En
ce mois de février, j'ai bien envie de revoir quelques films de
Stephen Frears, j'aime (presque) tous ses films. En une sorte
d'hommage à John Hurt décédé le 28 janvier, j'ai regardé The
Hit, second « premier » film du cinéaste
britannique, 13 ans après Gumshoe et une longue carrière à
la télévision. A sa sortie française, The Hit était
sous-titré « le tueur était presque parfait » dans une
variation dédiée au cinéma d'Alfred Hitchcock. On retrouve
d'ailleurs deux plans typiques du maître du suspense, ces immenses
plongées au dessus des personnages, telle une vision divine.
Ces
personnages sont menés par Braddock (John Hurt), complet blanc
intégral, lunettes noires sur les yeux, le tueur à gages c'est lui.
Il débarque pour éliminer sa cible Willie Parker (Terence Stamp).
The Hit commence par un court flash-back, un procès 12 ans
plus tôt (justement au moment du premier long-métrage de Stephen
Frears). Parker a donné ses anciens complices pour avoir une peine
plus légère. Derrière le box, ils commencent à entonner une
chanson qui annonce, clairement, que leur vengeance viendra, un jour
ou l'autre.
Willie
Parker s'est réfugié en Espagne, dans le sud ensoleillé. Il vit
tranquillement, fait son marché, se promène en vélo, avec un garde
du corps dépêché récemment par la police espagnole. Il sait bien
que la chape de plomb plane au dessus de sa tête, que le chef du
casse commis en Angleterre va bientôt être libéré et qu'il va
partir à la chasse au Parker. Il sait que la fin est proche,
paradoxalement, Willie conserve son petit sourire énigmatique, un
sourire qui ne va jamais cesser de gêner Braddock quand il fait
abattre le garde du corps et kidnappe Willie.
Le
sinistre Braddock (jamais un sourire, jamais une émotion) est
accompagné par un apprenti tueur qui répond au doux prénom de
Myron (Tim Roth). Comme le remarque Parker, Myron n'est pas
franchement un prénom de tueur à gages et il ironise gentiment sur
ce jeune blond en basket et jeans, lunettes d'aviateur sur le nez.
Tout l'inverse de Braddock. Myron est un petit excité avec son
flingue en main quand Braddock est un grand calme qui dégaine
rarement, le premier dit tout ce qui lui passe par la tête, le
deuxième pense beaucoup.
Le
trio commence un long road-movie à travers l'Espagne. Tout devait
bien se passer mais assez vite un grain de sable enraille la machine
bien huilée lancée par Braddock. A Madrid, il font escale dans un
appartement où il récupère Maggie (Laura Del Sol) la maîtresse
espagnole d'un agent de liaison de la pègre. Le voyage continue à
quatre personnages, suivis de près par la police diligentée par
Fernando Rey qui arrive toujours après, relevant les traces laissées
par Braddock et Myron, un mort, une bagarre, un vol de voiture.
Du
sud de l'Espagne jusqu'à la frontière basque, Stephen Frears filme
ce quatuor contraint et forcé de cohabiter dans une bagnole. Willie
Parker conservera sa bonne humeur ce qui irritera ses kidnappeurs, il
ne cherchera même pas à s'échapper quand il sera laissé seul, que
Myron s'endort et Braddock s'absente un moment. Parker infuse les
rapports entre le jeune et son aîné, les personnages sont
subtilement dessinés, dès le départ, avec un sens immédiat du
portrait qui sera la marque de fabrique, le génie de Stephen Frears.
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