lundi 22 mai 2017

Journey to the West : conquering the demons (Stephen Chow & Derek Kwok, 2013)

Les deux personnages principaux de Journey to the West : conquering the demons, d’une part Chen Xuanzhang (Wen Zhang) et d’autre part Duan (Shu Qi) se rencontrent dans un petit village de pêcheurs où un homme vient de se faire avaler par un démon aquatique. Un prêtre taoïste prétend pouvoir le chasser. Armé de son sabre de bois, il lance dans le lac une bombe qui fait exploser une raie géante montrée comme ce démon. Il reçoit un joli paquet d’argent de la part des villageois qui voient en lui un sauveur. Seulement voilà, Chen Xuanzhang débarque à ce moment-là, affirme que le démon est encore là, contredit le taoïste et donc le village qui préfère croire le charlatan.

Notre homme est attaché et, bien entendu, le démon poisson attaque et dévore d’autres victimes, y compris la petite fille du premier homme chassé. C’est à ce moment précis, tandis qu’il tente de leur donner des conseils sur le monstre, que Duan apparait et vient à sa rescousse. Chacun est un chasseur de démons, mais aux méthodes bien différentes. Duan est pour la méthode forte, attaquer et détruire le démon puis récupérer l’argent, Chen Xuanzhang est moins vénal, croit à la rédemption des monstres et leur chante des comptines enfantines, suivant la discipline de son gentil sifu, un gros chauve portant perruque.

Cette séquence d’introduction (un quart d’heure quand même) est une magnifique ouverture de film. Les effets spéciaux sont maîtrisés, le comique est varié (situation avec la bêtise des villageois, gags visuels sur les trognes des personnages), suspense, action. Tout concours à faire de cette première partie, d’une beauté sidérante, un sommet de mise en scène. Le plus formidable dans Journey to the West : conquering the demons est que cette beauté formelle se poursuit avec la rencontre d’un autre démon (un cochon qui tue ses victimes dans le restaurant qu’il tient), d’abord présenté comme un homme au si doux sourire, se déplaçant comme dans un opéra chinois.

Deuxième rencontre entre Chen Xuanzhang et Duan, deuxième séparation. Et encore une troisième attaque de démons dans la forêt, et une nouvelle galerie de personnages hauts en couleurs, à la fois les comparses de Duan dans un tank extravagant et d’autres chasseurs de démons prétentieux et vaniteux. Le pouvoir comique est à son paroxysme, Stephen Chow et Derek Kwok ironise sur la légende, en fait le commentaire critique en montrant des personnages peu glorieux. On retrouve les acteurs de Crazy kung-fu, Xing Yu, Chiu Chi-Ling et Chrissie Chow en atout beauté.

Cette nouvelle adaptation de la Pérégrination vers l'ouest marquait le retour de Stephen Chow au cinéma après plusieurs années d'absence. Comme il en a l'habitude dans tous ses films, la romance qui se noue tout au long du film entre Chen Xuanzhang et Duan est inévitable. Leurs méthodes dans la traque des démons s’oppose autant que leur vision de l’amour (physique contre spirituelle). Elle quémande sans cesse un baiser qu’il lui refusera chaque fois, prétendant vouloir accéder à l’amour suprême. Duan a comme arme magique un anneau qui se démultiplie et qui fait exploser les démons, elle fera de cet anneau une bague pour Chen Xuanzhang, bague qu’il refusera de porter par stricte obédience au bouddhisme.

Le problème pour Duan est que Chen poursuit sa quête, celle du titre du film, de convertir les démons en bonne personne, donnant un film un aspect de récit initiatique mais aussi de description de la jeunesse du personnage de Tripitaka (Chen possédant toutes se facultés). La rencontre avec le roi singe (Huang Bo), prisonnier depuis cinq siècles dans une caverne, va transformer le récit en orgie d’effets spéciaux plus proche des jeux vidéo actuels que de la poésie bigarrée vue jusqu’à présent. On sent l’intention du duo de cinéastes de reproduire, en plus fort, en plus sombre et en plus long, la séquence finale de Crazy kung-fu (Huang Bo est d’ailleurs coiffé comme Bruce Leung).























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