Avant
l'invention de la télévision, les actualités du monde contemporain
étaient données dans les salles de cinéma. Paul Verhoeven reprend
cet élément et l'intègre en ouverture de Robocop.
Son idée est de donner des informations concrètes sur le monde
qu'il entend dépeindre. Ni tout à fait le même, on est dans une
sorte de science fiction, un futur très proche où la technologie
des armes à pris le dessus sur le reste, ni tout à fait différent,
le film se déroule à Detroit autant en proie aux gangs tueurs de
flics que dans Le Flic de
Beverly Hills. Les
présentateurs de ce JT balancent quelques news sanguinolantes avec
un grand sourire avant d'être coupés par des publicités (pour un
jeu de société Nuken – guerre atomique, ou des cœurs en
plastic).
Une
ville en proie aux crimes, et particulièrement à l'encontre des
flics. L'auteur de ces forfaits est un certain Clarence Boddicker
(Kurtwood Smith) et sa bande, tous des affreux ricanant le sourire
aux lèvres tels des hyènes. Paul Verhoeven, avec son sens constant
de l'ironie, compare ces malfrats avec les dirigeants de OCP, une
énorme corporation aux activités multiples. L'un de ces dirigeants,
justement nommé Dick Jones (Ronny Cox) présente un cyborg censé
enrayer le crime. Pas de chance, la machine grossière (à la fois
dans sa conception et dans son animation) abat l'un des cadres. Il
n'en faut pas plus à Morton (Miguel Ferrer) pour doubler Dick et
proposer au grand patron son propre projet, un cyborg composé à
partir d'un flic qui viendrait à mourir. Il a trois mois pour ce
projet.
Ce
cyborg sera créé sur le corps de Murphy (Peter Weller). Murphy est
marié et père d'un garçon. Pour lui, il a appris ce mouvement
circulaire pour ranger son revolver. Murphy est nouveau dans le
commissariat situé dans le quartier où OCP veut construire un
immense complexe de logements et bureaux. L'une des raisons pour
lesquelles OCP veut nettoyer la zone. Le capitaine du commissariat
(Robert DoQui) est forcément bougon, d'autant que ses flics menacent
de faire grève, et lui assigne Anne Lewis (Nancy Allen) pour
partenaire. Pas de chance pour Murphy, il se fait canarder par la
bande de Clarence dès son premier jour de boulot, lors d'une
patrouille de routine. Les salopards lui éclatent la main au
flingue, puis lui font exploser le bras et finissent par le cribler
de balles. Lewis ne peut rien pour le sauver. Murphy est déclaré
mort.
L'une
des plus belles séquence de Robocop
est celle de la transformation de Murphy en cyborg, en ce personnage
qu'est Robocop. Tout est filmé du point de vue de Murphy, un
personnage mort qui ne dira pas un mot. Il observe les chirurgiens
l'opérer, mais son regard est celui d'un écran d'ordinateur,
pixelisé et quadrillé. Murphy voit le temps passer, il voit ces
gens fêter la nouvelle année après un bon coup d'alcool. Comme
l'arrivée d'un monstre dans un film d'horreur, Paul Verhoeven
prendra son temps pour montrer Robocop, il s'agit pour lui de
suggérer son existence pour enfin le montrer, non pas encore
directement, mais dans un reflet de miroir. Le spectateur est comme
ces flics du commissariat qui se pressent pour enfin découvrir leur
nouveau collègue qui va, lors de ses premières patrouilles,
débusquer les malfrats avec une redoutable efficacité.
Robocop
est la propriété de OCP, ce qui veut dire qu'il n'existe plus en
tant que Murphy, c'est compter sans sa mémoire qui va lui revenir
comme un boomerang et sans compter sur Lewis qui reconnaît son geste
pour ranger son revolver. Le temps de la vengeance froide comme un
robot et viscérale comme le cœur de Murphy a commencé. Paul
Verhoeven soigne particulièrement ses méchants, à la fois
l'ignoble Dick Jones, homme d'affaires sans scrupule et véreux, que
Clarence, à l'apparence de gentil bonhomme qui se voit défigurer au
visage par Robocop. Il dépeint une société gangrenée par une
idéologie totalitaire, par une télévision d'une rare stupidité et
par un affairisme niant toute humanité. Cette société est certes
futuriste, mais elle est autant une métaphore de Hollywwod qui a si
mal accueilli le cinéaste que celle des Etats-Unis présidés par
Ronald Reagan. Pour résumer : un chef d’œuvre de Paul
Verhoeven.
1 commentaire:
Cher Jean,
Murphy est interprété par Peter Weller et non James Woods.
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