mardi 23 mai 2017

Mermaid (Stephen Chow, 2016)

Les sirènes existent, c'est vrai puisque Stephen Chow le dit dans son dernier film tout simplement titré Mermaid. Non pas une seule sirène mais toute une population, hommes, femmes, enfants, de tous les âges. Ils habitent, en secret depuis des siècles, dans une petite île au large des côtes chinoises. C'est justement à cet endroit que le millionnaire Liu Xua (Deng Chao) a décidé de construire un parc de loisirs et pour cela, il a acheté cette île des milliards de dollars.

La zone est protégée, pas de soucis pour le millionnaire qui se moque de la nature. Il fait installer des sonars dans la mer pour éloigner les dauphins et autres animaux marins. Stephen Chow lance son film avec des images de destruction de la planète, pollution, déforestation sur la musique de Fist of fury, histoire de placer Mermaid sous le signe de la fable écologique et de la métaphore du western, les millionnaires qui s'unissent, tels des cow-boys (parmi ces gens Tsui Hark, qui vient faire un coucou) et les sirènes seront les Indiens.

Pour l'instant, c'est le temps de la comédie comme Stephen Chow sait en concocter. Il commence par la visite d'un musée d'histoire naturelle. Les visiteurs sont médusés devant la pauvreté et la fausseté des pièces présentées. Une grosse lampe est placée devant un dinosaure en jouet et l'ombre est censée représenter le T-Rex. Le patron du musée est un hilarant tocard obligé de se déguiser lui-même en sirène dans sa baignoire quand les visiteurs protestent devant le hareng saur sur le corps d'une poupée, c'était sa sirène initiale.

Cela permet de prolonger avec la peuplade des sirènes cantonnée dans un paquebot échoué et emménagé par leurs soins, un lieu de vie fait de bric et de broc. Loin d'être des canons de beauté (comme la légende l'aurait laissé imaginer), les sirènes sont à l'image du groupe des visiteurs, mais aussi de tous les déclassés des films précédents de Stephen Chow, les pauvres hères de la porcherie de Crazy kung-fu, les footballeurs ratés de Shaolin soccer. Une société de gens certes unis mais tellement incompétents et maladroits.

Trois personnages se distinguent parmi ces bras cassés. La grand-mère (Zhang Mei-e), ancêtre des sirènes qui avait épousé jadis un Mandarin, un îlot de sagesse au milieu de tous ces crétins. Pieuvre (Show Lo), jeune blond à dreadlocks qui lui n'est pas une sirène mais une pieuvre mâle et qui dirige la troupe pour assassiner Liu Xua. Pour cela, il envoie Shan (Jelly Lin) sur la terre ferme pour le séduire. Bien évidemment, puisqu'on est d'abord et avant tout dans une comédie, Shan est une grande timide qui va bien avoir du mal à séduire cet arrogant qu'est Liu Xua.

Je vous passe comment Shan réussit à marcher, comment elle parvient à contacter Liu Xua et pourquoi ce dernier entonne une chanson de Bruce Lee. La naïveté et la candeur de Shan sont ses atouts et à l'opposé total de Ruo-lan (Zhang Yu Qi), la partenaire dans le crime du millionnaire. D'abord adversaire, Ruo-lan s'est ensuite alliée avec Liu Xua et compte bien exterminer les sirènes (avec un savant anti-écolo américain, ces blancs sont de vrais diables). La part sombre de Stephen Chow est là, dans ce massacre des sirènes aux armes automatiques d'une violence inouïe.

La part claire de Stephen Chow, les gags les plus drôles, est d'abord dans les tentatives de tuer le millionnaire qui se soldent toutes par des échecs cuisants. Pieuvre se déguise en cuisinier de teppanyaki, coupe et cuit ses propres tentacules. Plus tard, Liu Xua va à la police déclarer l'existence des sirènes, les flics hilares dessinent des portraits robots les plus invraisemblables possibles au grand désarroi du millionnaire qui ne comprend pas qu'on puisse douter de sa parole. Alors que nous, on sait bien que les sirènes existent puisque Stephen Chow les a filmées.
























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