu est excité. Ce dernier défie le premier, mais il est
rapidement défait dans ce combat où le loup géant se laisse
dominer par son manque de concentration. Le seigneur de Jutengai, un
lapin aux longues moustaches exige que Kumatetsu forme un disciple.
Ce sera donc Ren, qui refuse dans un premier temps, et qui se fait
renommer Kyuta.
La
formation de Kyuta par ce gros patapouf incompétent de Kumatetsu
procure de joyeux moments de comédie. La bête aidée du singe et
d'un bonze à l’apparence de cochon (ces trois marginaux dont je
parlais plus haut) vont aider, chacun à leur manière, Kumatetsu à
faire de Kyuta un disciple. Qui est le plus immature des deux, voilà
la question qu'on peut se poser tant le garçon comme la bête sont
terriblement têtus et infantiles.
L'humour
cède la place à un film plus sombre après un périple où le trio
et le garçon rencontrent d'autres seigneurs. Kyuta grandit, devient
adulte et ressent le besoin de revenir au Japon. C'est un nouvel
apprentissage qui commence avec la rencontre d'une lycéenne, Kaede,
qui lui apprend à lire (le film est un éloge de la lecture,
notamment Moby Dick) et à vivre parmi les humains. Kyuta redevient
Ren et tente de rencontrer son père.
Comme
dans les films précédents de Mamoru Hosoda, La Traversée du temps, Summer wars ou Les Enfants loups, les deux
univers s'interpénètrent, se répondent et se complètent. Cette
fois, le cinéaste harmonise mieux les passages entre les deux
mondes, tout comme les registres, comédies, aventures et action,
rêverie et réalité. Et ce qui est extraordinaire dans ce film
épatant et sans mièvrerie, c'est qu'on ne sent jamais les deux
heures passer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire