Nominé
aux Oscars (pour le meilleur documentaire), diffusé fin avril sur
Arte, I am not your negro
sort aujourd'hui en salle. Je crois que le titre en anglais est
préférable au français, negro
n'est pas nigger
donc pas nègre,
c'est un léger détail sémantique. D'ailleurs, dès le début du
film James Baldwin oppose au terme negro
que donne le présentateur blanc qui l'interroge pour la télévision
le mot black.
Aujourd'hui on dirait African-American,
ce qui n'empêche pas d'employer à nouveau black
comme les images des manifestations Black Lives Matters, que Raoul
Peck, inclut parmi ses éléments d'archive.
Le
beau texte que James Baldwin avait écrit est lu par Joeystarr (dans
la version française, sa voix est un peu sourde, pas toujours
évident de tout comprendre). Ce texte de 30 pages avait été envoyé
à son éditeur et devait servir d'amorce à un livre plus important
consacré à trois figures des années 1960 : Medgar Evers,
Malcolm X et Martin Luther King Jr, tous les trois assassinés,
respectivement en 1963, 1965 et 1968. Tous avaient moins de 40 ans.
James Baldwin n'a jamais pu écrire ce livre et c'est Raoul Peck crée
ce livre en film soit le portrait des Noirs américains, de leur
longue histoire, des ces 400 ans depuis la traite des esclaves
jusqu'à l'élection de Barack Obama.
C'est
un film dense, bourré d'images d'archive, notamment des conférences
de Baldwin qu'il donnait cigarette à la main, d'extraits d'émission
télé comme cette discussion contradictoire entre Malcolm X et
Luther King, le premier accusant le second d'être un Oncle Tom
moderne, ce à quoi le pasteur répond que seuls la non-violence et
l'amour peuvent amener la libération. Et ce sont des photos
terribles prises dans les états du sud où une jeune femme se fait
insulter par des Blancs qui arborent un immense sourire devant leur
violence. On découvre une publicité hallucinante qui rappelle que
les Noirs sont aussi des consommateurs, même s'ils n'ont pas les
mêmes droits.
Ce
que pointe avec une grande habileté James Baldwin est qu'il a
toujours été difficile pour un Noir de se construire une image.
C'est là que le cinéma intervient. Baldwin reconnaît dans la danse
de Joan Crawford dans Dance
fool dance (1931) des pas et
mouvements typiques des Noirs. Les héros sont tous blancs et les
rares personnages noirs sont falots (le personnage de Sidney Poitier
dans Devine qui vient dîner
était détesté). Hollywood
devait rassurer. « Ils ne peuvent pas se permettre de
comprendre pourquoi les victimes se révoltent » affirme James
Baldwin, tout l'idée du film est résumée dans cette pensée
claire, simple et nette.
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