mercredi 1 février 2017

The Hit (Stephen Frears, 1984)

En ce mois de février, j'ai bien envie de revoir quelques films de Stephen Frears, j'aime (presque) tous ses films. En une sorte d'hommage à John Hurt décédé le 28 janvier, j'ai regardé The Hit, second « premier » film du cinéaste britannique, 13 ans après Gumshoe et une longue carrière à la télévision. A sa sortie française, The Hit était sous-titré « le tueur était presque parfait » dans une variation dédiée au cinéma d'Alfred Hitchcock. On retrouve d'ailleurs deux plans typiques du maître du suspense, ces immenses plongées au dessus des personnages, telle une vision divine.

Ces personnages sont menés par Braddock (John Hurt), complet blanc intégral, lunettes noires sur les yeux, le tueur à gages c'est lui. Il débarque pour éliminer sa cible Willie Parker (Terence Stamp). The Hit commence par un court flash-back, un procès 12 ans plus tôt (justement au moment du premier long-métrage de Stephen Frears). Parker a donné ses anciens complices pour avoir une peine plus légère. Derrière le box, ils commencent à entonner une chanson qui annonce, clairement, que leur vengeance viendra, un jour ou l'autre.

Willie Parker s'est réfugié en Espagne, dans le sud ensoleillé. Il vit tranquillement, fait son marché, se promène en vélo, avec un garde du corps dépêché récemment par la police espagnole. Il sait bien que la chape de plomb plane au dessus de sa tête, que le chef du casse commis en Angleterre va bientôt être libéré et qu'il va partir à la chasse au Parker. Il sait que la fin est proche, paradoxalement, Willie conserve son petit sourire énigmatique, un sourire qui ne va jamais cesser de gêner Braddock quand il fait abattre le garde du corps et kidnappe Willie.

Le sinistre Braddock (jamais un sourire, jamais une émotion) est accompagné par un apprenti tueur qui répond au doux prénom de Myron (Tim Roth). Comme le remarque Parker, Myron n'est pas franchement un prénom de tueur à gages et il ironise gentiment sur ce jeune blond en basket et jeans, lunettes d'aviateur sur le nez. Tout l'inverse de Braddock. Myron est un petit excité avec son flingue en main quand Braddock est un grand calme qui dégaine rarement, le premier dit tout ce qui lui passe par la tête, le deuxième pense beaucoup.

Le trio commence un long road-movie à travers l'Espagne. Tout devait bien se passer mais assez vite un grain de sable enraille la machine bien huilée lancée par Braddock. A Madrid, il font escale dans un appartement où il récupère Maggie (Laura Del Sol) la maîtresse espagnole d'un agent de liaison de la pègre. Le voyage continue à quatre personnages, suivis de près par la police diligentée par Fernando Rey qui arrive toujours après, relevant les traces laissées par Braddock et Myron, un mort, une bagarre, un vol de voiture.

Du sud de l'Espagne jusqu'à la frontière basque, Stephen Frears filme ce quatuor contraint et forcé de cohabiter dans une bagnole. Willie Parker conservera sa bonne humeur ce qui irritera ses kidnappeurs, il ne cherchera même pas à s'échapper quand il sera laissé seul, que Myron s'endort et Braddock s'absente un moment. Parker infuse les rapports entre le jeune et son aîné, les personnages sont subtilement dessinés, dès le départ, avec un sens immédiat du portrait qui sera la marque de fabrique, le génie de Stephen Frears.


















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