Stephen
Chow, crédité comme scénariste et producteur, confie à Tsui Hark
la réalisation de Journey into the West : The demons strike
back. Quelle bonne idée que ces deux-là s'allient enfin. C'est
une vraie fausse suite (des deux protagonistes du précédent voyage,
seule Su Qi est mentionnée, elle apparaît avec des extraits de
Journey to the West : conquering the demons et à la
toute fin) avec comme héros le petit moine Tang (Kris Wu) qui voit
ses rêves sans cesse confrontés à la réalité.
Dans
ses rêves, le moine est un géant adoré par une peuplade de
lilliputiens qui virevoltent autour de lui, qui le vénèrent. Le
moine rêve être arrivé sur la terre natale de Bouddha et on lui
offre une auréole pour sa sagesse. Quand il se réveille, il est
confronté à une toute autre réalité, celle d'un cirque un peu
minable, pleines de créatures difformes et monstrueuses. Tang n'est
pas le géant il s'imagine être. Vêtu de haillons, maladroit et
hésitant, il attend quelques spectateurs pour conter ses
pérégrinations.
Deux
spectatrices un peu revêches donnent deux pauvres pièces aux
moines. De la même manière que le tocard dans Mermaid
présentait son faux musée, Tang tire les rideaux pour découvrir
ses trois compagnons de voyage. Trois monstres, trois animaux humains
au tempérament volcanique. Pigsy (Yang Yeiwei), visage blanc pour
masquer sa nature de cochon, Sandy (Mengke Bateer), l'homme poisson
aux dents acérées et le Roi Singe (Lin Gengxin) capricieux et
malicieux, il n'en fait qu'à sa tête.
Dans
le rêve, il est leur maître, dans la réalité, ils font exactement
que ce qu'ils veulent. C'est dans cette ambivalence, ces
contradictions que le film de Tsui Hark glisse son humour. Le moine
Tang a beau dire qu'ils ne sont pas des artistes de cirque mais des
chasseurs de démon, les spectateurs s'attendent à des acrobaties.
Le Roi Singe refuse d'obéir au moine de faire quelques cabrioles et
s'en va détruire tout le campement, les roulottes valdinguent en
l'air et s'écrasent sur les gens du cirque médusés, sous le
sourire narquois du singe.
Quand
le moine Tang pense avoir raison, le Roi Singe ne cesse de le
contredire. Le premier est affable mais parfois sévère (il fouette
le singe sans compassion mais regrette de devoir le faire), le second
a des visions des démons. Tang, à la recherche d'eau, frappe à la
porte d'une immense demeure, une splendide jeune femme (Claudia Wang)
l'accueille et l'invite. Le spectateur a découvert dans la séquence
précédente qu'elle est un démon sous forme d'araignée, là encore
la réalité avance masquée.
Cette
séquence bourrée d'effets spéciaux ultra colorés annonce le gros
morceau du film, l'arrivée en Inde où Tang rêvait de se rendre. Il
est reçu, en grande pompe, par la Ministre (Yao Chen) au rire
constant. Son arrivée dans le film se fait sous le signe de la
magie, donc du faux, mais un faux volontairement de pacotille qui ne
cache pas ses effets, une magie sans effets spéciaux, bien au
contraire, Tsui Hark montre tous les trucs avec une belle ironie,
tels ces passants qui lèvent tout à coup des fleurs quand la
Ministre a donné sa formule magique.
Tout
cela mène au palais du Roi (Bao Beier), un souverain qui a
transformé sa cour en cour de récréation, à la puérilité
embarrassante. Encore une fois, le gentil moine ne décèle pas les
démons que le Singe voit clairement, repérant tout ce qui se cache
derrière les apparences. Quand le personnage de la concubine
Felicity (Jelly Lin) est offerte par le Roi au moine, le Singe
cherche à toute force à convaincre qu'elle est, elle aussi, un
démon. Tous les talismans lui diront le contraire mais il n'en
démordra pas.
Tsui
Hark est ici dans sa veine grandiloquente, celle des deux Detective
Dee, avec une touche d'excentricité Les combats sont tous
numériques, plein de feux et de furie, de créatures biscornues, de
Bouddhas géants, de Singe gigantesque (hommage à King Kong). Après
un déluge d'effets spéciaux, de gags bon-enfants et de coups de
théâtre narratifs fort roboratifs, Tsui Hark et Stephen Chow
apparaissent dans une scène post générique, ils sont dans une
salle de cinéma et invitent les spectateurs à partir en disant
qu'il n'y a pas de scène post générique.
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