Trois
remarquables chorégraphies de combat divisent en autant de parties
Man on high heels et
marquent l'évolution de Yoon (Cha Seung-won), flic au visage fermé
qui, du haut de sa grande taille, rentre dans une boîte de nuit
bondée où les jeunes dansent sur de la techno soft. Habillé tout
en noir, Yoon se fait fouiller par les vigiles, un détecteur de
métal sonne à son bras droit comme à sa jambe gauche, chaque fois,
il montre ses cicatrices et explique que ce sont des plaques de
métal.
Cet
homme bionique, comme le surnomment ses collègues flics, va aller
tabasser sans pitié mais avec brutalité, une dizaine de gars dans
l'arrière-salle de la discothèque, avec pour unique arme un
six-coups donné par une complice. Avec le plus grand calme, il
grimpe sur la table et commence à dézinguer les sbires à grands
coups de pieds et poing, suivi par la caméra de Jang Jin, filmant au
plus près du corps de son héros mutique au regard d'une insondable
mélancolie. Yoon arrive enfin devant le parrain qu'il frappe
copieusement.
C'est
un flic brutal et violent, typique de certains polars du cinéma
coréen. Le chef de Yoon ne sermonne pas son policier, au contraire
quand l'avocat du mafieux vient porter réclamation, il défend les
méthodes musclées de Yoon, feignant l'innocence de son flic qui
aurait forcément montré ses papiers, aurait évidemment présenté
son mandat, aurait uniquement frappé en cas de légitime défense.
Ce regard si triste trouvera rapidement une explication dans la vie
privée de Yoon. La double personnalité de Yoon ne fait que
commencer à être révélée.
Man
on high heels aurait pu se
contenter de dépeindre deux vies, flic ultra-viril le jour, femme en
devenir la nuit, toute l’ambiguïté du personnage est cependant
résumée dans une courte scène : comment admirer ses ongles
vernis ? En refermant sa main en forme de poing (l'homme) ou en
étendant ses doigts (la femme), tout le reste n'est que la
répétition de la scène initiale, un combat sous une pluie battante
avec comme arme un parapluie pour finir avec un affrontement habillé
en femme où il détruit ses adversaires. Son temps libre, il le
consacre à des visites à un club travesti.
Le
film est considérablement alourdi par le flash-back sur l'enfance de
Yoon, sur ses sentiments pour un de ses camarades d'école, sur les
humiliations subies à cette époque et sur cette serveuse de bar qui
l'aide et semble tomber amoureuse de lui. Le cinéaste n'ose pas
pousser les possibles attirances pour Yoon de deux personnages
centraux. Celle du jeune collègue policier comme celle du frère du
patron de la pègre qui s'incruste dans l'appartement de Yoon, chacun
réagissant étrangement à la découverte de la féminité de Yoon,
enfin appelé par son prénom Ji-wook.
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