mardi 9 mai 2017

Man on high heels (Jang Jin, 2014)

Trois remarquables chorégraphies de combat divisent en autant de parties Man on high heels et marquent l'évolution de Yoon (Cha Seung-won), flic au visage fermé qui, du haut de sa grande taille, rentre dans une boîte de nuit bondée où les jeunes dansent sur de la techno soft. Habillé tout en noir, Yoon se fait fouiller par les vigiles, un détecteur de métal sonne à son bras droit comme à sa jambe gauche, chaque fois, il montre ses cicatrices et explique que ce sont des plaques de métal.

Cet homme bionique, comme le surnomment ses collègues flics, va aller tabasser sans pitié mais avec brutalité, une dizaine de gars dans l'arrière-salle de la discothèque, avec pour unique arme un six-coups donné par une complice. Avec le plus grand calme, il grimpe sur la table et commence à dézinguer les sbires à grands coups de pieds et poing, suivi par la caméra de Jang Jin, filmant au plus près du corps de son héros mutique au regard d'une insondable mélancolie. Yoon arrive enfin devant le parrain qu'il frappe copieusement.

C'est un flic brutal et violent, typique de certains polars du cinéma coréen. Le chef de Yoon ne sermonne pas son policier, au contraire quand l'avocat du mafieux vient porter réclamation, il défend les méthodes musclées de Yoon, feignant l'innocence de son flic qui aurait forcément montré ses papiers, aurait évidemment présenté son mandat, aurait uniquement frappé en cas de légitime défense. Ce regard si triste trouvera rapidement une explication dans la vie privée de Yoon. La double personnalité de Yoon ne fait que commencer à être révélée.

Man on high heels aurait pu se contenter de dépeindre deux vies, flic ultra-viril le jour, femme en devenir la nuit, toute l’ambiguïté du personnage est cependant résumée dans une courte scène : comment admirer ses ongles vernis ? En refermant sa main en forme de poing (l'homme) ou en étendant ses doigts (la femme), tout le reste n'est que la répétition de la scène initiale, un combat sous une pluie battante avec comme arme un parapluie pour finir avec un affrontement habillé en femme où il détruit ses adversaires. Son temps libre, il le consacre à des visites à un club travesti.

Le film est considérablement alourdi par le flash-back sur l'enfance de Yoon, sur ses sentiments pour un de ses camarades d'école, sur les humiliations subies à cette époque et sur cette serveuse de bar qui l'aide et semble tomber amoureuse de lui. Le cinéaste n'ose pas pousser les possibles attirances pour Yoon de deux personnages centraux. Celle du jeune collègue policier comme celle du frère du patron de la pègre qui s'incruste dans l'appartement de Yoon, chacun réagissant étrangement à la découverte de la féminité de Yoon, enfin appelé par son prénom Ji-wook.
















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