Les
deux personnages principaux de Journey
to the West : conquering the demons,
d’une part Chen Xuanzhang (Wen Zhang) et d’autre part Duan (Shu
Qi) se rencontrent dans un petit village de pêcheurs où un homme
vient de se faire avaler par un démon aquatique. Un prêtre taoïste
prétend pouvoir le chasser. Armé de son sabre de bois, il lance
dans le lac une bombe qui fait exploser une raie géante montrée
comme ce démon. Il reçoit un joli paquet d’argent de la part des
villageois qui voient en lui un sauveur. Seulement voilà, Chen
Xuanzhang débarque à ce moment-là, affirme que le démon est
encore là, contredit le taoïste et donc le village qui préfère
croire le charlatan.
Notre
homme est attaché et, bien entendu, le démon poisson attaque et
dévore d’autres victimes, y compris la petite fille du premier
homme chassé. C’est à ce moment précis, tandis qu’il tente de
leur donner des conseils sur le monstre, que Duan apparait et vient à
sa rescousse. Chacun est un chasseur de démons, mais aux méthodes
bien différentes. Duan est pour la méthode forte, attaquer et
détruire le démon puis récupérer l’argent, Chen Xuanzhang est
moins vénal, croit à la rédemption des monstres et leur chante des
comptines enfantines, suivant la discipline de son gentil sifu,
un gros chauve portant perruque.
Cette
séquence d’introduction (un quart d’heure quand même) est une
magnifique ouverture de film. Les effets spéciaux sont maîtrisés,
le comique est varié (situation avec la bêtise des villageois, gags
visuels sur les trognes des personnages), suspense, action. Tout
concours à faire de cette première partie, d’une beauté
sidérante, un sommet de mise en scène. Le plus formidable dans
Journey
to the West : conquering the demons
est que cette beauté formelle
se poursuit avec la rencontre d’un autre démon (un cochon qui tue
ses victimes dans le restaurant qu’il tient), d’abord présenté
comme un homme au si doux sourire, se déplaçant comme dans un opéra
chinois.
Deuxième
rencontre entre Chen Xuanzhang et Duan, deuxième séparation. Et
encore une troisième attaque de démons dans la forêt, et une
nouvelle galerie de personnages hauts en couleurs, à la fois les
comparses de Duan dans un tank extravagant et d’autres chasseurs de
démons prétentieux et vaniteux. Le pouvoir comique est à son
paroxysme, Stephen Chow et Derek Kwok ironise sur la légende, en
fait le commentaire critique en montrant des personnages peu
glorieux. On retrouve les acteurs de Crazy
kung-fu, Xing Yu, Chiu
Chi-Ling et Chrissie Chow en atout beauté.
Cette
nouvelle adaptation de la Pérégrination
vers l'ouest marquait le
retour de Stephen Chow au cinéma après plusieurs années d'absence.
Comme il en a l'habitude dans tous ses films, la romance qui se noue
tout au long du film entre Chen Xuanzhang et Duan est inévitable.
Leurs méthodes dans la traque des démons s’oppose autant que leur
vision de l’amour (physique contre spirituelle). Elle quémande
sans cesse un baiser qu’il lui refusera chaque fois, prétendant
vouloir accéder à l’amour suprême. Duan a comme arme magique un
anneau qui se démultiplie et qui fait exploser les démons, elle
fera de cet anneau une bague pour Chen Xuanzhang, bague qu’il
refusera de porter par stricte obédience au bouddhisme.
Le
problème pour Duan est que Chen poursuit sa quête, celle du titre
du film, de convertir les démons en bonne personne, donnant un film
un aspect de récit initiatique mais aussi de description de la
jeunesse du personnage de Tripitaka (Chen possédant toutes se
facultés). La rencontre avec le roi singe (Huang Bo), prisonnier
depuis cinq siècles dans une caverne, va transformer le récit en
orgie d’effets spéciaux plus proche des jeux vidéo actuels que de
la poésie bigarrée vue jusqu’à présent. On sent l’intention
du duo de cinéastes de reproduire, en plus fort, en plus sombre et
en plus long, la séquence finale de Crazy
kung-fu (Huang Bo est
d’ailleurs coiffé comme Bruce Leung).
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