C'est
le plus fameux et connu des courts-métrages de Luc Moullet, un
pseudo documentaire sur la ville de Foix, chef-lieu de l'Ariège.
J'utilise le terme de pseudo documentaire parce que le cinéaste,
depuis le milieu des années 1980, traite sur un ton ironique et
satirique certains sujets a priori bien banals. En une quinzaine de
minutes, il analyse, il critique, il épuise tous les possibles du
sujet choisi. Le chien dans L'Empire de Médor, les centres
commerciaux dans Toujours plus, les tracas du quotidien dans
Essai d'ouverture ou Le Litre de lait. Luc Moullet
utilise sa voix traînante pour faire les commentaires, et il donne
de sa personne en testant les objets. Sses films sont souvent
amusant, bien vus, cocasses et montrent l'absurdité de notre monde.
Finalement, ce que font aujourd'hui certains youtubers n'est pas
différent.
Dans
Foix, Luc Moullet ne commente pas lui-même. Il cède sa place
à un homme à la voix plus neutre. Et paradoxalement, cela décuple
la satire. Le procédé est simple : une succession de plans de
la ville de Foix sur lesquelles on entend cette voix qui décrit ce
qu'il voit. Mais le commentaire, qui apparaît de prime abord comme
issu du syndicat d'initiatives local, devient, petit à petit, de
plus en plus emphatique. Ainsi, sur le plan d'un immeuble moderne en
béton à côté d'une vieille bâtisse, la voix indique l'harmonie
entre l'ancien et le nouveau. Il se moque d'une entrée d'immeuble
inaccessible. Il note que les lycéens doivent passer par l'entrée
du parking de l'hôpital. Ou encore, il s'étonne des bouchons dignes
de ceux de Paris. Tout est à l'avenant. Cela est gentiment méchant,
de bien mauvaise foi, mais rappelle que le cinéma est d'abord une
affaire de montage entre le son et l'image. Il va sans dire que le
maire (PS) de l'époque n'a pas vraiment rigolé devant Foix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire