Tous
les deux ans, la douce musique de Hirokazu Kore-eda vient faire un
petit tour dans les salles de cinéma. Ça fait près de deux
décennies (dès After life réalisé en 1995 et sorti en
2000) que je suis fidèle au cinéaste et cette année Après la
tempête (sélectionné au Festival de Cannes l'an dernier mais
parait-il totalement passé inaperçu, un an à sortir tout de même).
Hiroshi Abe incarne aujourd'hui cette douceur, avec ses grands yeux,
sa haute taille, son teint hâlé, son personnage de Ryota Shinoda
est décrit dans les moindres détails dans toute la première
partie.
Sa
première apparition est celle de l'infraction dans le petit
appartement de sa mère, la minuscule Yoshiko (Kirin Kiki) – c'est
d'ailleurs à elle qu'est consacrée la séquence d'ouverture dans un
rôle classique de mémé cuisinière préparant de bons petits plats
– où Ryota fouille partout à la recherche d'objets à vendre,
d'argent. Il trouve finalement des billets de loterie que feu son
père avait achetés. Mais dès que la maman arrive, il fait comme si
de rien n'était. Cette recherche constante d'argent donnera une
jolie scène comique, la sœur de Ryota cache dans les placards des
messages à l'intention du frangin où il est écrit « hé non,
pas d'argent ici ».
Ryota
a jadis été un jeune écrivain, son seul titre de gloire. Depuis la
sortie de son premier roman, couronné de succès et d'un prix
littéraire, il végète. Maintenant, il exerce le métier de
détective privé, prétendument pour les besoins de son futur
bouquin, se mettre en immersion, en tout c'est ce qu'il raconte à
son patron, à son ex-femme, à sa mère. Détective franchement
douteux comme on le constate dans une séquence face à une femme
adultère à qui, avec son jeune collègue, il propose un marché,
évidemment rémunéré, pour faire disparaître les photos
compromettantes et piéger le mari.
Son
activité lui permet aussi de surveiller son ex-femme, Kyoko (Yoko
Maki). Elle a trouvé un nouveau compagnon et ce dernier l'accompagne
aux matchs de baseball du fils de Ryota. Shingo (Yoshizawa
Taiyo), garçon
d'une dizaine d'années, très timide, secret et peu sûr de lui.
Ryota ne voit son fils qu'une fois par mois. Jaloux de la place de ce
nouveau compagnon, il veut offrir un gant de baseball au gamin, mais
il a été pris de court. Il lui achètera des chaussures à crampon,
enfin, s'il réussit à trouver de quoi les payer. Il va taxer son
collègue puis perdre tout son argent aux courses (ici, pas des
chevaux mais des cyclistes).
Et
cette tempête ? Le typhon N°23 (oui, c'est son petit nom) est
annoncé en début de film, il se passe quelques jours et nuits avant
que le N°24 n'arrive à Tokyo. Yoshiko demande à son fils de mettre
à l'abri le mandarinier. Tout la petite troupe va se réunir dans le
petit appartement de la grand-mère : la fille et sa famille, le
fils, son ex-femme et Shingo. C'était le jour où le père et le
fils ont passé la journée ensemble, acheter ces fameuses chaussures
(l'enfant voulait les moins chères mais le père prend les
meilleures), ils jouent à la loterie, ils flânent.
La
deuxième heure de Après la tempête se déroule en une seule
nuit dans ce minuscule logement où la cuisine est si petite qu'il
faut baisser la tête quand Yoshiko ouvre son placard. La vieille
dame, voyant le typhon arriver, installe un futon pour passer la nuit
(Kyoko ne veut pas le partager avec Ryota). Là, l'admirable douceur
de Hirokazu Kore-eda reprend son cours, la tendresse du père pour
son fils, tous deux vont affronter le typhon, Kyoko et Yoshiko
s'expliquent sans heurts mais avec fermeté. Ainsi après la tempête,
une vie apaisée peut commencer.
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